Amon marchant

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe– XXXIdynastie > 656-30 AVANT J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 7,2 cm ; L. : 1,5 cm ; P. : 1,7 cm  

Co. 1461

Commentaire

Etat de conservation

L’œuvre est en mauvais état de conservation. 

Le métal est très oxydé et corrodé. Il manque le bras droit, le haut de la couronne et tous les détails anatomiques et iconographiques sont aujourd’hui illisibles car très patinés. 

Description

Cette statuette en bronze figure le dieu Amon, les bras le long du corps, dans la position de la marche apparente, c’est-à-dire la jambe gauche en avant. Il se tient debout sur une petite base d’où émerge en-dessous un tenon métallique permettant à l’origine de placer la statuette dans un socle plus grand. 

Amon est coiffé de sa couronne habituelle. Elle se compose d’un mortier cylindrique au bord supérieur légèrement évasé, surmonté de deux hautes plumes droites. On note encore aujourd’hui, sur le devant des plumes et à leur base, le profil d’un disque solaire. La barbe postiche divine qui prolongeait son menton a presque entièrement disparue. Aucun autre détail n’est discernable sur cette œuvre. Il est possible de comprendre qu’Amon est vêtu d’un pagne chendjit court et que ses deux mains sont posées à plat le long des cuisses. 

 

Amon est un dieu dynastique, seigneur de Karnak à Thèbes et de nombreux autres sanctuaires. De tous les dieux du panthéon égyptien, Amon fut certainement celui qui acquit une renommée sans contexte en obtenant le rang très prestigieux de dieu dynastique. C’est à partir du Moyen Empire, sous le règne d’Amenemhat Ier, fondateur de la XIIedynastie, qu’Amon devient le roi des dieux et donc « Amon, roi des dieux, maître des trônes du Double Pays ». 

Les égyptiens tirèrent partie de son nom, qui signifie « le caché », pour élaborer une théologie digne d’un dieu dynastique. Il emprunte donc certains éléments de cultes voisins, notamment ceux des dieux héliopolitains. En effet, dans un passage des Hymnes d’Amondu Papyrus de Leyde, il est écrit : « Son nom est caché en tant qu’Amon, il est Rê par le visage ; son corps est Ptah » (I 350). On fit de lui un dieu primordial et éternel, responsable de toute création et on le plaça à la tête d’une grande ennéade, l’ogdoade d’Hermopolis, son double féminin Amonet et lui régnant dans la tradition hermopolitaine. 

Amon était aussi associé à la fertilité de par ses prérogatives fondatrices du monde. Il adopte alors la forme ithyphallique de Min et prend le nom d’Amon-Min-Kamoutef. Il porte sous cette forme un vêtement momiforme d’où s’échappe son phallus érigé, figurant la virilité créatrice, et peut parfois avoir la peau noire (voir la figurine en bois musée Rodin Co. 2451). 

En tant qu’Amon-Rê, seigneur des temples de Karnak, que tous les rois depuis le Moyen Empire ont cherché à embellir et agrandir, il est représenté avec la peau bleue, couronné d’un mortier surmonté de deux hautes plumes droites. Il peut être aussi criocéphale ou de façon plus rare prendre la forme de ses animaux sacrés, le bélier aux cornes recourbées et l’oie du Nil. Avec Mout, sa parèdre, et Khonsou leur enfant, ils forment la triade thébaine qui se compte parmi les plus importantes de la théologie égyptienne. À l’est de son grand temple de Karnak, il possédait un sanctuaire d’« Amon-qui-écoute-les-prières » où il répondait aux suppliques et rendait des oracles comme en témoignent les « stèles à oreilles » que lui adressaient ses fidèles. 

Malgré ces formes les plus communes, Amon peut se manifester sous bien d’autres figurations. Il est parfois léontocéphale, sous la forme d’un faucon ou d’un criosphinx. 

Son culte, qui avait été placé au premier rang par les rois koushites, déclina quelque peu après le sac de Thèbes par les Assyriens, bien qu’à l’époque gréco-romaine il soit toujours identifié à Zeus. 

 

Il est possible de suggérer à la statuette Co. 1461 un rôle d’offrande et d’intercesseur avec le dieu, déposée par un dévot dans l’un des nombreux centres de culte d’Amon afin d’obtenir ses faveurs. Les pieds de la statuette ont été enchâssés à une époque proche de son arrivée dans la collection dans une matière céramique rosâtre, repeinte en couleur bronze noir.

Œuvres associées

Les collections du musée Rodin conservent l’œuvre Co. 5611 qui présente la même iconographie et les mêmes dimensions que Co. 1461. 

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 377, "Amon debout. Le haut de la coiffure et le bras droit manquent. Haut. 7 cent. Sans valeur."

Donation Rodin à l'État français 1916.

Commentaire historique

Du vivant de Rodin, l'objet était exposé dans une vitrine de l'atelier Tweed à Meudon.

< Retour à la collection