Applique de mobilier

figure de femme drapée

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

H. 8,4 cm ; L. 3,8 cm ; P. max. 1,8 cm

Os, humérus droit de bœuf

Co. 2115

Commentaire

Etat de conservation

Manquent les bords dextre et inférieur. La face principale offre une couleur ivoirine, mais une tonalité ambrée couvre le revers, et le côté senestre. Seuls le chant sommital et le bord senestre sont conservés. Des taches ocre clair se distinguent sur la face et le dos de la pièce, accompagnés de marques noires. Les creux emprisonnent encore des sédiments.

Description

Légèrement déhanchée, la jeune femme tourne la tête vers la droite. Elle porte un chiton ceinturé sous la poitrine. Drapé en biais, il dégage le sein droit. Un himation est enroulé au niveau des hanches. Il se matérialise par un bourrelet oblique et pan d’étoffe aux plis verticaux. La figure tient contre son épaule gauche une corne d’abondance. Coiffé d’une chevelure organisée en mèches ondulées, séparées par raie médiane, et tirées vers l’arrière du crâne, le visage offre des traits fortement stylisés.

 

L’agencement des vêtements et la présence de la cornucopia permettent d’intégrer cet exemplaire dans le corpus d’appliques circonscrit par L. Marangou autour de la représentation d’une femme debout et drapée (MARANGOU 1976 p. 57-58). Ce modèle se caractérise par un long chiton, replié sous l’aisselle droite, auquel vient se superposer un manteau. Les jeunes femmes serrent souvent dans leur main droite une petite couronne, alors qu’elles tiennent une cornucopia dans la main gauche. Dix appliques du musée Rodin souscrivent à ce type iconographique bien répandu sur les éléments de placage dans l’Égypte romaine.

 

La disposition du drapé, comme les attributs se réfèrent aux images des reines lagides ornant les oenochoés en faïence, produites principalement à Alexandrie, au IIIe siècle et à la fin du IIe siècle av. J.-C. L’ajustement de l’himation sur notre applique reprend le type I b des souveraines ptolémaïques, décrit par D. B. Thompson (THOMPSON 1973, p. 30, pl. XXII). Il demeure ardu de préciser l’identification de ces figures drapées puisque la corne d’abondance ne suffit pas à désigner la déesse de la fortune, Tychè. Il est toutefois intéressant de souligner qu’il existe une parenté entre ces silhouettes féminines énigmatiques et la figuration d’Ariane, sur deux petites appliques en os conservées, pour l’une, au musée Benaki à Athènes (18838: MARANGOU 1976, p. 34, 98, Pl. 20d ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 252, p. 175-176, 287, pl. 67), pour l’autre, au Walters Art Museum de Baltimore (71.44: RANDALL 1985, n° 168, p. 100-101). Cette similitude permet d’avancer une hypothèse. Puisque contrairement à d’autres domaines artistiques, Ariane semble rarement sculptée sur les appliques en os égyptiennes d’époque romaine, cette figure ne pourrait-elle pas lui être associée ? (DELASSUS 2020, p. 50, fig. 2 p. 75). Ces analogies ne sont sans doute pas assez solides pour confirmer cette thèse, mais ont le mérite de soulever la question de l’iconographie d’Ariane sur les éléments de placage en os.

 

De taille plus réduite que la plupart des appliques consacrées à ce type iconographique au musée Rodin (Co. 2072, Co. 2087, Co. 2188), cette pièce n’en révèle pas moins un personnage assez semblable. La jeune femme présente des proportions allongées, que renforce la verticalité des plis du chiton et des pans de l’himation retombant le long du corps. Par son aspect général, elle évoque les appliques Co. 2087 et Co. 2188 du musée Rodin, mais les traits du visage rappellent davantage ceux des pièces 18865 et 18875 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 197, n° 199 p. 122, pl. 58de). Malgré une tête allongée et un cou étiré, on note un réel dégagement du corps de la jeune femme par rapport à la matrice osseuse, ainsi qu’un himation aux plis en fort relief. La simplification des traits faciaux, de la coiffure, ainsi que la géométrisation de l’anatomie, contrebalancent cet effort plastique. Ces critères stylistiques, auquel s’ajoute un polissage non abouti, plaident en faveur d’une datation au IVe siècle.

 

Comparaisons :

-Alexandrie, musée gréco-romain, 13474.

-Athènes, musée Benaki, 18864 (iconographie), 18865, 18875 (visage).

-Paris, musée du Louvre, DAE, AF 6578 (drapé).

-Paris, musée Rodin, Co. 2072, Co. 2188 (iconographie).

-Philadelphie, Fondation Barnes, A98n (style différent).

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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