Egypte> provenance inconnue
Les derniers temps >Basse époque ou Période ptolémaïque
H. 18,7 CM; L. 29,9 CM; Pr. 8,2 CM
Calcaire
Co. 941
Egypte> provenance inconnue
Les derniers temps >Basse époque ou Période ptolémaïque
H. 18,7 CM; L. 29,9 CM; Pr. 8,2 CM
Calcaire
Co. 941
L'œuvre est en bon état de conversation. La surface du bloc est altérée et, bien que le relief demeure globalement lisible, il est clairement érodé. Elle est également parsemée de lichens grisâtres, ainsi que de quelques traces de terre qui pourraient indiquer un enfouissement temporaire. Aucune trace de polychromie n’est observée. Les chants, particulièrement émoussés, sont peut-être originaux comme tendrait à le prouver la ligne incisée qui les encadre, mais sont très épaufrés. Ils ne présentent pas de traces d’outils, contrairement au revers.
Ce bloc de calcaire rectangulaire présente sur sa face principale une scène en léger relief. De gauche à droite, on reconnaît un cobra entourant un disque solaire ; un faucon juché sur une base et arborant le pschent ; un dieu hiéracocéphale trônant ; enfin un cobra, coiffé d’une couronne solaire à plumes leur fait face. Placée au centre de la composition et tournée vers la droite, la divinité à corps d’homme et à tête de faucon est assise sur un trône à dosseret. Une cassure, qui traverse le bloc en diagonale, a effacé les traits du visage mais il est néanmoins possible d’y reconnaître la face d’un faucon. Le dieu est vêtu d’un pagne et d’un corselet. Sur la perruque longue tripartite qui recouvre son crâne, un disque solaire pourvu d’un uraeus semble inachevé. Le dieu tient dans la main droite la croix ankh, symbole de la vie, et dans la gauche le sceptre was, symbole d’autorité et de pouvoir. Le trône sur lequel il est assis est orné d’un motif de plumes partiellement effacé et, dans l’angle inférieur gauche, d’un relief très érodé dans lequel on reconnaît néanmoins le sema-tawy, le symbole de l’union des Deux-Terres. Cette figure pourrait aussi bien représenter le dieu Horus que le dieu solaire Rê, quasiment indissociables dans l’iconographie. Une vignette rectangulaire placée devant son visage a été gravée, prévue pour accueillir une colonne d’écriture. Cet emplacement a été laissé anépigraphe. Face à lui, un cobra se dresse, tourné vers la gauche. Le serpent est coiffé d’un disque solaire à plumes, placé entre deux cornes effilées. Cette représentation serait donc à comprendre comme celle d’un uraeus, le cobra femelle qui protège la personne du roi, ce qui confirmerait l’identification de la divinité placée en face de lui comme un Horus, dieu du pouvoir monarchique et placé sur un trône décoré d’un sema-tawy. L’image d’un dieu faucon, couronné du pschent, est gravée derrière la divinité centrale. L’épervier est tourné vers la droite, patte gauche avancée. La présence d’un socle sur lequel l’oiseau se tient permet de suggérer qu’il s’agit de la représentation d’une statue cultuelle. Dans l’espace laissé vide derrière lui, un disque solaire a été gravé. Un long uraeus l’entoure. L’ensemble de la scène est situé dans un cadre. Une colonne à chapiteau papyriforme se devinant dans l’angle supérieur gauche, les quatre images divines seraient peut-être situées dans un sanctuaire. La disposition des représentations divines incite néanmoins à voir en ce relief une plaque servant de modèle de sculpteur, ce que suggère également la vignette laissée anépigraphe placée devant le visage du dieu central. L’érosion de la surface rend difficile la lecture des détails, mais certaines zones comme l’œil du faucon semblent ébauchées, ce qui corrobore l’idée d’un travail inachevé. On connaît plusieurs autres plaques décorées similaires, pour lesquelles la même interprétation a été suggérée (voir, en particulier, au Chicago Art Institute le relief sur plaque en calcaire Inv. N° 1920.258).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin auprès de l'antiquaire Joseph Altounian le 11 septembre 1912.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 41, "Bas relief (en deux morceaux) représentant Horus hiérocéphale tourné vers la droite, assis entre un faucon coiffé du pschent et un ureus ; ce dernier est coiffé du disque, des cornes et de la double plume. Calcaire. Larg. 30 ; Haut. 18. Estimé quatre vingt francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
Ce bas-relief fut acheté auprès de l’antiquaire Joseph Altounian qui l’expédia dans un lot d’objets le 31 août 1912 et le décrivit ainsi : « [1 bas relief roi assis dev. Un serpent sectionné en deux morceaux. Calcaire » (ALT 147, archives musée Rodin).
L’antiquaire Joseph Altounian, écrivait à Rodin du Caire le 10 Août 1912 : « Cher Maître, J’ai l’honneur de vous faire savoir que je viens de rentrer aujourd’hui même au Caire après avoir accompli le voyage dans la Haute-Égypte dont voici les principales étapes. Éléphantine, Abydos, Phylae, Héracleopolis, Sakhara, Memphis, etc., ou j’ai séjourné pour recueillir pour votre collection des fragments de bas-reliefs, granit, calcaire, basalte, bref tout ce que j’ai jugé pouvant vous intéresser. Ce lot renferme 24 pièces des bas-reliefs et des reliefs en creux des grands et des petits, le tout appartenant aux différentes dynasties ayant régné dans les régions que j’ai traversées, plus 19 pièces de fragments en ronde bosse le tout présente la sculpture des meilleures dynasties. » J. Altounian était parti du Caire en juillet 1912, et l’on peut suivre son périple sur son agenda (archives Altunian) : Minieh, Mallawi, Assiout, Abou Tig, Assiout, Sohag, Achmim, Abou Tig, Baliana, Abydos, Baliana, Keneh, Kous, Louxor, Sohag, Achmim, Sohag, Mallawi, Le Caire, où il arriva le 7 août.
Le 28 Août 1912, Altounian écrit au sculpteur : « Cher Maître J’ai l’honneur de vous annoncer que je suis arrivée à Paris depuis quelques jours. Je me suis présenté 77 rue de Varenne mais on m’a dit que vous étiez absent ; jour cela. Je vous adresse la présente à votre adresse à Paris espérant qu’on vous la faira suivre. Donc je vous prie cher Maître de me dire le jour que vous rentrez à Paris afin que je vienne vous soumettre le bordereau avec la nomenclature des objets que je vous ai expédié du Caire.». Le 6 septembre, Altounian recevait de Rodin « la somme de frs 850 (huit cent cinquante francs) comme prêt pour m’aider à dégager les 6 caisses antiques de la Douane ; Monsieur Rodin n’est pas engagé à acheter ce lot d’antiquités s’ils ne lui plaisent pas. Il achètera que ce qu’il lui plaira.». Rodin choisit un grand nombre d’œuvres de ce lot dont le relief Co.941 et versa à l’antiquaire 5000 francs le 11 septembre 1912.
Le relief fut exposé à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.