ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 16,3 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 2,8 cm
Co. 775
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE TARDIVE > XXVIe - XXXe dynastie > 656 - 332 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 16,3 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 2,8 cm
Co. 775
L'oeuvre est en bon état de conservation. Le métal est oxydé. La statuette a subi des dommages créant des cavités au niveau de la poitrine et des jambes. Il manque les pieds ainsi que le nez et la volute de la couronne.
L’œuvre représente la déesse Neith debout, les jambes jointes, les bras étendus le long du corps et les mains posées à plat sur les cuisses. La partie inférieure de la statue étant manquante. Elle est coiffée de la couronne rouge de Basse Égypte, ornée d’un uraeus frontal. La partie haute et fine de la couronne est légèrement déportée sur le côté droit. Un imposant collier-ousekh à trois rangées de perles pare sa gorge, ses épaules et sa nuque. La déesse est vêtue d’une longue robe moulante à bretelles, formant des losanges sur la poitrine et un V dans le dos.
Les traits de son visage et des attributs sont finement dessinés. Le visage carré est modelé grâce à des joues pleines encadrant un nez droit, une petite bouche dont la lèvre supérieure est plus épaisse que celle inférieure, et un menton volontaire. Les commissures des lèvres sont marquées, ainsi que les dépressions sous les yeux. Particulièrement grands et ouverts, très expressifs, ils sont étirés en amande. Leur contour est mis en valeur par un léger bourrelet, indication qu’ils étaient cerclés de fards. Les sourcils se devinent plus qu’ils ne se voient. Les oreilles suivent des proportions naturelles.
La silhouette de la déesse est féminine et élancée. Les épaules, horizontales, sont larges, aux courbes douces et arrondies. Elles se poursuivent sur des longs bras fins sur lesquels le pli du coude est l’unique détail rendu. La poitrine est visible sans être exagérée de même que la taille et les hanches. Le nombril, bien marqué, adopte la forme d’une longue goutte. Le fessier est rendu dans le bas du dos. Les jambes ne présentent aucun détail anatomique.
La déesse Neith est une divinité très puissante qui acquerra de nombreuses facettes au fil de la civilisation égyptienne. Elle est d’abord une déesse guerrière, généralement représentée tenant dans une main un arc et des flèches. Autre de ses fonctions, la protection d’un des quatre vases canopes dans lesquels les organes du défunt, prélevés au cours de sa momification, étaient conservés et entreposés avec la dépouille ; Neith était plus particulièrement chargée de veiller sur l’estomac. Elle fait alors partie des divinités féminines protectrices des morts, avec notamment Isis et Nephthys. C’est dans ce rôle qu’elle encercle, avec trois autres déesses, la célèbre chasse en bois recouverte d’or qui contenait les canopes de Toutankhamon (JE 60686). Déesse des eaux du Nil, elle est considérée à l’Ancien Empire comme mère du dieu crocodile Sobek. Les attributs liés à la prospérité et l’abondance s’ajoutent donc à son image. Ayant enfanté le dieu Rê, elle acquit par la suite la fonction de démiurge créateur du monde. C’est par ses qualités de démiurge et de déesse funéraire, qu’elle devient une divinité chargée de tisser le monde des vivants ainsi que les bandelettes servant à la momification. Patronne des tisserands, elle s’attira alors tout particulièrement les ferveurs féminines.
Déesse tutélaire de Saïs, cité du Delta où un sanctuaire lui est dédié, la couronne rouge de Basse-Égypte qu’elle arbore est à mettre en relation avec cette ville. Saïs devenue capitale dynastique, le culte rendu à Neith prend une ampleur considérable. Une grande quantité de statuettes de Neith a été retrouvée pour cette époque.
L’œuvre est de grande taille. Malgré son état de conservation actuel, il est tout à fait perceptible qu’elle était d’une grande qualité à l’origine.
Ce type de statuette était commandité par des particuliers afin de bénéficier de toutes sortes de protections. Malheureusement, l’absence d’attributs spécifiques à l’œuvre Co. 775 nous laisse dans le doute quant à l’aspect précis et le symbolisme qui voulaient être mis en avant.
Ce type de statuette se retrouve fréquemment dans les musées. Nous citons ici que quelques exemples datant tous de la Basse-Époque.
Musée du Louvre, Paris : E 3730, E 4119, E 22873.
Metropolitan Museum of Arts, New York : 04.2.447, 44.4.85, 04.2.449, 04.2.448, 04.2.446, 30.8.95, 08.202.9, 26.7.846.
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0315, Provv. 5896, Cat. 0312, S. 00039.
Penn Museum, Philadelphie : E 12570, E 14289, E 14309.
La figurine d’une Neith en bronze est assez similaire à celle du musée égyptien de Berlin (Inv. N° 2431, voir ROEDER Günther, Ägyptische Bronzefiguren, Berlin, 1956, p. 218 et pl. 30 o, § 263b).
Les collections du Musée Rodin conservent une autre statuette de Neith debout en bronze (Co. 797). Sur cet objet, la déesse est en position de marche.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / atelier Tweed / vitrine 9, 371, "Neith debout, en bronze. Le bas des jambes manque. Haut 12 cent. Estimé 50 frs."
Donation à l’État français en 1916.