PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7 cm ; L. : 3,4 cm ; Pr. : 1,8 cm
Co. 2659
PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE OU ÉPOQUE ROMAINE
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 7 cm ; L. : 3,4 cm ; Pr. : 1,8 cm
Co. 2659
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est oxydé et a pris une teinte noire. Il manque le bras droit et les détails sont patinés.
Une tâche circulaire verte est visible au milieu du dos. Il pourrait s’agir d’un témoignage de l’ancien système de soclage. De la terre d’enfouissement est toujours incrustée dans les plis de la robe.
L’œuvre Co. 2659 figure probablement la déesse Isis-Aphrodite debout en contraposto, les jambes côte à côte avec un très léger déhanché vers la droite, la tête tournée sensiblement vers la gauche. La statuette est très aplatie, la face arrière est concave. Son bras droit a disparu.
La divinité était originellement coiffée d’un diadème à trois pointes, comme la statuette conservée au Musée Rodin Co. 1441. Par comparaison, on devine que la pointe centrale était pentagonale et les deux pointes extérieures ovales. Cette couronne est posée au sommet du crâne sur un long tissu qui capuchonne la figure. Il descend en se plissant simplement dans le dos, recouvrant tout détail anatomique. À l’avant, le vêtement enveloppe le bras gauche, le bassin au niveau de la taille et tombe jusqu’en-dessous des genoux. Un second tissu est passé sous la cape. Il présence un décolleté en V bouffant et recouvre jusqu’aux pieds visibles uniquement par la présence de pointes de chaussures fermées. Il est décoré d’une succession de lignes obliques, créant un motif en dent de scie, séparées de points. Cette ornementation a pu être faite après moulage de l’œuvre. Seuls le visage, le bras droit et l’avant-bras gauche ne sont pas vêtus.
De larges mèches de cheveux, séparées de profonds sillons obliques, entourent le visage de la déesse en recouvrant les oreilles. La face, très mal conservée, est grossièrement modelée. Le front est petit, les yeux sont simplement marqués par deux sillons parallèles, le nez est large et empâté et la bouche semble former un petit sourire. Le bras gauche est également modelé avec simplicité. Le bras est la partie de la statuette la plus épaisse, probablement parce que l’attribut qu’elle tient était l’élément le plus important, nécessaire à la reconnaissance de la déesse représentée. La main forme un ensemble compact sans dissociation des doigts, seul le pouce est distinct. La déesse saisit un objet circulaire assez épais qui serait probablement un miroir à boite. Une croix et plusieurs points placés entre les barres de la croix ont été dessinés sur le dessus. Le modèle d’Aphrodite se mirant est assez connu, on trouve un exemple au Musée du Louvre Br418. Au Penn Museum de Philadelphie, une autre statuette similaire à Co. 2659, provenant de Chypre, y est conservée, MS150. Elle est également très plate et tient un objet rond dans sa main droite. En revanche, le Penn Museum considère qu’il s’agit d’une vaisselle de type patère ou d’un tympanon et qu’il faut donc y voir la déesse Cybèle.
Il est possible que même avant l’époque hellénistique Isis soit associée à Aphrodite, à travers leur lien mutuel avec la déesse Hathor. À l'époque romaine, un culte important est rendu à Aphrodite en Égypte et en Syrie grâce, entre autres, aux conquêtes d’Alexandre le Grand. Les récits mythologiques la font naître de l’écume de la mer devenue fertile grâce au phallus d’Ouranos, dieu du ciel, tranché suite à une dispute avec son fils le titan Cronos. Aphrodite est donc fille du Ciel et de la Mer. Elle symbolise l’âme sortant purifiée des eaux. Les chrétiens d’Égypte, les Coptes, y voyant un précurseur du baptême adoptent rapidement ce rite, de même que les égyptiens suivant encore l’ancienne religion qui rapprochent Aphrodite, ou Vénus pour les romains, des dieux démiurges émergeant des eaux primordiales.
Certains contrats de mariage des premiers siècles de notre ère trouvés en Égypte comprennent, dans la liste des parapherna, une statuette en bronze, plus rarement en argent, de la déesse. Les laraires placés à l'intérieur des maisons pouvaient également contenir une effigie d'Aphrodite. Divinité protectrice des femmes et du mariage, elle y est présentée comme la forme hellénisée des déesses indigènes, Isis-Hathor et Astarté déesse proche-orientale dont le culte a été importé au Nouvel Empire.
Sœur-épouse d’Osiris et mère d’Horus (ou Harpocrate), Isis est aussi ancienne que la civilisation égyptienne. Bien que ses origines restent floues, elle est la dernière divinité à avoir été vénérée sur le territoire égyptien et au-delà, grâce à la diffusion de son culte dans l’Empire romain. Isis est avant tout la « mère du dieu » qu’elle a conçu grâce à ses dons de magicienne. Elle est aussi une déesse rusée puisque dans la Légendes d’Isis et de Rê, elle réussi à faire révéler à Rê son nom secret en prenant l’apparence d’une vieille femme venue pour le soigner d’une morsure de serpent qu’elle avait elle-même créé. À la Basse-Époque, Isis est vénérée dans des temples qui lui sont propres. Elle se démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité par son image nourricière. Isis reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. À cause de toutes ces facettes de la divinité, l’iconographie d’Isis est extrêmement variée. Elle peut être à la fois totalement anthropomorphe, ou milan, ou vache, lionne et ou encore hippopotame, scorpion ou cobra.
Isis forme avec Osiris et Horus la triade d’Abydos, puis à l’époque gréco-romaine, la triade isiaque aux côtés de Sérapis – qui a supplanté Osiris – et d’Harpocrate.
Voir les notices des statuettes conservées au musée Rodin pour plus d’informations sur ces divinités : Co. 687 (Harpocrate), Co. 772 (Osiris) et Co. 1230 (Sérapis).
Produites dans des ateliers locaux, ces figurines telles que l’œuvre Co. 214 sont généralement adaptées de célèbres statues de la déesse. Des représentations semblables se retrouvent dans le domaine de la terre cuite. L’image de la déesse se mirant est une lointaine adaptation de l’Aphrodite pséliounéné (attachant son collier) attribuée à Praxitèle, sculpteur grec du IVe siècle avant notre ère.
Les collections du musée Rodin conservent une œuvre tout à fait similaire, Co. 1441.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.