Egypte > provenance inconnue
Nouvel Empire
H. 3 CM : L. 1,7 CM : P. 5 CM
Faïence
Co. 3645
Egypte > provenance inconnue
Nouvel Empire
H. 3 CM : L. 1,7 CM : P. 5 CM
Faïence
Co. 3645
L'œuvre est en mauvais état de conservation. La glaçure a presque totalement disparu. On ne la retrouve qu’entre le corps et la base. Nombreux éclats et inclusions sont visibles. La partie antérieure des pattes avant a disparu dans une cassure. La figurine est très empoussiérée.
Cet objet inédit est la représentation d’un lion, allongé sur une base. Une bélière est fixée dans le creux du dos de l’animal, indication de son usage premier ; il s’agit d’une amulette. Pattes arrière repliées sous le corps, la queue recourbée du lion est plaquée sur son flanc droit. Les pattes avant ont disparu dans une cassure. Une crinière entoure la tête du félin et de petites incisions figurent les moustaches sur la truffe. Oreilles dressées, les yeux, aux orbites enfoncés, sont ouverts. Seul l’œil droit a conservé la glaçure d’origine. La gueule est fermée.
Le lion ou la lionne est l’animal emblématique de nombreuses divinités égyptiennes et nubiennes mais le lion est avant tout, et depuis le Prédynastique, l’animal du pouvoir, avec le taureau. Son étroite association à la personne du roi donnera naissance à la créature hybride la plus célèbre de l’Égypte ancienne, le sphinx. Le lion personnifie également le vent du sud. Le lion est aussi le gardien de l’Est et de l’Ouest. À l’Est, il assiste à la naissance du soleil et à l’Ouest, le protège pour la nuit. Le lion est donc un animal protecteur. Porté près du corps, il protège son porteur contre les forces malfaisantes de la nuit et lui assure un sommeil apaisé.
La figurine de lion Co. 3645 est à placer dans un contexte de pratiques religieuses privées, telles qu’on les connait à partir du Nouvel Empire. Elle s’inscrit de toute évidence dans la longue tradition des amulettes égyptiennes. Ces objets, aux dimensions généralement petites, apparaissent dès le début de l’histoire. Le mot amulette peut être traduit de différentes façons en égyptien mais l’étymologie renvoie toujours à la notion de protection. Les amulettes peuvent être de différentes matières et représenter des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat, le pilier djed ou bien des signes hiéroglyphiques ou encore des représentations de divinités. Mais il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés par la personne à protéger. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Avant le Nouvel Empire, les amulettes sont surtout retrouvées en contexte funéraire. En effet, ces objets étaient utilisés aussi bien pour les vivants que pour les morts et durant toute l’histoire pharaonique, on en plaçait, parfois en larges quantités, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées sur soi, soit en forme de pendentifs, de bracelets ou de bagues, comme ce fut notamment le cas à Amarna (STEVENS 2009, p.10). Néanmoins, la production des amulettes s’intensifie nettement au cours de la XVIIIe dynastie. La production massive d’objets en faïence influe également la fabrication d’amulettes dont les matières deviennent de plus en plus variées et qui sont de plus en plus portées à la façon de bijoux, incluses dans des colliers ou des bracelets. Les amulettes sont donc un élément central de la piété populaire et nous informent également sur les rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu que certaines d’entre elles étaient suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée. La documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Autant est-il possible de deviner le rôle du magicien lors de la réalisation de papyri protecteurs, autant les rituels permettant de rendre une amulette en pierre, en bois ou en faïence active restent difficiles à déterminer.
La figurine Co. 3645 a été réalisée dans une pâte siliceuse, probablement modelée à la main ou pressée dans un moule. Le corps du félin était initialement recouvert de glaçure, dont ne subsistent que quelques traces, essentiellement visibles dans les replis. L’animal est néanmoins partiellement recouvert d’une matière brune, en particulier sur le flanc droit (stigmates d’enfouissement ?). Bien que synthétique, cette couleur bleue de la glaçure est chargée de symbolique divine. Les Egyptiens distinguaient d’ailleurs la couleur bleue naturelle de la couleur synthétique en ajoutant maa (véritable) devant hesebedj (bleu). Des expérimentations visant à produire des objets émaillés de couleur bleue ont sans doute eu lieu dès le Prédynastique certainement motivées par l’arrêt de l’importation du lapis-lazuli provenant du Badakhshan durant les Ie et IIe dynasties. Parmi les matières premières nécessaires à la fabrication d’objets émaillés de couleur dite bleu égyptien il y a la silice, élément nécessaire à la vitrification que l’on peut retrouver dans le quartz (disponible dans le désert oriental et à Assouan) ainsi que dans le sable d’Egypte. L’ajout de feldspaths à la pâte peut compléter l’apport en silice. Le quartz nécessitant des fondants afin de fondre à basse température, on retrouve dans les pâtes égyptiennes des alcalis tels que la soude, présente dans le natron lui-même disponible dans le Ouadi Natroun, à El Kab ou dans la province de Baharie. L’ajout de chaux permet de former des silicates et d’aider la fusion du quartz à basse température. Des éléments tels que la gomme arabique, l’argile et le natron sont également nécessaires pour conférer de la plasticité au quartz. Enfin, l’oxyde de cuivre, issu de la calcination et de l’oxydation du cuivre donne la couleur bleue (le cuivre étant disponible dans le Sinaï, le désert oriental ou importé de Nubie et d’Asie mineure). Parfois, un ajout de cobalt est utilisé pour renforcer la couleur bleue. Il est possible de restituer le processus de fabrication de la figurine Co. 3645. La forme de lion a tout d’abord été moulée, puis enduite d’une pâte siliceuse. Durant la cuisson, la glaçure s’opère, donnant ainsi un objet finement émaillé.
Le style du lion Co. 3645 indique qu’il fut probablement réalisé au cours du Nouvel Empire, à l’instar de l’amulette 16.10.418 conservé au Metropolitan Museum of Art de New York ou du lion UC1182 datant de la période amarinienne et actuellement conservée au Petrie Museum de Londres.
Anépigraphe.