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Caricature de prêtre

Cercle harpocratique

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE
Époque ptolémaïque
[VOIR CHRONOLOGIE]
TERRE CUITE 
CO. 6556

Commentaire

Etat de conservation

Complet. Le cou est cassé et a été recollé. Le socle est ébréché au revers.

Description

Personnage masculin debout, vêtu d'une tunique ceinturée à la taille, formant un colpos, et retombant jusqu'aux genoux. Il tient un panier du bras gauche et des crotales dans la main droite. Un pot est posé à sa droite. Il porte la mèche de l'enfance à droite du visage et deux boutons de lotus sur son crâne chauve. Il a le visage rond, au front marqué d'une ride, les yeux globuleux sous des arcades sourcilières épaisses, le nez écrasé et les lèvres épaisses. 
La présence des deux boutons de lotus et de la mèche de l’enfance permet de rattacher ce personnage à la sphère harpocratique car il s’agit d’un des attributs courants du dieu. Harpocrate, ou « Horus l’enfant »,  fils d’Isis et d’Osiris, intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis et devient très populaire à partir de l’époque ptolémaïque. Un temple lui est construit sous le règne de Ptolémée IV (222-204) au sein du sanctuaire de Sérapis à Alexandrie. L’important nombre d’images d’Harpocrate à l’époque hellénistique témoigne de sa popularité croissante, notamment dans la sphère alexandrine. 
Les fidèles d’Harpocrate sont représentés affublés de deux de ses signes distinctifs : la mèche de l’enfance et les boutons de lotus, comme Co. 6556. Une autre caractéristique iconographique des membres du clergé harpocratique est le crâne entièrement rasé, à l’exception de deux touffes de cheveux laissées apparentes sur le front, néanmoins absentes ici. Un dernier élément qui permet d’associer cette figurine au dieu Harpocrate, le pot disposé à sa droite. Cette disposition rappelle la figurine Co. 2503, représentant Harpocrate debout et entouré de divers éléments dont un pot. Celui-ci constitue chez le dieu un substitut à la corne d’abondance, symbole de sa puissance fertile. Le pot contiendrait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée aux fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes. Rien d’étonnant à ce qu’un membre du clergé soit donc représenté en présence de cette attribut. 
L’insistance sur la disgrâce des traits du personnage, trapu, aux bras atrophié et aux traits grossiers (au-delà de la réalisation médiocre de la pièce) suggère l’intégration de cette pièce dans la catégorie des représentations caricaturales, généralement regroupées sous l’appellation plus générique mais discutée de « grotesques », désignant un ensemble de motifs très populaires à l'époque hellénistique, ayant en commun la représentation de personnages à l'aspect disgracieux, généralement en torsion violente ou au corps déformé. Les « grotesques » comprennent, outre les représentations pathologiques et les types « réalistes », les caricatures de certaines catégories sociales comme le clergé.  
Les sujets ainsi regroupés sous l'appellation de « grotesques » proviennent, jusqu'à lors, en très large majorité d'Asie Mineure et d'Égypte. Plus précisément, ce sont les sites de Smyrne et d'Alexandrie qui ont livré la majorité du matériel connu. Le rapport au dieu Harpocrate enjoint à rattacher cette figurine aux ateliers alexandrins. Les représentations d’Harpocrate sont justement nombreuses dans la capitale lagide, où le temple du dieu assurait la présence de membre de son clergé et de ses fidèles, qui pouvaient alors faire l’objet de représentations en coroplathie comme d’autres classes sociales. 
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