ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Nouvel empire > XVIIIe - XXe dynastie > 1550 - 1069 AVANT J.-C., probablement ramesside
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18 cm ; L. : 5,3 cm ; P. : 3,6 cm
Co. 772
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Nouvel empire > XVIIIe - XXe dynastie > 1550 - 1069 AVANT J.-C., probablement ramesside
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 18 cm ; L. : 5,3 cm ; P. : 3,6 cm
Co. 772
L’œuvre présente un bon état de conservation. La partie supérieure est complète jusqu’au niveau des chevilles, toute la partie inférieure ayant disparu dans une cassure. La statuette ne présente pas de concrétions de métal bien qu’elle soit oxydée. Des restes d’un placage en or subsistent, notamment entre les lèvres, dans les oreilles ou dans les stries des mèches de la barbe postiche. Les yeux étaient incrustés de pâte de verre, aujourd’hui disparue.
Á l’avant de la statuette, on remarque sur les membres inférieurs l’ajout de deux plaques de métal, l’une étant finement striée verticalement. Cette restauration est ancienne, voire même antique car elles présentent le même état d’oxydation que la statuette, ce qui suppose qu’elles ont vieilli ensemble.
L’œuvre figure le dieu Osiris debout, les jambes jointes, les bras croisés sur la poitrine et serrant respectivement dans sa main droite et gauche le sceptre-héqat le flabellum. Ce dernier se compose d’un bâton prolongé d’une frange pleine qui se décompose en son extrémité en trois lanières distinctes. Les extrémités inférieures de chacun des deux sceptres dépassent sous les mains du dieu. Les poings sont serrés, les pouces sont visibles et les phalanges sont méticuleusement indiquées.
Osiris est coiffé de la couronne-atef, attribut caractéristique de cette divinité. Elle se compose d’une mitre centrale flanquée de deux hautes plumes d’autruche, le tout surmonté d’un petit disque solaire. La mitre, légèrement plus large que la tête de la divinité et descendant bas sur le front et derrière la nuque, est ornée d’un uraeuscentral au corps dressé, aux écailles précisément rendues par un décor de petites entailles horizontales. Deux fentes profondes et larges figurent les yeux du reptile. Sa queue s’enroule en deux boucles de chaque côté du corps, puis remonte le long de la mitre. Les plumes d’autruche qui flanquent cette dernière sont striées plus ou moins horizontalement à l’exception de leur base où les stries sont clairement obliques. On note dans la partie haute de la plume gauche le long de sa tranche un ajout de métal peut-être contemporain du moulage de la statuette, qui pourrait être une nouvelle restauration antique. Enfin, le disque solaire, rond et plat, au sommet de la couronne a pu être rapporté. Osiris est habillé d’un linceul moulant dont aucune limite ou démarcation n’est visible. Le tissu laisse néanmoins perceptible le profil des bras, des jambes et les courbes dorsales.
Le visage carré de la divinité présente des joues pleines agrémentées de pommettes saillantes et accentuées par un léger creusement sous les yeux. Ces derniers sont entièrement entourés de fard rendu par un bourrelet épais. Les sourcils arqués suivent parfaitement la forme de la paupière supérieure. Ils se prolongent sur un nez droit et fin, aux narines larges et au profil aquilin. La bouche est petite et souriante. Les commissures des lèvres sont marquées, de même que le pli du menton. Les mâchoires carrées se fondent dans un cou massif prolongé par une barbe postiche divine tressée. Cette barbe divine, donc à l’extrémité recourbée, est conservée dans son intégralité. Particulièrement longue, elle est consolidée par un ressaut de métal fixé sur la poitrine du dieu. Les oreilles sont hautes et grandes et ne sont pas placées sur même axe. Les épaules, rondes et horizontales surmontent des bras puissants aux formes arrondies. Le buste et les jambes sont courts et massifs. Le bas du dos et l’aine sont rendus par un léger bombage du métal.
Si le mythe d’Osiris, souverain du monde des morts, est divulgué dès l’ère classique grâce au texte de Plutarque, Isis et Osiris, les sources pharaoniques présentent dès l’Ancien Empire les éléments essentiels du mythe. Fils aîné de Geb, dieu de la terre, et de sa sœur Nout, déesse du ciel, Osiris représente le modèle du souverain idéal. Le chapitre 175 du Livre des Morts relate la façon dont Rê le désigna pour le succéder, en le coiffant de la couronne-atef. Bien que sa sœur et épouse Isis, experte en magie, assure sa protection, elle ne peut empêcher sa mise à mort par jalousie par leur frère Seth. Osiris devient alors le seigneur du monde souterrain et protecteur des défunts. Son épouse Isis prend l’apparence d’un oiseau pour réanimer le cadavre reconstitué d’Osiris en battant des ailes. C’est lors de cet épisode que leur fils, Horus, est conçu. Cette naissance a une importance particulière en Égypte ancienne car elle symbolise la vie naissant de la mort, Osiris étant décédé sans laisser d’héritier.
Associé à la mise en place des cycles de renouvellement, un important rite se développe en Abydos. Chaque année, sur une statue de la divinité façonnée en terre, des plantes germaient. Ce rite symbolisait ainsi la renaissance de la nature. Coïncidence surprenante, dans les collections d’objets égyptiens acquis par Auguste Rodin se trouve une petite cuve d’Osiris végétanten calcaire de l’époque ptolémaïque, caractéristique de la fête de Khoïak (musée Rodin, Co. 5627). Osiris est également associé à la crue du Nil, qui apportait les mêmes bienfaits et moyens de subsistance à l’Égypte. C’est dans son rôle funéraire qu’Osiris aura le plus de popularité. Les Égyptiens se sont rapidement identifiés à ce dieu qui pouvait leur assurer une vie après la mort.
Le type de figurine dont relève la statuette Co. 772 reflète la piété personnelle envers ce dieu. Il s’agit pour la plupart d’ex-voto,déposés en offrande par les fidèles. Plusieurs ensembles de ces statuettes en bronze, très répandues à l’époque tardive et l’époque ptolémaïque ont été retrouvés dans les temples. Leur production semble s’être ralentie, sinon arrêtée à l’époque romaine. Concernant Co. 772, la teinte rouge sang qu’a prise l’œuvre laisse supposer qu’il s’agit d’une statuette en « bronze noir ». Cette appellation est utilisée pour les alliages dans lesquels les bronziers ont ajouté intentionnellement de l’or et de l’argent pour réaliser une patine brillante comme l’hématite. Cet alliage est caractéristique du Nouvel Empire. De plus, le nez aquilin, les joues pleines modelées par les pommettes saillantes, les creusements sous les yeux et les commissures des lèvres profondes, ainsi que le corps lourd et massif, indiquent une datation probablement ramesside.
Les collections du musée Rodin conservent plusieurs statuettes en bronze d’Osiris similaires à l’œuvre Co. 772, notamment Co. 790, Co. 792, Co. 806, Co. 2368, Co. 2382, Co. 2383, Co. 2384, Co. 2387, Co. 2394, Co. 2412 et Co. 2426.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 132, "Osiris debout, coiffé de l’Atef. Fouet et crochet. Le bas manque à partir des genoux. Haut. 18 cent. Bronze. Estimé dix francs."
Donation à l’État français en 1916.