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Masque funéraire d’homme

Egypte > Touna el-Gebel.

L’époque hellénistique et romaine > Empereurs romains > IIe s. après J.-C. (D'après le style)

[voir chronologie]

Stuc polychrome.

H. 29 CM : l. 22 CM : P. 17 CM

Co. 660

Commentaire

Etat de conservation

Le masque est presque complet, en quatre fragments cassés puis recollés au moins deux fois. Les trois fragments séparés (le cou et les deux retombées du voile) ont finalement été recollés lors de la restauration effectuée en 1992. Quelques manques au niveau des côtés de la coiffe.
La préparation blanche a disparu par endroits, la polychromie, bien que conservée en grande partie, est lacunaire.
Le matériau présente une bonne cohésion.
L’empreinte d’une étoffe et quelques fibres (provenant peut-être de la momie) peuvent être observées à l’arrière du masque.

Description

Le masque représente un personnage masculin, portant la barbe et la moustache. Il a gardé une grande partie de ses couleurs d’origine : rose pour les carnations, noir pour les cheveux, les yeux, et la pilosité du visage, beige et ocre pour l’étoffe. La chevelure est composée d’une succession de boucles incisées. Le sommet de la tête est plat. Les oreilles, sommairement modelées, sont placées très haut sur le crâne.

La tête est ornée d’une coiffe qui recouvre l’arrière de la chevelure. Ses retombées sur les côtés du visage sont décorées de motifs stylisés : alternance de bandes verticales et horizontales beige et ocre, soulignées de noir.

Les yeux, à la fois modelés et peints, regardent vers le haut. Ils sont bien détaillés : les cils sont indiqués, et une ligne noire marque le creux de la paupière. Les sourcils, peints, sont assez épais.

Les traits du visage se caractérisent également par un grand nez en forme de triangle, très large au niveau des narines. Dessous apparaît une petite moustache qui ne dépasse pas les coins d’une bouche aux lèvres épaisses, esquissant un léger sourire. Alors que la moustache est seulement peinte, le collier de barbe est à la fois incisé et peint.

 

Le masque Co. 1771 de la même collection porte également une étoffe (visible en partie sur l’occiput, derrière et au dessus de l’oreille gauche). Cependant, l’état de conservation de la polychromie ainsi que la cassure au niveau de la coiffe à l’arrière de la tête nous empêchent d’établir une analogie.

Deux masques tout à fait semblables à Co. 660 sont publiés. Le premier est un masque-plastron provenant de Balansoura (Moyenne-Egypte), conservé au musée du Caire sous le numéro d’inventaire CG 33161 (cf. EDGAR 1905, p. 46 et pl. XXIII). Seule la technique employée pour les yeux est différente. Il n’est pas daté dans la publication.

Le second se trouvait autrefois dans la collection de l’antiquaire autrichien Theodor Graf (GRIMM 1974, pl. 18,4, d’après une photo conservé à Berlin, Staatliche Museen Nr. 7271). Les cheveux, le voile et les traits du visage ressemblent à ceux de Co. 660, mais l’homme est imberbe et les oreilles se situent à une hauteur plus basse.

A l’époque romaine, de nombreux autres exemples de masques portant un voile funéraire aux retombées rayées – aussi bien masculins que féminins – sont connus. Outre les deux masques déjà cités, voir ces quatre exemplaires conservés au Musée du Caire : CG 33159 (homme), CG 33162 (homme), CG 33163 (garçon) et CG 33164 (fille) (EDGAR 1905, pl. XXIII), ainsi que le masque-plastron à dosseret Inv. 6609 conservé au Kunsthistorisches Museum de Vienne (cf. GRIMM 1974, pl. 31,3).

La forme et le décor de ce voile rappellent le nemes pharonique. Il permet d’identifier le défunt à Osiris, dieu des morts et premier roi mythique des anciens Egyptiens. (2012 L’Orient Romain et Byzantin au Louvre, p. 373-4.) Les cartonnages de momies d’époque ptolémaïque en étaient généralement pourvus ; les retombées parfois même décorées d’images de divinités (cf. GRIMM 1974, pl. 1-3).

En le comparant aux exemples précédents, on remarque toutefois une particularité concernant le voile funéraire du masque Co. 660 : ses rayures sont à la fois verticales et horizontales sur les retombées, alors que sur l’ensemble des masques publiés elles ne sont horizontales qu’aux extrémités. On aperçoit sur le masque Co. 660 un tissu rayé sur l’encolure. Il s’agit probablement du haut du plastron, cassé.

 

La technique employée, le style du masque, ainsi que la présence du voile funéraire suggèrent pour Co. 660 une datation du IIe s. après J.-C

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Villa des Brillants à Meudon, Atelier de peinture vitrine 22, 516, "Idem [Masque d'homme]. Tête et cou, de chaque côté de celui-ci sont figurées les retombées d’une étoffe qui devait former serre-tête. Petite moustache ne dépassant pas les coins de la bouche, mince collier de barbe sur les joues et petite barbiche au menton, yeux petits. Cassé et recollé. Haut. 28 cent. ½. Estimé trois cents francs."

Donation Rodin à l'État français 1916.

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