Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

IVe-Ve siècle ap. J.-C. ?

H. 5 cm ; L. 12,7 cm ; P. max. 1 cm

Os, scapula de bœuf ?

Co. 2177

Commentaire

Etat de conservation

Cassée en partie supérieure, l’applique de couleur beige clair, présente également un éclat sur le bord inférieur. La face principale, marquée par un fendillement de la matière osseuse, conserve encore d’abondants sédiments. On remarque aussi dans les parties fortement incisées, une substance blanche non liée, d’épaisseur irrégulière. Les trabécules, qui tapissent le revers, emprisonnent beaucoup de sédiments et de petites concrétions. Deux soulèvements ont pu être mis en évidence.

Description

Personnifiant différents aspects de la mer pourvoyeuse de bienfaits, les Néréides, issues de l’union du dieu Nérée et de l’Océanide Doris, apparaissent fréquemment allongées sur la croupe ou le dos d’un monstre marin, voguant ainsi à la surface de l’onde. La créature aquatique, à demi-étendue, est ici tournée vers la droite. Cette attitude se retrouve précisément, sur près d’une quinzaine d’éléments de placage en os, appartenant à la collection du musée Rodin. C’est dire si ce schéma iconographique devait être populaire à la fin de l’Antiquité, et particulièrement adapté aux plaquettes os façonnées à partir de diaphyses d’os longs, ou d’os plats de bovidés. Nue, à l’exception d’un pan d’étoffe recouvrant la cuisse droite, la Néréide a le buste légèrement redressé. Il est fort probable que cette figure souscrivait au thème de la velificatio. Elle devait, en effet, retenir de sa main droite, son péplos enflé par le vent, décrivant un arc-de-cercle autour de sa tête, comme sur les pièces Co. 2070 et Co. 2209 du musée Rodin, ou sur le spécimen découvert à Alexandrie à l’emplacement de l’ancien Cinéma Majestic (RODZIEWICZ 2007, n° 17 p. 71-72, pl. 9, pl. 90-3 ; RODZIEWICZ 2016, p. 87, fig. 86 p. 89). Le poids de son corps semble reposer sur son bras gauche, appuyé peut-être sur la queue de sa monture.

 

La scène a pour particularité d’être délimitée par une bordure, formant un léger ressaut en partie inférieure. On remarque le même détail sur l’applique fragmentaire 22146 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 153 p. 114, pl. 46g). Celle-ci entretient également, avec la nôtre, des affinités stylistiques : une approche graphique du sujet, une simplification des modelés des chairs, une géométrisation du bras gauche, et une raideur de l’attitude, particulièrement perceptible dans la ligne du dos de la jeune femme. Certaines de ces caractéristiques se lisent aussi sur l’exemplaire Co. 5633 du musée Rodin. Le corps de la Néréide étonne par ses déformations anatomiques : taille très resserrée et hanches larges. Un pan du voile semble retomber sous la Néréide en des plis agencés de façon symétrique. Mais l’étoffe, loin d’être soigneusement sculptée comme sur le fragment Co. 2203, n’est que suggérée. Bien que L. Marangou renvoie au IIIe siècle pour l’exemple athénien mentionné ci-dessus, il convient sans doute, en raison d’une certaine stylisation des formes de notre pièce, de proposer une production au cours du IVe siècle, voire au début du Ve siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 22146.

-Paris, musée Rodin, Co. 5633.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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