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Homme

Égypte > provenance inconnue

Fin de l'Ancien Empire ou Moyen Empire > 2700-2200 avant J.-C. > 2033-1710 avant J.-C. 

[VOIR CHRONOLOGIE]

Bois polychromé

H. 30,6 cm ; L. 6,4 cm ; Pr. 9,2 cm

Co. 2441

Commentaire

Etat de conservation

L'état de conservation est passable. Le bois est de mauvaise qualité et de nombreux défauts ont été partiellement masqués avec de la sciure de bois grossière, des flipots de bois ou de la toile de lin appliquée en marouflage. Des éléments manquent ; le bois, la polychromie et les éléments textiles sont altérés. L'objet présente les traces d'attaques anciennes d'insectes xylophages. Ces derniers ont notamment laissé des trous d'envols bien visibles sur la tête, le dos, sous le fessier et sur la face intérieure de la jambe gauche. Des fissures s'étirent au niveau de l'oreille gauche, du torse le long du bras et du fessier droit. Une fente verticale se remarque au-dessus du coude du bras gauche. La polychromie est lacunaire et soulevée par endroits. Enfin, la toile marouflée s'effiloche en bordure et les différentes couches se décollent. On note également un percement moderne sous le pied gauche, ménagé en vue d’une présentation verticale. 

Description

La statuette représente un homme nu et chauve, qui se tient debout. Son pied gauche est fermement plaqué au sol, sa jambe droite est au contraire relevée presque à angle droit. Malgré l'altération générale du bois et de la polychromie, les couleurs d'origine  sont conservées. La carnation est rouge-brun, les sourcils et le fard sont noirs. La couche picturale à l'intérieur des yeux a disparu, mais on peut restituer que la sclérotique était blanche et l'iris dessiné en noir, comme il est de coutume dans la statuaire en bois.  

 

Les formes du personnage sont potelées, ses traits d'une grande douceur. Le front, légèrement bombé, se prolonge en un crâne rond et lisse. Les yeux, en amande, sont assez petits. Placés haut sur le visage, ils sont entourés d'un trait de fard noir, dont la pointe externe se poursuit presque jusqu'aux tempes. Des sourcils de la même couleur, fins et longs, suivent la courbe des yeux. Le nez, assez large à la racine, s'allonge en une arête fine, qui s'arrondit légèrement aux ailes et s'épate à la base. Le visage est long et ovale, les joues, à peine arrondies, ont des pommettes peu visibles ; le menton est épais. La bouche est petite et souriante ; les lèvres charnues sont accentuées par des commissures profondes et nettement tracées. La lèvre supérieure avance légèrement sur la lèvre inférieure. Les traits sont ceux d’un jeune adulte. Le reste du corps confirme cette impression. Les épaules sont larges, les pectoraux bien visibles, la taille fine, le sexe petit. Cependant, on remarque un ventre et un fessier rebondis, de même que des jambes massives aux cuisses larges, généralement attributs de l’enfance. Les articulations, à savoir les omoplates, les hanches, les genoux et les chevilles, ne sont pas dessinées. Le nombril, en léger creux, se voit à peine. En revanche le triangle du pubis est bien marqué. On note que le pied gauche, le seul conservé, reste très schématique, et les orteils sont presque inexistants ; la statue était donc certainement insérée dans un socle –peut-être inscrit du nom et des titres du personnage-, disparu aujourd’hui.  

 

Cette statuette est fragmentaire. Il subsiste la pièce principale, comportant la tête, le tronc, la jambe gauche et la partie supérieure de la jambe droite, ainsi que la partie supérieure du bras gauche. Des chevilles en bois, encore fichées dans l'épaule droite et le creux du coude du bras gauche, ainsi que dans le genou droit indiquent que les bras, avant-bras et la partie inférieure de la jambe droite étaient rapportés par un système de tenons. On remarque d'ailleurs que les deux chevilles, fichées l’une dans le bras gauche et l’autre dans le torse au niveau de l'épaule droite, ont été taillées dans un même élément en bois, de 4 mm de diamètre et de 2,5 mm de long. L'assemblage de la cuisse droite est plus complexe et reste à comprendre. On constate également des restes de toile de lin marouflée, qui enserre la partie gauche du cou, couvre le dos sous l'omoplate droite, et enfin entoure le haut de la cuisse droite. Sur cette dernière, la toile a été appliquée en plusieurs couches et atteint jusqu'à 0,5 cm d'épaisseur. L’observation du textile a révélé une armure toile, constituée d'un fil simple de torsion S, de 10 fils de chaîne et 14 fils de trame. La statue aurait été enveloppée dans une pièce d'étoffe. La qualité médiocre du bois et les manques comblés par des éléments en bois ou en textiles pourraient s'expliquer par le remploi d'une épaisse planche en bois, dans laquelle aurait été sculptée l'image du défunt. 

 

Parmi les statues d’hommes ou de femmes nus, réalisées en bois et retrouvées dans les nécropoles de l’Ancien (2700-2200 av. J.-C.) et du Moyen Empire (2033-1710 av. J.-C.), celles d’enfants sont plus rares (voir HARVEY 2001). La posture de la statuette Co. 2441 est inhabituelle. Il n'est en effet pas commun qu'une statuette égyptienne ait une jambe relevée à l’équerre, et d’autant plus une jambe droite car c’est généralement la jambe gauche qui est avancée, figurant le mouvement de la marche. Une statuette en bois, datée du Moyen Empire est à rapprocher de celle du musée Rodin. Provenant de la Rive Ouest de Thèbes et achetée en 1892, elle est conservée à Dublin (National Museum of Ireland-Archaeology, Inv. N° 1892:256, voir MURRAY 1910 p. 39 et SMITH 1999 dans Globalegyptianmuseum.org). Si les bras de la statuette de Dublin ont disparu, celle de Rodin a conservé son bras gauche, dont le mouvement peut être restitué : le pli du coude laisse penser qu’il était replié.

 

Il est probable que Co. 2441 ait appartenu à un dépôt de tombe. Sa silhouette légèrement courbée peut en effet être rapprochée de la statuette en bois trouvée en contexte funéraire à Saqqâra dans la tombe de Ny-Pépy (VIème dynastie, 2350-2200 av. J.-C.), et dont les membres ont été fortement déformés par des conditions d’enfouissement humides (KOWALSKA 2013 p. 453-454 pl. CCII a). La datation la plus probable pour la statuette du musée Rodin serait donc à situer soit à la fin de l’Ancien Empire (à rapprocher stylistiquement de la statuette retrouvée à Saqqâra, voir supra), soit au Moyen Empire (voir la statuette conservée à Dublin).

Inscription

Anépigraphe. 

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Meudon / pavillon de l'Alma / vitrine 22, 514, "Statuette d'homme nu en bois stuqué peint en rouge. Il est figuré debout. Le poids de son corps porte sur sa jambe gauche ; la jambe droite dont il ne reste que la cuisse était au contraire repliée et ne devait pas toucher le sol. La tête est rasée. Le pied qui subsiste n'a plus de doigts, les brs manquent. Très mauvais état de conservation. Haut. 30 cent. Estimé deux cent francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

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