Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIe -IIIe siècle ap. J.-C. ?

H. 12 cm ; l. 4,5 cm ; P. max. 2,6 cm

Os, tibia de dromadaire ?

Co. 2103

Commentaire

Etat de conservation

Cette applique en fort relief, est incomplète. Toute sa partie dextre est brisée, ce qui explique la disparition du visage de la figure et de son épaule droite. Le bord senestre est également ponctué de nombreux éclats. Enfin, la partie inférieure est cassée au niveau des cuisses de la ménade. La face sculptée, de couleur crème, révèle un fendillement généralisé de la matière osseuse. Le revers est entièrement recouvert de profondes trabécules encore pleines de sédiments.

Description

Emportée par l’animation du cortège dionysiaque, la ménade se dirige vers la gauche, brandissant à hauteur de son épaule un large tympanon. Sa nuque dégagée, et la torsion amorcée par son buste, sont les signes d’un mouvement tournoyant. L’orientation contradictoire de la tête et des jambes constitue un poncif de l’iconographie des personnages composant les défilés bacchiques. On la retrouve, en effet, sur une dizaine d’appliques du musée Rodin, mettant en scène des ménades. La nudité de la figure la rapproche de trois pièces du musée Rodin, dévolues également à l’image d’une suivante de Dionysos agitant un tambourin (Co. 2091, Co. 2113, Co. 2117). Contrairement à ces représentations, la jeune femme qui nous préoccupe, montre un bras gauche placé particulièrement bas. Cette posture inattendue et peu naturelle trahit une distance prise avec l’anatomie par l’artisan, de façon à pouvoir inscrire sans gêne sa figure dans le cadre contraint de la matrice osseuse. Le coude qui ne devrait dépasser la taille, se trouve dans notre cas, au niveau de la hanche gauche de la ménade. À l’opposé, le bras droit, retenant le chiton glissant des épaules, accompagne le pas saccadé de la jeune femme. En partie supérieure de l’élément de placage, on distingue des lignes incisées dessinant une moulure le long du bord sommital, et sans doute une arcade, devant laquelle se détachait la figure.

 

D’après la torsion du cou, celle-ci devait sans doute présenter un visage vu de trois-quarts. La chevelure aux mèches incisées avec précision, qui cerne la tête, semble plutôt correspondre à une coiffure relevée en chignon. Si les bras offrent de longues mains aux doigts simplifiés, le corps révèle un sens aigu de l’expression anatomique. L’artisan, en pleine possession de son savoir-faire, a su doter la jeune femme d’un buste étroit surplombant une taille bien marquée, au-dessus de hanches larges aux courbes arrondies. La maîtrise dont a fait preuve le sculpteur dans le rendu des effets plastiques, est le fruit d’une justesse d’observation et d’une sûreté de réalisation. Bien que des volumes saillants s’observent aussi sur l’applique du musée Rodin Co. 2091, notre pièce s’en distingue par une délicatesse du modelé et des passages entre les plans plus subtils. On doit aussi, à un soigneux polissage, la mise en valeur du moelleux des chairs.

 

Le relief particulièrement prononcé invite à comparer la ménade avec des modèles romains appartenant à la sculpture monumentale ou à celle de sarcophages. Bien qu’on ne puisse déterminer avec précision la source d’inspiration, l’élongation du corps, ainsi que la qualité du modelé attestant un attachement à la tradition classique, renvoient à des modèles datant de l’époque antonine (MARANGOU 1976 p. 78). On rapprochera à dessein, notre pièce, de deux appliques appartenant au musée Benaki : une pièce sculptée d’une ménade tympanistria (18886 : MARANGOU 1976, p. 103-104, n° 93, pl. 29a), et une seconde accueillant une représentation d’Aphrodite à sa toilette (18883, p. 112, n° 139, pl. 37b.). Si ces pièces se réfèrent par un certain nombre de critères stylistiques à des œuvres créées à l’époque antonine, un façonnage au cours du IIe siècle reste impossible à déterminer. Il est possible qu’elles aient été sculptées plus tardivement, tout en étant fortement inspirées par un modèle de l’époque antonine.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18883, 18886 (style).

-Paris, musée Rodin, Co. 2091, Co. 2113, Co. 2117 (type iconographique).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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