Matière et technique

La conformation de l’os encore lisible dans le dessin de cette applique convexe, comme l’orientation des trabécules, ont conduit F. Poplin à identifier un humérus gauche de bœuf. L’orifice du foramen nutricium, bien visible sous le sein droit de la figure, confirme cette hypothèse, tout en permettant de préciser que la portion de diaphyse, a été prélevée dans les faces latérale et postérieure de l’humérus. Une catégorie de pièces dédiées à une ménade dansant vers la gauche, conservée au musée Rodin (Co. 2049, Co. 2113, Co. 2117, Co. 2184), révèle un choix identique, en ce qui concerne la partie de l’organe osseux retenue. A l’instar de ces éléments de placage, notre figure est inscrite dans le sens inverse à la position anatomique de l’os. En réservant la partie plus étroite de l’épiphyse distale à la tête, l’artisan conservait l’extrémité proximale plus large pour les jambes. Une fois de plus, la tête s’inscrit donc dans la racine de l’épicondyle latéral, comme le prouve l’incurvation du bord senestre de notre pièce. Le manque de matière observable au sommet correspond à l’emplacement de la fossette olécranienne ; il est imputable à la présence d’une plus grande proportion de tissu osseux spongieux fragilisant la paroi de l’os. Ce détail se note également sur l’applique Co. 2049 des collections du musée Rodin.

 

Peu de traces d’outils demeurent encore sur le revers. Sur les bords aplanis, des traces d’arrachement très estompées se lisent encore, ayant justifié une opération de régularisation de la matière, sans doute à l’aide d’outils à lame abrasive. La face principale se caractérise par une rugosité de l’os, à la fois sur les parties en saillie et à l’arrière-plan. À l’aide d’un fin burin, l’artisan a pris le parti de creuser profondément les contours, de façon à accentuer davantage les volumes. La schématisation des formes autorise aisément la lecture de certains enlèvements de matière effectuées au ciseau. Ceux-ci sont surtout sensibles sur le buste, l’épaule et le côté droits de la ménade. Un fin burin a été utilisé pour apporter des précisions au visage et à la coiffure.

Modification matérielle

Une étiquette rectangulaire à liseré bleu est collée, au revers de la pièce, sur la partie inférieure de la cavité médullaire. On y lit une marque, à l’encre brune très effacée : 1650, c-2 ?

Etat de conservation

Cassée dans sa partie inférieure, la pièce présente une lacune au sommet, sans doute générée par la trop grande fragilité du tissu osseux à cet endroit. L’angle supérieur dextre est brisé, alors qu’un grand éclat de surface endommage l’angle senestre. Sur la face externe se remarquent des traces noires d’aspect gras, qui cohabitent avec des dépôts foncés ou blancs dans les parties incisées. Le revers révèle une double coloration. Alors que la dépression correspondant à l’emplacement de la cavité médullaire montre une teinte claire, les bords se parent d’une couleur brune très soutenue, qui déborde sur la face externe. On notera la présence de fentes longitudinales sur ces mêmes bords.

Restauration

Au cours des années 2018-2019, l’applique a bénéficié d’une restauration. Celle-ci, menée par V. Picur, a consisté en un nettoyage enzymatique au coton-tige, suivi d’un rinçage à l'éthanol. Cette intervention s’est avérée nécessaire pour atténuer l’épaisse couche de salissure.

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