Applique de mobilier

jambes

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

H. 10,8 cm ; l. 4 cm ; P. max. 0,7 cm

Os, tibia de bœuf, face postérieure

Co. 2263

Comment

State of preservation

Le fragment offre une teinte ivoirine uniforme sur la face sculptée ; le dos révèle un coloris légèrement plus rosé. Une couche de salissure superficielle recouvre les deux côtés. La pièce est cassée en partie supérieure. Elle conserve une partie de ses bords latéraux et l’intégralité de son chant inférieur. Un fendillement longitudinal la fragilise. Coté dextre, une large fissure, engendrée par la cassure, court sur une grande partie de la hauteur de l’élément de placage.

Description

Cette plaquette accueille les parties inférieures de deux personnages : à l’arrière-plan une figure drapée d’un himation, et au premier plan, une silhouette dont n’est visible que la jambe droite. Cette juxtaposition de deux figures, pour être interprétée de façon juste, doit être mise en regard avec les vastes compositions dévolues à l’évocation du cortège dionysiaque. En effet, d’après la découpe précise des figures, notre spécimen s’insérait dans un large décor formé de plusieurs éléments de placage. Un exemple de ce type de reliefs a été découvert lors des fouilles entreprises en 2002, sur l’acropole de Pergé en Turquie (Inv. K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-76, pl. 2 p. 77). Deux autres ensembles, respectivement conservés au département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre (MND 1866 : MARANGOU 1976, Pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, pl.), et au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, pl. 16c ; ESCHBACH 2014, n. 13 p. 78, pl. 5 p. 79,) attestent la popularité de ces panneaux constitués de reliefs juxtaposés, destinés à orner des meubles de prix. Il est donc hautement probable que la jambe nue appartenait à un satyre à l’attitude dansante, tandis que la jambe masquée par un manteau, était peut-être celle d’un Silène ou d’une figure féminine. La position légèrement fléchie de la jambe et la courbe du drapé signalent que le personnage était hanché, et s’appuyait possiblement sur une colonne. L’étoffe semble épouser la forme de la cuisse. Seul le bout du pied droit paraît dépasser de l’épais tissu. Une ligne de sol a été ménagée en ressaut dans l’os.

 

Des éléments de comparaison peuvent être convoqués pour le détail de la jambe du satyre. Par la finesse de son mollet et la forme effilée de son pied, elle rappelle la jambe droite du faune de la pièce 18938 du musée Benaki à Athènes (MARANGOU 1976, n° 44 p. 94-95, pl. 13b), ou encore de ceux des pièces du musée Rodin Co. 2056 et Co. 2066. On retrouve une approche similaire sur les deux éléments de placage du coffret de Namosas, sculptés de figures de satyres (AO 3087, musée du Louvre, département des Antiquités orientales). Il faut donc envisager une vaste scène associant un satyre bondissant vers la gauche, devant une figure drapée adoptant une attitude statique.

 

Bien que le relief soit peu dégagé du fond, on perçoit sur cette applique un désir de suggérer le volume, et surtout de rendre la superposition des plans. Les plis un peu mous de l’himation contrastent avec la courbe de la jambe nue du satyre. Ce sont avant tout les contours qui permettent de faire ressortir les formes. Cette définition graphique des figures s’observe également sur les décors conservés au Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich, préalablement cités. L’analogie stylistique et technique établie entre ce fragment et les compositions formées de multiples panneaux, comme l’exemplaire de Pergame réalisé avant la seconde moitié du IVe siècle ou le début du Ve siècle, laisse supposer une production de notre pièce au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons

-Athènes, musée Benaki, 18938 (jambe du satyre). -Paris, musée Rodin, Co. 2056, Co. 2066 (jambe du satyre).

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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