Couteau

manche en forme de trapézophore à tête de félin

Provenance inconnue

Ier-IIIe siècle ap. J.-C.

H. 6,1 cm ; l. 1,52 cm ; P. max. 1,94 cm

Os de mammifère

Co. 2062

Comment

State of preservation

Le manche de couteau est brisé au dos, dans la partie médiane, le long de la fente où se repliait la lame métallique. Il est également endommagé en partie supérieure. L’os à la teinte gris beige présente une forte abrasion. On remarque quelques petites taches brunes.

Description

Ce manche de canif zoomorphe s’inspire des pieds des tables tripodes gréco-romaines fréquemment ornées d’un protomé de fauve. La tête de panthère, reconnaissable à ses petites oreilles effilées, et sa gueule aux longues moustaches, surmonte un poitrail projeté en avant, qui donne naissance à une patte griffue. Le manche abritait dans son épaisseur la lame articulée d’un petit couteau. On notera ici l’absence de traces d’oxydation métallique que l’on rencontre fréquemment sur les exemplaires analogues.

 

Les manches de couteaux figurés semblent avoir été particulièrement en faveur à l’époque romaine. Épousant la forme d’un pied de meuble, ils revêtent l’apparence d’un animal réel (fauve, suidé, chien, cheval, dauphin) ou fantastique (sphinx ou griffon). M. Feugère a synthétisé les connaissances disponibles sur les manches en os, à avant-train de léopard, en publiant sur la base Artefacts une liste exhaustive des objets découverts en Occident. Il convient donc de s’y reporter pour accéder à une bibliographie complète et actualisée. Découverts dans de nombreuses provinces occidentales de l’Empire romain (France, Grande-Bretagne, Suisse, Allemagne, Espagne, Italie, Hongrie), ces manches souscrivent à un modèle également répandu dans la partie orientale de la méditerranée. À côté des exemplaires mis au jour en Grèce ou en Turquie, existent des occurrences en Israël, ainsi qu’en Égypte (voir base de la New York University sur les fouilles d’Ahmeida). Ces canifs en os trouvent également des correspondances en métal (cf. base Artefacts et canif en métal cuivreux exposé au musée égyptien du Caire).

 

Lorsqu’ils sont conservés dans leur intégralité, les manches témoignent d’un travail plus ou moins soigné. Notre exemplaire, à la tête sculptée avec précision et creusée de trois perforations au niveau de la gueule du félin, témoigne d’une réelle qualité de facture. Cette caractéristique peut-être aussi observée sur les manches de canifs de Saint-Yzans-de-Médoc, Bois-Carré (BERTRAND 2021, pl. V n°103) ; de Gruissan, Saint-Martin-le-Bas : BERTRAND 2021, pl. III n°57), du musée romain de Nyon (ANDERES 2008, fig. 3 p. 271), et d’un fragment découvert au Pays basque espagnol. D’autres individus, comme ceux de Bouillé-Courdault (Bertrand 2021, pl. II n°38), et de Trèves (Rheinisches Landesmuseum, inv. 2003.16 FNr. 104 : FRIES 2008, n° 1 p. 24), ne montrent qu’une perforation transversale pour indiquer la gueule ouverte. Quelques manches révèlent une approche plus stylisée, les détails anatomiques de la tête animale n’étant qu’incisés (Nice, musée archéologique : RODET-BELLARBI & JEANNET-VALLAT 2013, p. 111). Les exemplaires présentés aux musées d’Amiens et de Rouen se distinguent par une patte et un poitrail étirés, surmontés d’une tête plus fine. Les contextes archéologiques bien documentés, ayant livré des manches appartenant à cette typologie, situent leur production entre le Ier et le IIIe siècle.

 

Comparaisons

-Amheida (Égypte, oasis de Dakhla, désert occidental), fouilles archéologiques de la New York University, 2007 (inv. 11967).

-Amiens, musée de Picardie, fouilles du Coliseum, inv. cat. 1530 ; coll. F. Vasselle.

-Gruissan, Saint-Martin-le-Bas, fouilles G. Duperron (BERTRAND 2021, pl. III n°57).

-Nice, musée archéologique de Nice-Cimiez (RODET-BELLARBI & JEANNET-VALLAT 2013, p. 111).

-Nyon, musée romain (sans n° d’inv : ANDERES 2008, fig. 3 p. 271).

-Rouen, musée des Antiquités.

-Saint-Yzans-de-Médoc, Bois-Carré (BERTRAND 2021, pl. V n°103).

-Trèves, Rheinisches Landesmuseum, inv. 2003.16 FNr. 104.

Historic

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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