Ménade au tympanon

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIe siècle ap. J.-C. ?

H. 6,8 cm ; l. 3,5 cm ; P. max. 1,6 cm

Os, humérus gauche de bœuf, face latérale

Co. 2051

Comment

State of preservation

Brisée sur tous ses côtés, l’applique ne conserve qu’un petit segment de son chant sommital et une partie de son bord dextre. Un large éclat endommage le vêtement sous la taille de la jeune femme. Côté senestre, la cassure suit la ligne courbe du bras relevé et du buste. De couleur crème sur ces deux faces, la pièce présente au dos de profondes trabécules qui abritent encore des sédiments.

Description

Tournée vers la gauche, la jeune femme à la pose contournée, dirige son regard vers la même direction. Son bras gauche relevé, qui décrit un arc-de-cercle juste au-dessus de sa tête, retient un tambourin, placé à l’arrière. C’est sans doute le manque de place en hauteur qui a contraint ici le sculpteur à disposer l’ovale du tympanon contre la chevelure de la bacchante, dans une juxtaposition peu vraisemblable. Cette même caractéristique peut être relevée sur l’applique Co. 2194 du musée Rodin, ou sur un relief exhumé sur le site d’Abou Mina (ENGEMANN 1987, p. 173 n. 11, pl. 17c), deux pièces accueillant une ménade à la pose presque symétrique.

 

Légèrement incliné vers l’arrière, le visage dont se découpe le profil droit, est traité avec une grande finesse. Au-dessus d’une joue bien rebondie se loge un petit œil à la pupille perforée, entourée d’une saillie de matière matérialisant la ligne des paupières. Le nez, plutôt fort, surmonte une bouche aux lèvres épaisses. Nouée en un chignon bas sur la nuque, la chevelure est coiffée en mèches ondulées. Le motif du bras brandissant un tambourin et encadrant le visage trouve une illustration analogue à l’applique étudiée, sur une pièce de la collection Barnes à Philadelphie (A 98h). Le chiton attaché aux épaules et ceinturé sous la poitrine, s’anime au niveau du kolpos de larges plis ondoyants et enflés sous l’effet du mouvement. Hormis le bras droit porté vers l’arrière de cette figure, de nombreux points concordent entre les deux éléments de placage, qui procèdent, de toute évidence, d’un modèle proche.

 

Présentant une qualité de facture indéniable, cette pièce apparaît encore fidèle par son traitement plastique aux représentations d’époque hellénistique. La volonté de restituer un volume presque tridimensionnel, le sens du mouvement perceptible dans l’animation du vêtement, ainsi que le traitement élaboré de la coiffure, invitent à placer la production de cette pièce au Haut-Empire. Un rapprochement mérite d’être initié avec l’applique 18894 du musée Benaki, essentiellement pour le visage. Celui-ci dévoile des traits similaires, rendus à l’aide des mêmes procédés techniques (MARANGOU 1976, p. 73, 123, n° 203, pl. 22a). L’œil délicatement perforé, bordé d’une paupière en léger ressaut, se retrouve aussi sur d’autres appliques de la même collection, assignées sur la base de critères stylistiques, au IIe siècle, par L. Marangou. En outre, on remarque ce même traitement, sur une pièce mise au jour dans le secteur du théâtre Diana à Alexandrie (RODZIEWICZ 2007, p. 68, n° 11, pl. 7-11, 88-1). Son attribution à l’époque antonine par E. Rodziewicz plaide en faveur d’une fabrication de notre pièce au IIe siècle.

 

 

Comparaisons 

-Abou Mina, missions archéologiques de l’Institut archéologique allemand (Deutsches Archäologisches Institut) (attitude presque symétrique, mais style différent).

-Athènes, musée Benaki, 18894 (visage).

-Paris, musée Rodin, Co. 2194 (attitude presque symétrique, mais style différent).

-Philadelphie, fondation Barnes, A 98h.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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