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Plaque en forme de dieu anthropomorphe

Égypte > Provenance inconnue

Époque Hellénistique et romaine

[VOIR CHRONOLOGIE]

Pâte de verre noire

H. 2,2 CM : L. 0,5 CM : P. 0,8 CM : Pds. 0,007 kg

Co. 2421

Commentaire

Etat de conservation

L'œuvre est en mauvais état de conservation. La face avant supérieure de la couronne est abîmée. La partie supérieure du pilier dorsal est manquante. Cassé également au niveau des pieds. L’ensemble de l’objet est empoussiéré et la surface émoussée. 

Description

Il s’agit d’une figurine de très petite dimension représentant un personnage debout, dans la position de la marche, la jambe gauche légèrement en avant de la jambe droite. Les bras retombent le long du corps. L’état de conservation ne permet pas de distinguer avec précision les détails des vêtements portés par le personnage, mais on remarque l’extrémité d’un vêtement au niveau des chevilles. La tête est surmontée d’une perruque tripartite dont les deux mèches du devant retombent en haut de la poitrine. Le personnage est également coiffé d’une coiffe de type mortier. De forme carrée, ses bords adoptent la forme d’un petit plateau. La réalisation trop frustre de la figurine empêche de distinguer les traits du visage ; la forme du nez et l’emplacement des yeux se devinent ainsi que la naissance d’une barbe, cassée à l’heure actuelle. Le dos repose sur un pilier dorsal dont l’extrémité supérieure est cassée au niveau du crâne. Il est donc possible qu’à cet emplacement se trouvait un anneau de suspension. La figurine repose sur une base, légèrement cassée au regard du pied gauche. Cette base s’inscrit en continuité du pilier dorsal. Sa surface inférieure étant restée légèrement incurvée, la figurine n’est pas stable et ne tient pas debout sans support.

 

La figurine Co. 2421 s’inscrit de toute évidence dans la longue tradition des amulettes égyptiennes. Ces objets, aux dimensions généralement petites, apparaissent dès le début de l’histoire. Si le mot amulette peut être traduit de différentes façons en égyptien, l’étymologie renvoie toujours à la notion de protection. Ce terme désigne donc tout objet exerçant une fonction protectrice pour son porteur.  Les amulettes, réalisées en différentes matières, représentaient des symboles mythologiques, comme par exemple l’œil oudjat ou le pillier djed,  des signes hiéroglyphiques ou bien encore l’image de divinités. Mais il peut aussi s’agir de rouleaux de papyrus contenant des incantations magiques, pliés selon un certain procédé et portés par la personne à protéger. Cette tradition sera notamment très répandue au cours de la période ramesside (voir DONNAT, 2016). Avant le Nouvel Empire, les amulettes ont été généralement retrouvées en contexte funéraire. Ces objets « précieux » étant utilisés aussi bien par les vivants que pour les morts, et ce  durant toute l’histoire pharaonique, on en plaçait, parfois en quantités conséquentes, entre les bandelettes des momies afin d’assurer au défunt un voyage paisible dans l’au-delà. Les amulettes sont également portées sur soi, soit en forme de pendentifs, de bracelets ou de bagues ; ce fut notamment le cas à Amarna (STEVENS 2009, p.10). La production des amulettes s’intensifia nettement au cours de la XVIIIdynastie, aidée en cela par une fabrication quasi industrielle d’objets en faïence. Les amulettes, dont les matières devinrent de plus en plus variées, furent incluses en tant que bijoux dans les colliers ou les bracelets. Les amulettes, élément central de la piété populaire, nous informent sur les rituels ayant lieu au sein du foyer. Il n’est pas exclu que certaines d’entre elles étaient suspendues ou placées à divers endroits de la demeure afin d’assurer la protection de la maisonnée. Malheureusement, la documentation actuelle nous livre peu d’informations concernant les rites de consécration de ces objets. Autant est-il possible de deviner le rôle du magicien lors de la réalisation de papyri protecteurs comme cité plus haut, autant les rituels permettant de rendre une amulette en pierre, en bois ou en faïence active restent difficiles à déterminer.

 

Les traits frustres et l’état de conservation actuel de la figurine Co. 2421 ne permettent pas une identification facile du personnage ici représenté. Cependant, il pourrait s’agir du dieu Anhour, plus connu sous son nom grec Onouris, identifiable à sa coiffure spécifique, composée d’un mortier bas dans lequel sont fichées deux, ou le plus souvent quatre hautes plumes accolées . Divinité apparue dès le IIIème millénaire, la figure d’Anhour est d’abord attestée dans la région d’Abydos et à This (capitale de l’ancienne Egypte au début de son histoire, pendant la période dite « thinite »). Anhour apparaît dans le mythe de l’Œil de Rê, rapportant l’œil perdu assimilé à la déesse lionne Méhyt au dieu soleil, Méhyt qu’il parvient à apaiser et dont il fit sa parèdre. Au Nouvel-Empire, il est assimilé à Chou. En Nubie, il est assimilé au dieu Arensnouphis. C’est durant l’époque ptolémaïque qu’Anhour gagna considérablement en popularité. Son lieu de culte devint Sebennytos, dans le Delta. Dieu de la guerre, de la chasse, il est aussi celui qui « soutient le ciel ». Anhour, ou Onouris, est également assimilé à Osiris à cette période ainsi qu’au dieu grec Arès. Toujours représenté de façon anthropomorphe, il porte un pagne et parfois une tunique et se reconnaît à sa coiffure, qui surmonte le plus souvent une perruque. Une multitude de figurines sont produites à son effigie, beaucoup le montrant brandissant une lance (il s’agit d’un dieu guerrier) à l’instar de la figurine conservée au British Museum sous le numéro d’inventaire EA52934. Le plus souvent représenté debout, Anhour est parfois assis, comme le montre cette autre figurine du British Museum EA74095.

 

De par le mortier bas, il est possible de suggérer que la figurine Co. 2421 du musée Rodin serait une représentation du dieu Anhour. Néanmoins, les représentations connues de la divinité le montrent le plus souvent arborant une perruque courte, ce qui ne correspond pas à cette figurine.

 

Œuvres associées

Dans les collections du musée Rodin, deux plaques en pâte de verre noire représentant une divinité sont à rapprocher de Co. 2421 (Co. 1481 (Amset) et Co. 2417 (Horus).

Inscription

Anépigraphe.

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