Applique de mobilier

Néréide

Égypte > provenance inconnue

Fin du Ve-VIe siècle ap. J.-C. ?

H. 4,2 cm ; L. 11,9 cm ; P. max. 0,9 cm

Os, tibia ou radius de bœuf

Co. 2264

Comment

State of preservation

Cassée en partie inférieure et sur son bord senestre, l’élément de placage offre sur sa face principale une couleur jaune clair, qui vire vers un ton plus ambré au revers. De discrets sédiments subsistent sur les deux faces. On observe aussi de petites taches ocre orangé. La large dépression ovale, située sous le bras droit de la Néréide, correspond sans doute à un défaut de l’os engendré peut-être par une pathologie.

Description

Bien qu’elle soit cassée sous la poitrine, la Néréide semble nager vers la gauche, tout en regardant dans la même direction. Afin de retenir son voile soulevé et emporté par la brise marine qui s’engouffre dedans, elle écarte ses bras. L’étoffe aux plis mous décrit un arc-de-cercle aplati, devant lequel se détache le profil droit de la jeune femme. L’amorce d’une courbe près de la cassure située à senestre, peut laisser supposer la présence d’un autre voile, qui aurait alors surmonté la tête d’une figure située sur une applique contiguë. On retrouve une attitude similaire sur le relief Co. 2133 du musée Rodin. Toutefois, la nymphe sculptée sur cette pièce de comparaison, offre une silhouette plus gracieuse, évoluant vers la droite, mais détournant la tête. Plusieurs exemplaires de l’ancienne collection Herold, au styles différents, conservés à l’Albertinum Museum de Dresde, exploitent aussi ce modèle iconographique (PAGENSTECHER 1913, n° 6, 7, 10, 11 p. 233, pl. LVII-6,10,11).

 

La créature marine présente un visage joufflu aux traits indiqués de façon rudimentaire. La base du nez, du reste, assez fort, se confond avec l’ouverture de la bouche. Une chevelure lisse, en « calotte », surmonte ce visage très schématique. À un cou massif se greffent des bras rigides. L’allongement du bras droit vient souligner l’horizontalité du corps. La main n’est même pas sculptée. L’hésitation perceptible dans la définition des contours, alliée à une lourdeur des formes caractérisée, éloigne notre applique de l’exemplaire Co. 2133. Fait du hasard de la conservation ou choix délibéré, le schéma iconographique de la Néréide aux bras tendus, se rencontre sur des pièces au modelé peu prononcé et au graphisme appuyé. Le corps de la Néréide a été déformé de façon à s’adapter au mieux aux contraintes inhérentes à la forme de l’os.

 

Ce rendu synthétique de la figure humaine, allant de pair avec des gestes rapides et saccadés, s’inscrit dans une recherche esthétique nouvelle, qui se profile à la fin de l’Antiquité. Le style allusif, qui insiste sur l’aspect graphique de la silhouette et repose sur la simplification des formes, trouve un écho parlant dans la pièce Co. 2217-Co. 2323 du musée Rodin. Le traitement des visages, au profil mal restitué, offre en effet des correspondances avec notre spécimen. Le manque d’analogie bénéficiant d’un contexte archéologique assuré constitue un frein pour la datation de ce fragment. Sur la base d’un rapprochement stylistique opéré avec des appliques appartenant à d’autres institutions, nous pouvons proposer une réalisation à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. Ce motif de la nymphe nageant vers la gauche est en effet repris sur deux appliques, l’une conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre (AF 898), l’autre au musée de Nicosie en Chypre (cf. LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 351-352 p. 303, pl. 93). Si le style de ces pièces diverge, ces œuvres attestent la continuité de cette image à l’époque byzantine. Le fragment 12749 du musée Benaki, que l’on peut sans doute attribuer à l’époque omeyyade (LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, n° 350352 p. 303, pl. 93), confirme sa perpétuation, durant les siècles suivants.

 

Marquage

Au revers, sur la face interne du bord supérieur, 201 marqué à l'encre violette.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2133 (comparaison iconographique), Co. 2217-Co. 2323 (style).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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