Ce pot en terre cuite est de forme ovoïde allongée, à col court légèrement évasé et à base plate et annulaire. Le col se termine par un bord direct modelé. Une ligne d’incision souligne la transition entre l’épaule et le col du vase.
Asymétrique, la céramique a été recouverte d’un engobe beige avant la cuisson. Cet engobe présente des coulures verticales. Les traces horizontales en surface suggèrent une finition par lissage, effectuée après un raclage rapide de l’objet, et très vraisemblablement au tissu. Parfois verdâtre par endroits, la variation chromatique de la couverte témoigne d’une légère sur-cuisson sur la paroi externe et à l’intérieur de la lèvre. Le dégraissant végétal utilisé était de type grossier et a laissé de nombreuses empreintes lors de sa consumation, au cours de la cuisson. Ces empreintes sont bien visibles sur toute la surface, externe comme interne.
Une trace de feu est visible, sur la panse et à proximité de l’épaule de la jarre Co. 3517. Ce stigmate, quoique ancien, ne serait pas à mettre en relation avec la cuisson un peu forte ou bien l’usage du récipient. Elle semblerait témoigner d’un contact secondaire avec un foyer, en marge de l’utilisation de l’objet, ou suite à sa mise en dépôt.
Les pots de stockage à fond plat sont relativement rares pour l’Égypte pharaonique, et les premiers semblent apparaître au Moyen Empire, sous le règne de Sésostris III. Il s’agit, en général, de jarres ovoïdes à col court, avec une base plate ou légèrement annulaire (SCHIESTL, SEILER, 2014, p. 470-471). Attestées dans les nécropoles du nord de l’Égypte (Licht et Dahchour), mais aussi du sud (Thèbes-ouest et Esna), ces céramiques demeurent très rares, mais perdurent au cours de la Deuxième Période intermédiaire (BM
EA42108). La production des jarres à fond plat se développe au Nouvel Empire, notamment à l’époque ramesside. Pour cette époque, ces céramiques sont considérées comme des jarres à bière. On en connaît dans toute l’Égypte, à Éléphantine (ASTON 1999, pl. 1), dans la Vallée des rois (ASTON 2014, p. 34-35, pl. 11-12), dans la Vallée des nobles (ROSE 1996, p. 175, pl. 63), à Deir el-Bahari (RZEUSKA 2001, p. 312-313), à Tell el-Amarna (ROSE 2007, p. 98-100, 241, 237 [383]), ou encore en Nubie (BB4, HOLTHOER 1977, pl. 18). Ces jarres apparaissent aussi au Levant, et semblent fortement liées à la présence égyptienne dans la région. Alors qu’en Égypte ces jarres sont exclusivement produites en argile alluviale ("Nile"), au Proche-Orient, elles sont faites localement avec de nombreux dégraissants végétaux.
Si généralement, les jarres à bière égyptiennes sont de facture grossière, l’objet Co. 3519 présente une certaine régularité dans le façonnage et la finition. En effet, sur de très nombreux exemplaires similaires, des traces de doigts à la base, mais aussi de nombreuses irrégularités de façonnage, témoignent d’une production rapide et en série. En Égypte, ces céramiques de type utilitaires sont toutes réalisées en argile alluviale, en Nile B2 dans la région de Thèbes (ASTON 2014, p. 34-35 ; RZEUSKA 2001, p. 212), et plus rarement en Nile C (SCHIESTL, SEILER, 2014, p. 470-471).
La bière égyptienne était fabriquée à partir de céréales, cultivées dans tout le pays, depuis le Néolithique : l’orge commune et le blé amidonnier. Après un maltage et le brassage à proprement parler, le liquide était entreposé dans des jarres en céramique commune, afin d’y être conservé et de permettre son transport. Les jarres à bière sont particulièrement bien représentées au sein des assemblables céramiques qui proviennent des tombes et des habitats. Consommée quotidiennement par toutes les classes de la société égyptienne, contrairement au vin, la bière était un des aliments constitutifs des offrandes aux divinités et aux défunts.