ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe– XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,9 cm ; L. : 2 cm ; P. : 2,6 cm
Co. 5611
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISIÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe– XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7,9 cm ; L. : 2 cm ; P. : 2,6 cm
Co. 5611
L’œuvre est en mauvais état de conservation. La surface métallique est très oxydée et corrodée. De nombreuses concrétions recouvrent la statuette. Le sceptre que tenait Amon dans sa main gauche a disparu, de même que les deux hautes plumes qui finissaient la couronne.
La statuette Co. 5611 figure le dieu Amon debout, dans la position de la marche apparente. Son bras droit est allongé le long de son corps, poing serrant un attribut aujourd’hui indiscernable, probablement la pièce d’étoffe mekes ou une croix ansée ankh. Son bras gauche est plié vers l’avant, sectionné au niveau du poignet. Il est possible de restituer qu’il brandissait un long sceptre devant lui, probablement le sceptre ouas qui était un attribut usuel des dieux égyptiens majeurs.
Le dieu est couronné de sa coiffe traditionnelle, un mortier au bord supérieur légèrement évasé surmonté de deux hautes plumes droites, aujourd’hui disparues. On remarque que ces plumes étaient rapportées dans une encoche située au centre du mortier (voir les clichés de profil). Une barbe postiche divine, aujourd’hui noyée dans les concrétions, prolonge son menton. Amon est vêtu d’un pagne chendjit court, peu visible de dos.
La mauvaise conservation de cette statuette ne permet pas d’en donner une description plus précise.
Amon est un dieu dynastique, seigneur de Karnak à Thèbes et de nombreux autres sanctuaires. De tous les dieux du panthéon égyptien, Amon est dès l'origine un dieu dynastique (Antef II). C’est à partir du Moyen Empire, sous le règne d’Amenemhat Ier, fondateur de la XIIe dynastie, qu’Amon devient le roi des dieux et donc « Amon, roi des dieux, maître des trônes du Double Pays ». Les égyptiens tirèrent parti de son nom, qui signifie "le caché", pour élaborer la théologie. Il emprunte donc certains éléments de cultes voisins, notamment ceux des dieux héliopolitain et memphite. En effet, dans un passage des Hymnes d’Amon du Papyrus de Leyde, il est écrit : « Son nom est caché en tant qu’Amon, il est Rê par le visage ; son corps est Ptah » (I 350). On fit de lui un dieu primordial, responsable de toute création et on le plaça à la tête d’une grande ogdoade, celle d’Hermopolis, son double féminin Amonet et lui régnant dans la tradition hermopolitaine.
Amon était aussi associé à la fertilité de par ses prérogatives fondatrices du monde. Il adopte alors la forme ithyphallique de Min et prend le nom d’Amon-Min-Kamoutef. Il porte sous cette forme un vêtement momiforme d’où s’échappe son phallus érigé, figurant la virilité créatrice, et peut parfois avoir la peau noire, voir par exemple la figurine en bois Co. 2451 - Co. 6254 conservée au Musée Rodin.
En tant qu’Amon-Rê, seigneur des temples de Karnak, que tous les rois depuis le Moyen Empire ont cherché à embellir et agrandir, il est représenté la peau bleue, couronné d’un mortier surmonté de deux hautes plumes droites. Il peut être aussi criocéphale ou de façon plus rare prendre la forme de ses animaux sacrés, le bélier aux cornes recourbées et l’oie du Nil. Avec Mout, sa parèdre, et Khonsou leur enfant, ils forment la triade thébaine qui se compte parmi les plus importantes de la théologie égyptienne. À l’est de son grand temple de Karnak, il possédait un sanctuaire d’« Amon-qui-écoute-les-prières » où il répondait aux suppliques et rendait des oracles comme en témoignent les « stèles à oreilles » que lui adressaient ses fidèles. La statuette Co. 5611 pourrait certainement avoir eu ce rôle d’offrande et d’intercesseur avec le dieu. Elle aurait été déposé par un dévot dans l’un des nombreux centres de culte d’Amon afin d’obtenir ses faveurs.
Malgré ces formes les plus communes, Amon peut se manifester sous bien d’autres figurations. Il est parfois léontocéphale, sous la forme d’un faucon ou d’un criosphinx.
Son culte, qui avait été placé au premier rang par les rois koushites, déclina quelque peu après le sac de Thèbes par les Assyriens, bien qu’à l’époque gréco-romaine il soit toujours identifié à Zeus.
Les collections du musée Rodin conservent deux autres statuettes d’Amon présentant la même attitude, Co. 783 et Co. 1461.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrines 23 et 24, 518, "Lot de huit bronzes en très mauvais état de conservation : deux Osiris debout (haut. 18 cent. 1/2 et 11 cent. 1/2), un Amon debout (78 millim.), un Harpocrate assis (7 cent.), une Sokhmit fragmentaire debout (9 cent.), un Bès debout (6 cent.), un Norfitoum debout (9 cent. 1/2), un bas de divinité assise (9 cent.). Estimé vingt cinq francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.
La statuette était exposée à Meudon, dans une vitrien du pavillon de l'Alma, du vivant de Rodin.