Égypte > provenance inconnue
Probablement Basse Époque ou Époque ptolémaïque > 664-323 av. J.-C. > 332-30 av. J.-C.
Grès silicifié à dominante rouge
H. 7 cm ; L. 6,1 cm ; P. 5,8 cm
Co. 2342
Égypte > provenance inconnue
Probablement Basse Époque ou Époque ptolémaïque > 664-323 av. J.-C. > 332-30 av. J.-C.
Grès silicifié à dominante rouge
H. 7 cm ; L. 6,1 cm ; P. 5,8 cm
Co. 2342
L’objet est en assez mauvais état. La tête, seul élément conservé de la statue, est sectionnée à la base du cou. La couronne, l’oreille gauche, le nez et la barbe postiche présentent de gros éclats. L’uræus protecteur, qui remontait vers le haut de la couronne, a disparu. Par ailleurs, toute la partie supérieure de la coiffe du dieu est manquante, brisée dans un même impact. La statue est actuellement légèrement empoussiérée.
La tête Co. 2342 représente le dieu Osiris. Á l'origine, elle appartenait à une statue, dont la hauteur peut être estimée à une quarantaine de centimètres. Le dieu porte la couronne-atef qui lui est habituelle, constituée d’une couronne blanche flanquée de deux plumes latérales et d’un uræus frontal (aujourd’hui disparu). Cette couronne est aujourd’hui fragmentaire, tout comme la barbe postiche. On ne discerne aucune trace de polychromie. Un pilier dorsal, laissé anépigraphe, occupe toute la largeur de la tête.
Osiris, l’un des premiers rois d’Égypte selon la légende, devient le dieu des morts à la suite de son assassinat par son frère Seth, puis de sa résurrection par sa sœur et épouse Isis, qui fait de lui la toute première momie. Figure à la fois funéraire et royale, le dieu incarne le roi du monde des morts, en miroir de celui des vivants. Il permet la renaissance du défunt dans l’au-delà et, par association, personnifie le renouveau annuel de la végétation. Aux périodes tardives, tout défunt lui est même assimilé par antonomase, et il devient dès la fin du Nouvel Empire un élément essentiel de la culture matérielle funéraire, sous la forme notamment de statuettes. Il est généralement représenté comme un homme momifié, arborant des chairs noires ou vertes, tenant les sceptres royaux et portant une couronne-atef (CORTEGGIANI 2007, p. 397-401 : Osiris).
Malgré son état très fragmentaire, on peut observer sur la tête du musée Rodin de nombreux détails. Les yeux légèrement abaissés sur leurs coins internes, sont soulignés et étirés vers les tempes par un trait de khôl en relief. Ils sont surmontés par des sourcils fins mais denses, eux aussi figurés en relief. Le nez, assez abîmé, est large et triangulaire ; la bouche, petite, aux lèvres charnues, esquisse un léger sourire. Le dieu est attentif, il écoute les supplications et les prières et cette attitude est soulignée par l’étirement de son regard et la taille conséquente de ses oreilles, orientées subtilement vers le fidèle. Le front étendu, les pommettes hautes, la mâchoire carrée, forment un visage rassurant, aux traits virils, soutenu par un cou épais. Cet aspect robuste est renforcé par la couronne, que l’on devine imposante malgré les cassures et qui descend assez bas sur le front, ainsi que par la barbe postiche qui occupe toute la largeur du menton. La tête Co. 2342 peut être comparée à celle d’une autre statuette d’Osiris de dimensions légèrement inférieures, conservée à la Glyptothèque Ny Carlsberg de Copenhague (JORGENSEN 2009, p. 155, n°56 : Inv. N° ÆIN 152). Réalisée en stéatite, elle est datée de l’Époque ptolémaïque. L’une et l’autre, toutes deux brisées à la base du cou, arborent une couronne-atef similaire, dont les plumes latérales sont striées de multiples incisions en biais, appuyée sur un pilier dorsal. Les ressemblances au niveau des traits du visage sont notables : les yeux étirés, légèrement inclinés sur leurs bords internes, les larges oreilles, le léger sourire ou encore le menton et le cou charnus. On note cependant des différences entre les deux objets, dont la forme des sourcils ou le fait que la barbe postiche de l’exemplaire de Copenhague est clairement tressée, celle de Co. 2342 étant lisse. La statue théophore de Rwrw, conservée au Godwin-Ternbach Museum au sein du Queens College de New York, est datée de la XXVIe dynastie (COULON 2010, p. 135-137 et 151, 4b et fig. 3 : n° Inv. 60.19). Elle permet d’imaginer pour la tête Co. 2342 une restitution de l’aspect originel de la statue. Le dédicant - Rwrw - est debout, dans l’attitude de la marche. Il tient devant lui un naos inscrit dans lequel se trouve une statuette d’Osiris, naos qui a exceptionnellement conservé son panneau amovible de fermeture. La statuette d’Osiris, placée debout dans ce naos, arbore la même couronne-atef et des traits assez similaires, bien que le traitement des yeux et des oreilles (plus petites et ne touchant pas la coiffe) soit différent. Son corps est enserré dans un linceul momiforme, ne laissant apparaître que ses mains, tenant le sceptre heqa et le fouet nekhakha, insignes par excellence de la royauté pharaonique. Hors connaissance du contexte de découverte de l’objet, ou de son circuit d’achat depuis l’Égypte, il est difficile de restituer son lieu de provenance. La statue complète figurait soit un Osiris assis (peut-être dans ce cas l’image d’un roi défunt) soit un Osiris placé debout et enveloppé d’un linceul gainant. Elle serait le plus probablement à dater de la Basse Époque, voire de l’Époque ptolémaïque.
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrines 23 et 24, 528, "Tête d'Osiris coiffé de l'atef. Pilier dorsal anépigraphe. Basalte (?). Haut. 63 mill. Estimé vingt cinq francs."
Donation Rodin à l’État français en 1916.
La tête fut exposée dans une vitrine du pavilon de l'Alma à Meudon, là où Charles Boreux le décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.