Material and technique

La conformation générale de l’os encore lisible à travers la découpe de l’applique, surtout au revers, a permis à F. Poplin de déduire qu’il s’agissait d’un humérus gauche de bœuf, comme pour les spécimens Co. 2113 et Co. 2117 du musée Rodin, dévolus à la même iconographie. L’épaisseur de l’os compact engage dans ce cas à identifier précisément, non pas une face latérale d’humérus, mais une face médiale. L’artisan, selon un procédé fréquent a sculpté la pièce dans le sens inverse à la position anatomique. La partie distale, étroite, a reçu la tête de la figure, alors que les jambes, nécessitant plus d’espace, ont été dégagées dans la partie proximale.

 

Les similitudes qui s’observent entre notre pièce et l’applique 81156. A du musée d’Archéologie nationale, laissent à penser que ces deux pièces ont été façonnées dans la même partie de l’organe osseux. Sur chacun de ces reliefs, un piquetage marque la cuisse droite de la ménade, correspondant au tissu osseux spongieux qui transparaît sur la face principale. On note également la même volonté d’exploiter le dessin des fibres de l’os, notamment à l’emplacement de l’épaule droite.

 

Malgré son état d’usure, l’applique conserve de nombreuses traces liées à son façonnage. Les chants supérieur et inférieur conservent des traces de sciage et d’abrasion. Les bords internes, au dos, sont barrés de stries régulières, sans doute imputables à l’emploi d’une lame abrasive. Les butées de la lame d’un petit ciseau, utilisé pour dégager la silhouette de la matrice osseuse, ou régulariser l’arrière-plan, se lisent encore aisément à l’œil nu. Les contours hésitants du corps et les détails anatomiques ont été tracés par une main rude employant un burin à lame pointue.

Material change

Au dos de la pièce, dans le creux de la cavité médullaire, est collée une étiquette rectangulaire ornée d’un liseré bleu festonné souligné par des bords dentelés. Celle-ci était autrefois inscrite d’un numéro à l’encre brune, mais ce dernier s’est complètement effacé en raison d’une exposition à l’humidité. Par deux fois, un modèle identique d’étiquette a pu être identifié sur des appliques du musée Rodin. Les pièces Co. 2067 et Co. 2085 conservent effectivement, collée au dos, une étiquette supportant un numéro composé d’un nombre à quatre chiffres, suivis de plusieurs lettres.

 

Un parallèle a pu également être établi avec une série d’étiquettes au marquage semblable, repérées sur des éléments de placage en os conservés au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. C’est grâce au registre manuscrit du musée Guimet que la provenance de cet ensemble peut être éclairée. E. Guimet aurait acquis ces dix appliques découvertes à Alexandrie, le 14 septembre 1905, par l’entremise d’un des membres de la famille Tano, dynastie de marchands d’antiquités établie au Caire. Le fait de retrouver ces mêmes étiquettes sur plusieurs reliefs en os du musée Rodin invite à penser que le sculpteur a sans doute enrichi sa collection par l’intermédiaire des mêmes antiquaires. Son achat de deux masques funéraires en stuc égyptiens datant de la période romaine, en 1903, à P. Tano, atteste le lien qu’il entretenait avec ces spécialistes du commerce d’antiquités.

State of preservation

Conservée presque dans son intégralité, l’applique a tout de même perdu la partie inférieure de son bord interne senestre. Un fendillement du tissu compact altère la face externe, surtout au niveau de la poitrine, du ventre, du bras droit et sous le bras gauche de la figure. La présence de soulèvements stables, sans doute en partie générés par un travail heurté de la matière osseuse, peut être aussi relevée.

 

De couleur crème, l’os est recouvert d’une épaisse couche de sédiments bruns, essentiellement concentrée sur la partie supérieure senestre de la pièce. Remplissant les parties en creux, celle-ci affecte la lecture des traits du visage, du haut du buste et de l’attribut brandi par la ménade. S’y surimposent de larges taches ocre orangé, notamment sur le cou de la jeune femme, sur la zone située au-dessus de la poitrine, ainsi qu’en partie basse du bord dextre. On relève une importante usure, qui se caractérise par une surface lustrée et un émoussement des angles.

 

Le dos de cet exemplaire offre une teinte ambrée soutenue uniforme. D’importantes fissures et fentes verticales courent sur toute la hauteur des bords internes. Le bord dextre est, en effet, fortement fragilisé par une fissure ouverte importante. On remarque l’existence de petites concrétions dans le réseau de trabécules, au bas de la cavité médullaire de l’os.

Restoring actions

Recouvert d’une épaisse couche de salissure, l’applique a bénéficié d’un nettoyage enzymatique, suivi d’un rinçage à l’éthanol, qui a facilité l’appréhension de son relief et des incisions pratiquées dans la partie supérieure. Cette intervention a été réalisée par V. Picur en 2018-2019.

< Back to collection