Applique de mobilier

Néréides

Égypte > provenance inconnue

IVe-Ve siècle ap. J.-C. ?

H. 3,7 cm ; L. 12 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia de bœuf

Co. 2167

Commentaire

Etat de conservation

Brisée sur le côté dextre et en partie inférieure, l’élément d’applique, de couleur crème, est largement fragilisé au revers, par des fissures courant dans le sens de la longueur. Sur la face principale, une fente horizontale est observable entre les mains des Néréides, accompagnée d’un soulèvement stable. Les parties incisées, comme les trabécules du dos, conservent encore des sédiments.

Description

Cette composition rassemble deux Néréides, aux corps en grande partie tronqués, en raison de la cassure. Si l’association de la figure du Triton à l’une des filles de Nérée semble plus fréquente sur les appliques en os, un certain nombre de ces placages convoque aussi plusieurs créatures féminines jouant à la surface de l’onde. La nymphe sculptée sur la partie dextre de la plaquette effectue un mouvement de torsion. Sans doute orientée vers sa compagne, elle pivote violemment la tête vers l’arrière. Son bras droit semble tendre une couronne à la seconde jeune femme. À demi-étendue, cette dernière orientée vers la droite, détourne également la tête. Ses postures contrariées semblent avoir été particulièrement affectionnées par les spécialistes de l’os et de l’ivoire qui les ont adoptées de façon presque systématique pour les membres du thiase marin ou dionysiaque.

 

La Néréide allongée correspond à un schéma iconographique très courant sur cette catégorie de mobilier. Près d’une quinzaine appliques du musée Rodin le décline avec quelques variantes. Alors qu’elle s’appuyait sans doute sur la queue de l’animal marin qui la supportait, la Néréide retenait de sa main droite, son voile gonflé par la brise marine. Une attitude similaire est affichée par la naïade sculptée sur l’applique 18749 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 166 p. 116, pl. 49b). Sur notre œuvre, l’étoffe retombe en deux volutes sous la main et le bras droit de la divinité. La Néréide porteuse de couronne rencontre quelques occurrences dans le corpus des appliques en os : deux fragments de l’Albertinum Museum de Dresde (PAGENSTECHER 1913, n° 3-9 p. 233, pl. LVII-3, 9), les reliefs 18756 (MARANGOU 1976, n° 141 p. 112, pl. 44c), et 18757 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 159 p. 115, pl. 48a ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 340 p. 182-183, 301, pl. 89), un fragment mis au jour à Aboukir (BRECCIA 1926, pl. LIV-3), la plaque en ivoire découverte à Eleutherna (VASILIADOU 2011, p. 68, fig. 4 p. 191). C’est toutefois sur une pièce en os conservée au musée d’Ismaïlia (Is. 577, n°465), que nous reconnaissons une Néréide saisie dans une pose identique à celle de notre relief.

 

La facture n’est pas aussi soignée que sur l’applique du musée égyptien. Les têtes inclinées offrent des profils à la ligne simplifiée et des nuques raides. Couronnés de chevelures attachées en chignon, les visages accueillent un petit œil en léger relief. Le corps de la Néréide de droite se caractérise par des bras plutôt lourds qui contrastent avec un buste étroit. Le dessin de la couronne est aussi extrêmement schématique. Cette tendance à la stylisation, malgré une certaine maîtrise des attitudes, invite à placer la réalisation de notre œuvre au IVe-Ve siècle.

 

Marquage

Au dos de l’applique, 29 marqué au crayon rouge, sur la face interne du bord supérieur.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18749 (attitude de la Néréide située à droite).

-Ismaïlia, musée des Antiquités, Is. 577 (Néréide tenant une couronne).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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