ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 4,5 cm ; L. : 2 cm ; P. : 2,6 cm
Co. 1487
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
TROISÈME PÉRIODE INTERMÉDIAIRE OU ÉPOQUE TARDIVE OU ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXIe - XXXIe dynastie > 1069 - 30 AVANT J.-C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 4,5 cm ; L. : 2 cm ; P. : 2,6 cm
Co. 1487
L'oeuvre présente un très mauvais état de conservation.
Elle est extrêmement oxydée au point de ne plus pouvoir discerner aucun détail anatomique. Il manque la tête et les tibias de l’enfant, la partie supérieure de la couronne d’Isis et ses membres inférieurs à partir des tibias. Afin de présenter l’objet sur un support, une perforation récente a été ménagée entre les jambes et les bras de l’enfant.
L’œuvre figure une déesse portant un enfant sur ses genoux. Il s’agit d’un type de statuette bien connu, où Isis allaite son fils Horus-l’Enfant, appelé également Harpocrate. Sur cette forme d’Horus (Hor-pa-Khered en égyptien, Harpocrate en grec), image populaire du dieu-fils du panthéon égyptien, voir SANDRI Sandra, Har-pa-Chered (Harpokrates). Die Genese eines ägyptischen Götterkindes, OLA 151, 2006 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Harpocrate », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 173-175. Suivant une posture classique à l’iconographie d’une déesse allaitante, Isis soutenait de sa main gauche la tête d’Horus, aujourd’hui disparue, et posait la main droite sur son sein gauche pour faciliter l’allaitement. Ses jambes étaient probablement jointes. Horus est assis sur les genoux de sa mère, les bras le long du corps et les jambes serrées.
Il est possible de restituer qu’Isis est vêtue d’une longue robe moulante et que sa perruque tripartite est surmontée d’une dépouille de vautour, attribut des mères de roi d’Égypte. De la coiffe ne subsiste que le socle d’uraei dressés, qui supportait une couronne hathorique composée d’un disque solaire flanqué de deux cornes de vache. La tête d’Horus a disparu mais il est possible de supposer qu’il était coiffé d’un bonnet orné d’un uraeus frontal et d’une mèche de l’enfance sur le côté droit, représentation classique pour ce personnage.
L’objet est de petite taille et l’importante oxydation du métal rend aujourd’hui l’anatomie des personnages impossible à observer. On note seulement que la taille et les bras d’Isis sont fins.
Au-delà de l’image de l’amour maternel, les statuettes d’Isis allaitant Horus illustrent un des mythes fondateurs de la civilisation et de la royauté égyptienne. Prodiguant ses soins au fils posthume d’Osiris, Isis assure la survie de son enfant et le protège des puissances maléfiques représentées par Seth. Mécontent de n’être que le frère du roi Osiris, Seth assassine son propre frère puis s’attaque à l’héritier du trône Horus. Or Isis, magicienne experte et déesse nourricière, cache son enfant dans les marais du Delta afin d’assurer la succession. Outre la symbolique mythologique, ces statuettes représentent également l’image du roi allaité par une divinité, image connue depuis l’Ancien Empire grâce entre autres aux Textes des Pyramides qui font mention d’Isis allaitant le roi (cf. LECLANT Jean, « Le rôle du lait et de l’allaitement d’après les Textes des Pyramides », JNES 10, 1951, p. 126). C’est par cet acte maternel que la déesse offre au souverain protection divine et le reconnaît comme étant de caractère divin. À l’origine, l’allaitement concerne exclusivement la survie du roi, avant d’être sous Montouhotep II (Moyen Empire, premier roi de la XIe dynastie), associé au couronnement pharaonique. En affirmant sa filiation au dieu Horus-l'Enfant, il lui accorde la légitimité nécessaire pour régner. L’allaitement assure ainsi la continuité et la perpétuité de sa souveraineté.
À la Basse-Époque, Isis obtient un culte propre qui la démarque peu à peu du mythe osirien et par conséquent des cultes funéraires. Dans la pensée populaire, elle est étroitement associée à Hathor, déesse vache incarnant la prospérité grâce à son image nourricière. Elle reprend ainsi symbolisme et attributs d’Hathor, notamment les cornes de vache flanquant le disque solaire de la couronne. Isis devient par la suite l’emblème de la féminité et l’une des déesses les plus populaires en tant qu’épouse d’Osiris et mère d’Horus. Pour une présentation générale d’Isis, voir DUNAND Françoise, Isis, mère des dieux, Paris, 2000 puis Arles, 2008 et CORTEGGIANI Jean-Pierre, « Isis », L’Égypte ancienne et ses dieux. Dictionnaire illustré, s. l., 2007, p. 244-249. Sur le rayonnement d’Isis dans le monde méditerranéen, voir le catalogue de l’exposition à Milan en 1997, ARSLAN Ermanno (dir.), Iside. Il mito, il misterio, la magia, Palazzo Reale, 22 février-1er juin 1997, Electa, Milan, 1997.
Ces statuettes, issues de commandes privées, étaient déposées dans les sanctuaires dédiés à la déesse afin d’accorder vie, prospérité et santé au dévot, comme Isis les a accordées à son fils et aux souverains égyptiens. Pour un corpus iconographique d’Isis Lactans à l’époque gréco-romaine, voir TRAN TAM TIHN Vincent, LABRECQUE Yvette (coll.), Isis lactans. Corpus des monuments gréco-romains d’Isis allaitant Harpocrate, Etudes préliminaires aux religions orientales dans l’Empire romain 37, Leyde, 1973.
Ce type de statuette était largement répandu à partir de la Troisième Période intermédiaire. Nombre de musées en possèdent dans leurs collections, en grande quantité. Nous ne donnons ici que quelques exemples datant tous de la Troisième Période intermédiaire ou de la Basse-Époque.
Musée du Louvre, Paris : E 3637, N 5022, AF 13341, E 3636 ...
Metropolitan Museum of Art, New York : 17.190.1641, 45.4.3a et b, 1972.62, 04.2.443 ...
Museo Egizio di Torino, Turin : Cat. 0154, S. 00034, S. 00033, Cat. 0156 ...
Penn Museum, Philadelphie : E 14293, E 14328, E 502, E 504, E 880 ...
Walter Art Museum, Baltimore : 54.415, 54.416, 54.417, 54.792 ...
Les collections du musée Rodin conservent d’autres exemples d’Isis Lactans, notamment Co. 209, Co. 210, Co. 2370, Co. 2409, Co. 2429, Co. 2433 et Co. 5787.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : 354 ?
Donation à l’État français en 1916.