Matière et technique

L’artisan a opéré un choix précis pour réaliser cette applique au profil légèrement convexe : celui de la jonction de la face postérieure et de la face médiale d’un tibia droit de boeuf, d’après la détermination de F. Poplin. Il a retenu, en particulier, la partie supérieure ou proximale. Grâce à cette option, il a obtenu une applique assez plane et relativement large. La tête de la figure est logée dans la partie distale de l’os et les jambes se déploient dans la partie proximale, qui offre davantage de matière.

 

Les surfaces internes des bords ont reçu des marques obliques régulières qui, malgré l’usure de la pièce, se laissent encore facilement deviner : il faut sans doute y voir davantage des stries produites par la lame d’un outil abrasif comme une lime, plutôt que des stries de sciage. La surface interne du bord dextre est marquée par un ressaut né de l’arrêt net, cette fois-ci, d’une opération de sciage.

 

Pour accentuer les volumes des membres ou du visage, l’artisan a opté pour un travail d’incision des contours. Les petits pans de fracture et arrachements présents autour des bras sont les indicateurs d’une taille rapide. Les butées du ciseau apparaissent clairement dans l’espace situé entre la chevelure du dieu et son bras levé. L’absence de cou, ainsi que le dégagement hâtif du bas du visage, créant une mâchoire carrée, attestent également de gestes enlevés. Malgré tout, la surface du corps a fait l’objet d’un polissage.

 

Si cette pièce constitue l’une des appliques les mieux préservées de la vingtaine de reliefs que compte le corpus du musée Rodin, elle n’en offre pas moins l’exemple d’une sculpture aux formes certes souples, mais schématiques et imprécises.

Modification matérielle

Aucune.

Etat de conservation

L’applique cassée dans le sens de la hauteur a nécessité un recollage incluant un mince comblement. La surface externe de l’applique, comme le revers, présentent un fendillement, voire un délitement de la matière. De longues fentes longitudinales courent sur toute la hauteur au revers, accompagnées de courtes fentes multidirectionnelles. De nombreux petits éclats ponctuent la ligne extérieure des bords internes, et endommagent les angles. La partie inférieure dextre est manquante. Une quantité non négligeable de sédiments de couleur grise subsiste en surface. Malgré un nettoyage qui a permis d’éliminer la couche de salissure, ainsi que d’atténuer le voile blanchâtre présent en partie supérieure de la pièce, des traces blanches recouvrent encore certaines zones du buste et du cou.

Restauration

Les opérations de restauration ont été menées par V. Picur en 2018 : après un nettoyage enzymatique au coton-tige, et un rinçage à l'éthanol, les deux fragments ont été recollés au Paraloïd B44 à 40% dans un mélange acétone/éthanol 1/1. L’interstice subsistant entre les deux pans de fracture a fait l’objet d’un bouchage avec un mélange micro ballon/ Paraloïd B72 à 30%, qui a été retouché à l'aquarelle Winsor & Newton pour s’harmoniser avec le ton de la surface de l’applique. Cette restauration a contribué à assurer une meilleure lecture de l’œuvre et a permis d’apprécier davantage le modelé des chairs de la divinité.

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