ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J. C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 8,2 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 1,6 cm
Co. 1236
ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
ÉPOQUE ROMAINE > 30 AVANT J.-C. – 395 APRÈS J. C.
BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)
H. : 8,2 cm ; L. : 3,3 cm ; P. : 1,6 cm
Co. 1236
L’œuvre est en mauvais état de conservation.
Le métal est oxydé, les détails sont patinés et les deux mains sont manquantes. Des concrétions sont visibles sur l’ensemble de la statuette, particulièrement dans les plis du drapé. Le socle originel de la figurine a également disparu.
Cette petite statuette en alliage cuivreux figure une divinité syncrétique du panthéon gréco-égyptien, Sérapis ou peut-être Zeus Ammon. Le dieu est figuré debout dans une attitude typique de la statuaire hellénistique : en léger contrapposto, vêtu d’un chiton descendant jusqu’aux chevilles et d’un himation passé sur l’épaule gauche, rendus l’un et l’autre avec une abondance de drapés. La tête, tournée vers la droite, est coiffée d’une couronne de fleurs assez haute. Un bandeau plat ceint le front de la divinité et le haut de la nuque. La chevelure est séparée par une raie centrale d’où s’échappent des boucles et des ondulations, rejointes par une barbe épaisse et fournie. Accompagnant le mouvement des membres inférieurs, le bras droit se détache du corps. Le bras gauche est placé le long du corps ; l’avant-bras était très vraisemblablement étendu. L’état de conservation de la statuette ne permet pas de confirmer si ses pieds étaient vraiment chaussés. La petite base carrée sur laquelle se tient le dieu est très altérée.
Les traits du visage sont très émoussés et aujourd’hui déformés : les arcades sourcilières sont proéminentes, les yeux globuleux, le nez écrasé et le cou masqué. Quelques maladresses formelles sont repérables, comme la longueur exagérée de l’avant-bras gauche et l’absence générale de modelé des membres.
La couronne florale de la figurine Co. 1236 se retrouve sur la plupart des représentations de Sérapis, qu’il s’agisse de lampes à huile, de bustes ou de statuettes en terre cuite : un exemple proche de l’objet du musée Rodin est la statuette du Metropolitan Museum of Art de New York Inv. N° 17.194.2115. Création des premiers souverains ptolémaïques, le dieu Sérapis mêle les aspects du dieu grec Hadès à la divinité, déjà syncrétique, qui réunissait le taureau solaire Apis au dieu des morts Osiris. Il compte parmi les divinités les plus vénérées de l’Egypte gréco-romaine et son culte se retrouve sur le pourtour méditerranéen.
En l’absence des attributs que brandissait le dieu, une autre identification peut être proposée. Cette coiffure caractérise en effet un autre dieu syncrétique de l’époque hellénistique, Zeus Ammon, comme par exemple sur le chaton d’une bague graphique d’époque romaine conservé au British Museum (inv.no. 1872.0604.209).
Dieu grec et romain du ciel, Zeus/Jupiter est associé au tonnerre et à la foudre ainsi qu’à la guerre, à la justice et surtout au pouvoir et à l’autorité politiques. Divinité majeure du panthéon, des temples lui étaient dédiés dans toutes les zones sous influence romaine. Dans le contexte des syncrétismes religieux de l’Egypte des derniers temps, le dieu Zeus a été associé à la figure d’Amon. Zeus Ammon, dans son orthographe grecque, adopte l’iconographie de Zeus à laquelle sont généralement adjointes, de part et d’autre du visage, les cornes de bélier caractéristiques des figurations d’Amon depuis le Nouvel Empire.
Par ailleurs, si le bras gauche de la statuette est placé le long du corps, on devine que le bras droit fragmentaire s’avançait vers l’avant ; une figurine similaire du Walters Art Museum (inv.no. 54.981) montre un Jupiter tenant au bras un aigle, symbole de ce dieu. Si l’on opte pour une interprétation de cette statuette comme une représentation de Jupiter/Zeus Ammon, on peut proposer une restitution analogue pour la position des bras. S’il s’agit de Sérapis cependant, il est plus probable que la statuette ait tenu à la main un sceptre, courant dans l’iconographie de ce dieu.
Création des premiers souverains ptolémaïques, le dieu Sérapis mêle les aspects du dieu grec Hadès à la divinité, déjà syncrétique, qui réunissait le taureau solaire Apis et le dieu des morts Osiris. Il compte parmi les divinités les plus vénérées de l’Égypte gréco-romaine et son culte s’exporte même ailleurs en Méditerranée, quoiqu’il connaisse une faveur moins exceptionnelle que celui de la déesse Isis.
Il s’agit de l’unique statue en bronze de Sérapis ou de Zeus Ammon conservée au musée Rodin.
Anépigraphe. Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
Donation à l’État français en 1916.