Égypte > provenance inconnue
Époques tardives à période gréco-romaine > 1069-323 avant J.-C. > 332 av.-337 après J.-C.
Bois polychromé
H. 28,6 cm ; L. 22,2 cm ; Pr. 10 cm
Co. 3436
Égypte > provenance inconnue
Époques tardives à période gréco-romaine > 1069-323 avant J.-C. > 332 av.-337 après J.-C.
Bois polychromé
H. 28,6 cm ; L. 22,2 cm ; Pr. 10 cm
Co. 3436
L'état de conservation est très mauvais. Le bois est très altéré et fragile et chaque manipulation entraîne des pertes de matière. Une attaque d'insectes xylophages a laissé la face et les côtés du masque parsemés de minuscules trous d'envol. De longues fissures verticales s'étirent sur la surface du visage, en particulier au niveau des yeux, autour du nez et de la bouche. L’extrémité du nez manque, sans doute brisée suite à un choc ou bien fragilisée par le mauvais état de conservation du bois.
Ce masque est un élément de couvercle de cercueil, figurant le visage d'un défunt, auquel est rattaché un morceau de coiffure, fragmentaire. La polychromie d'origine, sans doute très colorée, est aujourd'hui indiscernable.
Le visage, souriant, donne une impression générale de bonhomie. Les yeux en amande, grands et rapprochés, sont soulignés par un trait de fard figuré en léger relief, étiré aux tempes, et se terminant en une petite pointe sur la face interne de l'oeil. Les sourcils, longs et fins, eux aussi rehaussés par un relief, suivent la courbe de la paupière. Le nez, assez fin à la racine, s'épate largement à la base. L’extrémité manquante du nez fait paraître les narines anormalement dilatées. Les lèvres, épaisses, s'étirent en un grand sourire pointu et aux commissures très marquées. On remarque que la lèvre supérieure avance très légèrement sur la lèvre inférieure. Le front petit et fuyant, les joues pleines aux pommettes hautes, le menton menu mais assez rond, dessinent un visage rebondi et avenant. Les traits du visage ont sans doute été déformés par les conditions de préservation de l’objet.
Deux chevilles de bois, fichées au sommet de la coiffure et au bas de la joue droite, indiquent que le masque Co. 3436 était un élément rapporté. Son épaisseur, de même que son revers plan et lisse, vierge de toute sorte d'enduit ou de couche picturale aujourd’hui, démontrent qu'il faisait partie intégrante de la partie supérieure d'un couvercle de cercueil.
La datation du masque et la définition de son genre sont très difficiles. L'absence de cavité destinée à recevoir une barbe postiche, les traits pleins, à la rondeur très accentuée, de même qu'une certaine délicatesse dans le traitement du regard, pourraient faire pencher en faveur d'un visage féminin.
La taille des yeux, l'épatement du nez et la plénitude des joues se retrouvent sur le sarcophage anthropoïde de Psamétik, fils de Sbarekhy, conservé au Musée des Beaux-Arts de Grenoble et datant probablement de l'époque saïto-perse, entre la Troisième Période intermédiaire (715/713-664 av J.-C.) et la Basse Époque (664-323 av. J.-C.) (KUENY YOYOTTE 1979, p. 106-110, fig. 125: Inv. N° 1996). Ce cercueil, en bois stuqué et peint, figure le défunt comme enveloppé dans son linceul, arborant des décors polychromes sur fond crème. Le visage, peint en vert, est cerné par une coiffure imposante, composée de raies noires et jaunes. L'écart entre la coiffure et les sourcils est très mince, tout comme Co. 3436. Néanmoins, le défunt porte une barbe postiche, et les traits de fard, de même que les sourcils, sont peints en noir sans relief.
Le badigeon, aujourd’hui grisâtre, appliqué sur toute la surface du masque semble être bien plus qu'un simple enduit préparatoire destiné à supporter une polychromie, puisqu'il modèle et transforme quelque peu les traits du visage sculptés dans le bois. Ce type d'enduit, à l'épaisseur conséquente mais irrégulière, pourrait avoir été destiné à recevoir une dorure. C'est le cas, par exemple, du cercueil de Néhemsymontou, chef de bordée et matelot de la barque du temple d'Amon, conservé au château-musée de Boulogne-sur-Mer et datant de la Troisième Période intermédiaire (1069-664 av. J.-C.) (GOMBERT-MEURICE 2018, p. 231-233 : Cat. 118A, Inv. 1b ; Inv. 29.840). Le défunt arbore une carnation dorée, les yeux et les sourcils sont rehaussés par un léger relief, et peints en noir. Les yeux sont grands, le visage plein, le nez assez large et la bouche souriante. Comme pour notre masque, l'écart entre la coiffure tripartite à raies noires et jaunes, surmontée d'une bande à motifs d'écailles bleu, blanc et rouge, et l'arcade sourcilière est relativement restreint. Cependant, encore une fois, il porte une barbe postiche.
En supposant que le masque ait été originellement doré, il n'est pas impossible qu'il ait été un élément de cercueil gréco-romain, donc plus tardif, à la manière des momies découvertes dans l'Oasis de Bahariya (30 av.-337 ap. J.-C.). Une partie des masques de ces momies était en bois recouvert de plâtre et doré à la feuille. Le visage de l'un de ces masques est particulièrement ressemblant, (HAWASS 2000, p. 60-61), doté d'yeux larges et très rapprochés, de joues pleines, à la bouche très souriante, et au menton charnu.
Le masque de défunte ou de défunt Co. 3436 semble difficile à dater. Il pourrait avoir été sculpté aux époques tardives (1069-323 av. J.-C.) ou pendant la période gréco-romaine (332 av.-337 ap. J.-C.).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation Rodin à l’État français en 1916.