Provenance inconnue
Époque romaine
L. 8,6 cm ; D. max. 0,35 cm
Os
Co. 5666
Provenance inconnue
Époque romaine
L. 8,6 cm ; D. max. 0,35 cm
Os
Co. 5666
L’os offre une teinte crème blanchâtre, seulement altérée, au deux tiers de la longueur de l’objet par de petites taches brun foncé. L’extrémité distale de l’instrument est cassée.
L’ustensile est pourvu d’une tige droite et cylindrique, sans pointe, légèrement renflée au deux-tiers de sa longueur. L’extrémité distale amincie donne naissance à un cuilleron au contour circulaire ou ovalaire. Ce dernier est faiblement incliné par rapport à l’axe de l’objet. Le cure-oreille ou ligula, comme la sonde-cuiller, dont le musée Rodin conserve un exemple (Co. 5670), appartient à la catégorie des ustensiles liés aux soins hygiéniques, et plus particulièrement à celle des instruments servant à la manipulation et à l’application de divers substances ou cosmétiques.
Sujet d’une épigramme du poète Martial (XIV, 23), le cure-oreille constitue une typologie d’objet aussi courante en Occident que dans les provinces orientales. Souvent réalisé en bronze (BERTRAND 2003, p. 99-112), cet accessoire a pu voir sa fonction hygiénique délaissée en faveur d’un usage médical. Dans le cadre d’un emploi à des fins curatives, il devait servir à nettoyer des plaies ou à appliquer un remède. La finesse de la palette lui a sans doute valu d’être mis aussi à contribution dans la préparation de produits pharmaceutiques ou cosmétiques, ainsi que dans l’application d’onguents ou de fards (SCHENK 2008, p. 40-41).
Mentionné dans nombre de publications anciennes, les cure-oreilles ou spatules, sont bien répertoriés en Égypte (Musée égyptien du Caire : STRZYGOWSKI 1904, n° 8886, p. 205, pl. XIX ; musée de Berlin : WULFF 1909, n°502, p. 128, pl. XXI ; PETRIE 1927, n° 68, p. 28, pl. XXIII). Les exemplaires découverts sur le site de Didymoi (BRUN 2011, p. 127, p. 151 fig. 234-4), et dans les thermes d’Alexandrie (RODZIEWICZ 1979, 4 p. 136, n°2), attestent l’utilisation de cet instrument sur l’ensemble du territoire. Toutefois, cet ustensile semble davantage répandu en Occident. On le rencontre, pour la partie orientale du bassin méditerranéen, en Grèce à Corinthe et à Thessalonique, en Crète à Knossos, en Turquie à Smyrne et à Césarée maritime en Israël.
Cet instrument aux multiples usages semble avoir bénéficié d’une durée de vie assez longue, de l’époque romaine à la période byzantine, privilégiant soit une palette lenticulaire plate, comme dans notre cas, soit une extrémité concave. S’il paraît se généraliser au Ier siècle ap. J.-C., le cure-oreille abonde dans les contextes du IIe-IIIe siècle. Son usage se maintient à la fin de l’Antiquité, puisque des artefacts ont été mis au jour dans des niveaux du IIIe-IVe siècle à Césarée maritime, ou encore plus tardifs à Alexandrie.
Comparaisons
-Avenches (SCHENK 2008, p. 40-41, n° 377-378 p. 188, fig. 107 p. 265).
-Césarée maritime (AYALON 2005, n° 167-168 p. 50, p. 234-235)
-Corinthe (DAVIDSON 1952, p. 184-185, n° 1337-1338, 1344 pl. 82-83).
-Lyon (BÉAL 1983, n° 762-764 p. 241-2426, pl. XLII).
-Mayence (MIKLER 1997, p. 36-37, fig. 9-14 pl. 27).
-Paris, musée Rodin, Co. 3644.
-Thessalonique (ANTONARAS 2016, fig. 362 p. 219).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.