Egypte > Provenance inconnue
Troisième Période Intermédiaire à Époque Hellénistique et romaine
H. 5,3 CM : L. 1,3 CM : P. 2 CM
Faïence
Co. 2396
Egypte > Provenance inconnue
Troisième Période Intermédiaire à Époque Hellénistique et romaine
H. 5,3 CM : L. 1,3 CM : P. 2 CM
Faïence
Co. 2396
L'œuvre est en mauvais état de conservation. De nombreux éclats sont présents sur l’ensemble du corps. La figurine est empoussiérée et émoussée. Des concrétions s’accumulent dans les cavités.
Sur cette figurine, une chatte représentée sous une forme anthropomorphe se tient debout sur une petite base rectangulaire. La divinité à tête de chatte est coiffée d’une perruque tripartite sur laquelle repose une imposante crinière. La tête de chatte est reconnaissable à la forme pointue des oreilles. Les Egyptiens anciens, fins observateurs de la nature, distinguaient précisément la forme des oreilles de chattes (pointues) de celles de lionne (arrondies), permettant d’identifier la déesse représentée. Dans son dos, au bas de la perruque, un large trait incisé en creux se distingue. Cette incision matérialise le ruban qui maintenait les mèches en place. Sur cette figurine, les mèches n’ont pas été individualisées. Masqué par l’épaisse glaçure qui recouvre l’objet, un même ruban se devine à l’extrémité des deux pans antérieurs de la perruque. Tous les traits du visage de la divinité sont ceux d’une chatte. Les arcades sourcilières sont saillantes et les yeux arrondis, très en reliefs, sont dépourvus de pupilles. La gueule semble fermée. De part et d’autre du crâne, les oreilles, dressées, sont représentées de face. La divinité a un corps de femme et est vêtue d’une robe fourreau qui descend jusqu’à mi-mollets. Ses bras reposent le long du corps mais en sont détachés et seules les mains sont plaquées aux cuisses. La glaçure masque la représentation de ses doigts, les poings fermés serrant deux objets pendants non identifiables. Au dos, un trait horizontal marque le haut des cuisses et rend les courbes des fessiers légèrement saillantes, mises en valeur par l’effet moulant du vêtement. Les traits de la silhouette insistent en effet sur le caractère féminin de la figurine : poitrine ferme, taille exagérément étroite, hanches larges, nombril rendu par une dépression arrondie, triangle pubien suggéré sous la glaçure. La divinité est représentée dans la position de la marche, le pied gauche étant largement lancé en avant du pied droit. Une bélière est placée derrière la tête, en forme de trois anneaux accolés ; elle imite celle d’une bélière réalisée en métal précieux. L’ensemble de l’objet est couvet d’éclats et est empoussiéré, particulièrement dans les cavités de la tête et de la coiffure, entre les bras et le corps ainsi que sur la gorge.
Il s’agit de toute évidence d’une représentation de la déesse Bastet. Déesse ancienne, un culte lui est rendu dans la ville éponyme de Bubastis, Tell Basta en ancien égyptien. Divinité liée au culte hathorique, elle garantit, à l’instar d’Hathor et des génies qui l’accompagnent, la protection du foyer, la maternité ainsi que la douceur féminine. Si dans l’imaginaire collectif, Bastet est cette déesse apaisée et apaisante, il faut pourtant attendre la Troisième Intermédiaire pour que l’image de la déesse évolue dans ce sens. Auparavant, c’est une déesse féline qui inspire la terreur, à l’instar de la lionne Sekhmet, et qu’il faut sans cesse apaiser afin d’éviter sa fureur. La différence majeure entre les deux déesses, toutes deux visages d’Hathor, réside sans doute dans le caractère nourricier de Bastet (CORTEGGIANI, 2007, p.79-80). Par la suite, elle devient avant tout la chatte bienveillante, visage apaisé de Sekhmet. Tantôt lionne, tantôt chatte, l’iconographie de la déesse est variée. Souvent représentée avec un corps anthropomorphe, elle peut être figurée sous la forme d’une chatte assise ou couchée. Dans l’enceinte de son temple à Alexandrie, le Bubasteion, de nombreuses statuettes populaires ont été retrouvées, sur lesquelles elle est représentée allongée avec ou sans chatons. C’est après la Troisième Période Intermédiaire que le culte de Bastet devient de plus en plus populaire et qu’il s’immisce de façon marquante dans les pratiques religieuses privées. La figurine Co. 2396 rassemble tous les éléments caractéristiques de l’iconographie d’une Bastet protectrice (oreilles dressées, attentives et vigilantes et gueule entrouverte, prête à repousser les forces maléfiques).
La figurine Co. 2396 s’inscrit dans la longue tradition des amulettes égyptiennes, objets aux dimensions généralement petites qui ont apparu dès le début de l’Histoire égyptienne. Si le mot amulette peut s’exprimer sous différentes formes en égyptien ancien, l’étymologie se rapporte toujours à la notion de protection. Les amulettes peuvent être de différentes matières et représenter des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat, le pillier djed ou bien des signes hiéroglyphiques ou encore des représentations de divinités comme la figurine Co. 2396. Il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Les amulettes étaient utilisées aussi bien pour les vivants que pour les morts ; avant le Nouvel Empire, les amulettes sont néanmoins essentiellement retrouvées en contexte funéraire. Elles étaient placées, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées comme bijoux protecteurs, incluses dans des colliers, des bracelets ou des bagues. (Pour le site d’Amarna, voir STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifie nettement au cours de la XVIIIe dynastie et l’essor de la fabrication en faïence entraîna des matières, formes et utilisations de plus en plus variées. Elles constituent un élément central de la piété populaire et nous informent sur certains rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu de restituer qu’elles pouvaient également être suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée en tant que figurine divine. La documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. La figurine de Bastet Co. 2396 est équipée à l’arrière de sa tête d’un système de suspension. La taille de l’objet rendant peu probable son utilisation comme pendentif protecteur porté par un individu, cette amulette était vraisemblablement destinée à être utilisée dans un contexte de piété populaire ou bien funéraire.
La figurine Co. 2396 a été obtenue par moulage. Durant la cuisson, la vitrification a permis d’obtenir un objet finement émaillé. L’éclatante couleur bleue d’origine a été conservée par endroit, en particulier au bas de la robe de la déesse, sur la partie droite de la figurine. Le temps a patiné l’objet en vert. Bien qu’artificielle, la couleur bleu-vert de cette amulette est chargée de symbolique divine, soigneusement distincte dans l’écriture de la couleur bleue naturelle pour laquelle les Egyptiens ajoutaient maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite “bleu égyptien” se trouve la silice, élément nécessaire à la vitrification. La silice se trouve en particulier dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte. Des substances étaient ajoutées pour faire fondre le quartz à basse température. C’est par l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre, que naît cette tonalité bleue caractéristique de l’ancienne Egypte. Le cuivre était disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure. L’ajout de cobalt pour renforcer la couleur bleue est possible.
La collection égyptienne du musée Rodin conserve une autre figurine de Bastet en faïence similaire à la Co. 2396, à savoir la Co. 2392. D’autres musées en possèdent, à l’instar de celle du musée du Louvre Inv. N° E22709 ou celle du Petrie Museum de Londres Inv. N° UCL36125.
Anépigraphe.