Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C.
H. 4,5 cm ; L. 10,5 cm ; P. max. 1,1 cm
Os, scapula ou côte de bœuf
Co. 2132
Égypte > provenance inconnue
IIIe-IVe siècle ap. J.-C.
H. 4,5 cm ; L. 10,5 cm ; P. max. 1,1 cm
Os, scapula ou côte de bœuf
Co. 2132
Brisée en partie inférieure, cette pièce, à la teinte ivoirine légèrement jaune, offrait à l’origine un format rectangulaire. Le relief particulièrement lustré, conserve dans les creux, des sédiments. Au dos, ceux-ci sont nombreux à être emprisonnés dans les trabécules. On distingue aussi de petites fentes longitudinales. Sur la face principale, le relief est particulièrement usé : les arêtes sont très émoussées et les détails anatomiques du visage de la Néréide considérablement effacés.
Le corps orienté vers la gauche, la Néréide est saisie en train de pivoter dans le sens opposé. Sa tête tournée vers la droite se détache devant son péplos, qui enfle sous l’effet de la brise marine. L’étoffe, qui s’anime de profonds plis circulaires, décrit un arc-de-cercle autour du visage. Elle répond à la typologie des aurae velificatae, à la manière de ceux entourant Aphrodite sortant de l’onde, ou Europe sur le taureau. Le bras gauche relevé de la naïade semble soulever une mèche de cheveux ou retenir le voile. À droite de cette silhouette féminine, et regardant dans sa direction, sont reconnaissables la tête d’un cheval marin et celle d’un Triton coiffée de longues antennes.
Peuplant le fond de l’Océan ou voguant sur la croupe d’animaux hybrides à la surface de flots, les cinquante Néréides, symbolisent différents phénomènes maritimes. Fréquemment représentées sur les appliques en os parant les coffrets de bois à la fin de l’Antiquité, elles participent, accompagnées de Tritons, à la naissance d’Aphrodite, ou au cortège de Poséidon et d’Amphitrite. Si la valeur décorative de ce thème semble primer sur cette catégorie de mobilier, on ne peut pas totalement écarter leur ancien rôle psychopompe.
Le geste gracieux qu’effectue la Néréide pour soutenir sa chevelure ne s’observe que rarement sur les appliques en os. On le rencontre toutefois, avec des variantes, au moins à trois reprises : sur une applique conservée au département des Antiquités égyptiennes du Louvre (E 17188), sur l’une des plaquettes du musée d’art de Princeton (y1929-213 a -g : ELDERKIN 1926, p. 150-157), et de manière plus évidente, sur des fragments passés en vente publique chez Christie’s à Londres le 26 novembre 1980. Le buste féminin est modelé avec soin, comme le visage aux joues pleines. On devine encore, en dépit du lustre important de la surface, les yeux rendus en relief entourant un nez fort. Une bouche menue, aux lèvres ourlées entrouvertes, occupe le bas du visage. Si l’artisan a su rendre avec délicatesse les effets de volume pour la Néréide, la tête du Triton affiche un relief plus plat. Elle ne se caractérise pas moins par des traits fins précisés à l’aide d’un burin. Les longues antennes, ou pinces de crustacés, qui naissent du sommet du front, rappellent celles du fragment de l’applique 18965 du musée Benaki (MARANGOU 1976, n° 157 p. 115, pl. 47d). Jouant sur différentes niveaux de profondeur, le sculpteur a exécuté la tête du cheval marin en faible relief, dans un style graphique. De tels êtres hybrides transportent, ou nagent à proximité des Néréides, sur de nombreuses appliques en os (MARANGOU 1976, n° 140-142 p. 112, pl. 44), telle l’exemplaire Co. 2158 du musée Rodin.
Par la qualité de sa facture, le soin accordé au modelé et la maîtrise de l’anatomie féminine, cette pièce peut être mise en rapport avec d’autres appliques de la collection d’A. Rodin : Co. 2153, Co. 2155, Co. 2158. La tête au museau très court du monstre marin traduit une recherche différente. Cette hétérogénéité en matière de style et de rendu, invite à situer la production de l’œuvre au IIIe-IVe siècle.
Comparaisons :
-Paris, musée du Louvre, DAE, E 17188 (geste de la Néréide).
-vente Londres, Christie’s, 26 novembre 1980, lot 139.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.