Égypte > provenance inconnue
Les derniers temps > Basse Époque à Époque hellénistique et romaine
l. 3,4 CM ; L. 10 CM ; H. 5,9 CM
Calcaire
Co. 2374
Égypte > provenance inconnue
Les derniers temps > Basse Époque à Époque hellénistique et romaine
l. 3,4 CM ; L. 10 CM ; H. 5,9 CM
Calcaire
Co. 2374
L'œuvre est en mauvais état de conservation. Le matériau est très altéré. La pierre est oxydée et parcourue de cassures. La base est cassée dans les coins avant et arrière droits.
Cette statuette inachevée taillée dans un calcaire fin, à voir comme un modèle de sculpteur destiné à l’entraînement, représente un hippopotame debout sur une petite base, saisi en train de brouter.
La statuette est relativement sommaire mais l’image de l’hippopotame correspond aux canons égyptiens si on la compare à la petite figurine de moins de 8 cm de long, datée du Moyen Empire et conservée au musée du Louvre (Inv. N 3774, voir la notice de Sylvie Guichard in Des animaux et des pharaons 2014, p. 32, cat 9) ou bien à la statue grandeur nature de 1,80 m de long (aujourd’hui acéphale) réalisée en albâtre et retrouvée dans le temple de millions d’années d’Amenhotep III à Thèbes (KH Inv. 4000, voir SOUROUZIAN 2016, p. 411-414).
Le travail de taille s’est arrêté avant l’étape de finition : certaines parties de la sculpture, à l’instar des pattes, ne sont qu’ébauchées. Ainsi, les quatre doigts onglés et légèrement palmés, une des caractéristiques de ce grand herbivore, ne sont pas matérialisés. Les trois replis du cou sont bien indiqués alors que les protubérances des yeux, des oreilles et des narines, seules parties visibles de l’hippopotame immergé toute la journée, se fondent dans la masse corporelle. Les yeux sont indiqués par un léger renfoncement. Le museau est assez sommaire et la bouche est marquée par une ouverture des deux lèvres. La queue est en léger relief et se recourbe sur le postérieur de l’animal. Les pattes antérieures sont dressées, les deux pattes postérieures légèrement repliées ; l’animal est en mouvement, pattes gauches antérieure et postérieure avancées. La panse légèrement rebondie, il s’avance en broutant. L’espace entre le bas de la gueule et le socle n’est pas complètement évidé.
Sur le dessus de l’œuvre, une ligne tracée de la queue au museau délimite un axe de symétrie. Des lignes de repérage sont gravées sous la base ainsi que sous la patte gauche, dessinant une mise au carreau. Les carrés, qui ne sont pas parfaitement réguliers, mesurent moins d’1 cm de côté. Les traces marrons régulières qui s’y superposent sont imputable à de l’oxydation et ne constituent pas des marquages antiques. S’y ajoutent des traces rouges, peintes sur la queue (en lignes) et à l’arrière des pattes postérieures (en encadrement). La sculpture semble posséder toutes les caractéristiques d’un modèle de sculpteur.
Les symboliques de l’hippopotame, qui se développent tout au long de l’histoire pharaonique, sont multiples, complexes et parfois contradictoires. Deux aspects principaux se dégagent : le mâle, « rouge », est un prédateur menaçant, dont Seth prend notamment la forme pour attaquer Horus dans l’un des mythes relatés au temple d’Edfou ; mais la femelle, « blanche », est une figure protectrice de la grossesse, de la maternité et de l’enfance (voir supra l’effigie de la déesse hippopotame femelle lors de « la fête de la blanche », in SOUROUZIAN 2016, p. 411-414). Ces aspects féminins se cristallisent notamment dans la déesse Thouéris (forme hellénisée du nom égyptien Ta-Ouret, « la Grande »), qui émerge entre la VIème et la Xème dynasties et apparaît comme protectrice de l’enfance et de la parturiente sur nombre d’amulettes et d’accessoires magiques entourant le labeur et la naissance, notamment au Moyen Empire. La déesse Taouret/Thouéris est traditionnellement représentée debout, dans une attitude anthropomorphe, tête coiffée d’une élégante perruque adoucissant ses traits. La dépouille d’un crocodile, souvent représentée le long de son dos, renforce ses pouvoir protecteurs. Elle s’inscrit dans la grande famille des divinités protectrices du foyer, tels Hathor ou encore Bès, et partage avec ce dernier une gestuelle grimaçante lui conférant probablement des propriétés apotropaïques permettant de repousser et d’éloigner les forces maléfiques.
Ici, seul l’animal-hippopotame est représenté, laissant ouverte la question de son identification. La datation de cet objet est, elle aussi, incertaine : la plupart des figurines en forme d’hippopotame datent en effet du Moyen Empire, comme en témoignent la très célèbre figurine en faïence bleue du Louvre Inv. N° E7709, mais aussi de nombreux exemplaires plus rustiques en argile peu ou non cuite, souvent montés sur des traîneaux. La figuration des plis du cou de l’exemplaire du musée Rodin s’inspire des réalisations du Moyen Empire. Cependant, des exemplaires en pierre blanche pourvus d’une base rectangulaire, comme la figurine conservée au Metropolitan Museum de New York Inv. N° 20.2.25, sont datables de la Basse Epoque par comparaison avec un dépôt de plusieurs exemplaires retrouvés sur l’île de Samos dans un contexte daté des VIIIe-VIe siècles avant J.-C. En tant que modèle de sculpteur, la statuette du musée Rodin serait cependant à situer le plus probablement dans les derniers temps de la civilisation pharaonique (époques tardives à périodes hellénistique voire romaine).
Anépigraphe.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913;
BOREUX 1913 : Meudon, pavillon de l'Alma, vitrine 20, 513 bis, "Hippopotame sur la base plate. Ila la tête inclinée vers la terre (calcaire) estimé deux cent francs."
Donation Rodin à l'État français 1916.