Égypte > provenance inconnue
L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > Première moitié du IIe siècle après J.-C. (d’après le style)
Stuc polychromé, verre peint
H. 17,5 CM : l. 17 CM : P. 20 CM
Co. 3251
Égypte > provenance inconnue
L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > Première moitié du IIe siècle après J.-C. (d’après le style)
Stuc polychromé, verre peint
H. 17,5 CM : l. 17 CM : P. 20 CM
Co. 3251
Le dosseret est en grande partie conservé. L’extrémité du nez, cassée, a été restituée.
Des zones lacunaires dans l’épaisseur du matériau laissent apparaître une surface granuleuse. Un manque important est localisé derrière l’oreille droite, au niveau de la mèche de cheveux. Le stuc y semble rongé, creusé. Des cassures ont également entraîné des pertes de matière à l’avant du dosseret. Au revers, la plaque formant coque est en grande partie manquante. Des éclats ponctuels sont également visibles sur la joue gauche et sur l’arrière du dosseret.
La presque totalité de la polychromie a disparu. Du brun verdâtre dans la chevelure est encore présent dans le creux des mèches. D’infimes restes de noir marquent le contour des yeux. Le rose clair pour les carnations, très ponctuellement conservé (nez, bouche, menton, proximité des yeux, oreilles, cou, proximité des cheveux) et un rose plus foncé (dans la bouche et les narines).
Ce « masque » funéraire est en réalité traité en ronde-bosse. Il s'agit du masque d'un jeune garçon, dont la nuque repose sur l’amorce d’un dosseret brisé, peint en blanc.
Les cheveux sont rendus par des traits sommairement gravés dans le plâtre et peints en noir. Ils sont ramenés sur la droite pour former la « mèche de l’enfance » modelée à part, puis rapportée derrière l’oreille droite.
Le visage était à l’origine peint en rose, avec des rehauts rose foncé, encore visibles sur la bouche et dans les narines.
Les yeux sont faits de plaquettes de verre enchâssées. Leur côté concave est peint en blanc pour la sclérotique et en noir pour l’iris. Les paupières modelées dans du stuc ont été ajoutées ensuite. Les bordures des paupières sont peintes en noir.
L’extrémité du nez, maladroitement restituée, ne correspond pas au volume original. Cette restitution inesthétique perturbe la bonne lecture du masque.
La bouche, à la lèvre inférieure tombante, est boudeuse. Les oreilles sont sommairement modelées et le menton pointu est légèrement en galoche.
La forme du visage est ovale, mais la rondeur des traits rappelle l’enfance, tout comme la moue boudeuse. Elle contraste avec le léger sourire qu’esquissent d’ordinaire les masques funéraires égyptiens d’époque romaine. On peut comparer ce visage d’enfant avec celui d’un autre masque conservé à Edimbourg (Inv. 1955.101) (GRIMM 1974, pl. 25-1.).
La coiffure est constituée de sillons gravés au moyen d’une sorte de peigne dans une épaisse couche de stuc emboîtant le crâne à la façon d’une calotte. Elle rappelle la coiffure sobre et stricte portée par l’empereur Trajan (98-117 après J.-C.). Celle-ci se prête en effet aisément à la schématisation (cf. AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 23.). Voir par exemple le masque Co. 1772 de la même collection, ainsi que la tête de statue Inv. 336 conservée à la Glyptothèque de Munich.
Sur le masque Co. 3251, les incisions apparaissent cependant très grossières et non régulières.
Un masque de garçon semblable est conservé au musée du Louvre, à Paris, sous le numéro d’inventaire AF 12622 (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 107, B 34). Sa provenance est inconnue et il est daté de la première moitié du IIe siècle après J.-C. Les traits du visage et les cheveux « peignés » sont similaires. Un second masque du Louvre, daté de la même période et provenant d’Antinoé, rappelle également Co. 3251, notamment pour la forme du visage et la technique employée pour les cheveux. Il a pour numéro d’inventaire AF 6677 (AUBERT, CORTOPASSI 2004, p. 114, B 41). Ces deux parallèles, ainsi que le style de coiffure, permettent de suggérer une datation de la première moitié du IIe siècle de notre ère pour le masque Co. 3251.
Le jeune garçon porte sur le côté de la tête la « mèche de l’enfance ». Ce détail identifie le jeune enfant à Harpocrate « Horus l’enfant », fils posthume d’Isis et d’Osiris, et seule divinité égyptienne à l’époque gréco-romaine à porter la mèche caractéristique de l’enfance. Ce dieu connaît sa plus grande vogue à l’époque romaine, popularisé par de nombreuses figurines en terre cuite ou en bronze. Il se présente comme un enfant, généralement nu, coiffé de la mèche latérale tressée, portant un doigt à la bouche et empoignant des animaux dangereux : Statuette en bronze d’Harpocrate, datée de la Basse Epoque, conservée au musée du Louvre, E 3642.
Cette divinité est considérée comme un dieu sauveur et guérisseur. En effet, guéri du venin mortel d’un scorpion grâce aux formules magiques de sa mère Isis, Horus put atteindre l'âge adulte et venger le meurtre de son père. Assimiler un enfant au dieu Harpocrate le plaçait ainsi, après sa mort, sous la protection de la divinité. Nous pouvons grâce à ce masque constater la popularité de ce dieu – et du mythe osirien en général – à l’époque romaine.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l'État français 1916.