Égypte > provenance inconnue.
Nouvel Empire, fin de la XIXe dynastie probablement (d’après le style)
Terre cuite polychrome.
H. 18,5 CM ; L. 5,3 CM ; P. 4 CM
Co. 2350
Égypte > provenance inconnue.
Nouvel Empire, fin de la XIXe dynastie probablement (d’après le style)
Terre cuite polychrome.
H. 18,5 CM ; L. 5,3 CM ; P. 4 CM
Co. 2350
Très bon. La peinture est très bien conservée, hormis l’inscription peinte en noire sur fond blanc, qui est en partie effacée. Un grand éclat permet d’y observer le matériau d’origine, une argile de couleur rouge. La pupille droite est effacée, le nez arasé. Une petite fissure est située du côté droit des jambes.
Ouchebti inédit en terre cuite polychrome. Le personnage se tient debout, mais le dessous des pieds est arrondi ; la statuette ne peut pas tenir debout sans support. Le dessus des pieds est indiqué en léger relief. Les autres membres ne sont pas visibles, hormis les bras croisés sur la poitrine, le visage et la perruque, qui ont été grossièrement modelés. L’objet est entièrement recouvert de peinture aux tons soutenus.
Bien que le corps ait été représenté emmailloté comme une momie, il est entièrement badigeonné d’une couleur ocre jaune. Les détails sont rehaussés au moyen de peinture ocre rouge et noire. L’inscription hiéroglyphique est mise en valeur par un fond blanc.
Sont ainsi matérialisés en rouge : le visage, les avant-bras croisés sur la poitrine, les multiples rangs du collier-plastron recouvrant son torse, ainsi que les instruments agricoles : les houes tenues dans les mains fermées, les vases qui pendent à une corde derrière chaque bras et le sac de graines triangulaire visible dans le dos. Au revers de la statuette, cette même peinture rouge délimite soigneusement le bord de la perruque.
La peinture noire met en évidence les traits du visage : la bouche, les yeux fardés et les sourcils. La longue perruque tripartite est recouverte d’une épaisse couche de peinture noire, sans indication de mèches. Les signes hiéroglyphiques, placés sur les jambes à l’avant de la statuette, ont été dessinés en noir. L’inscription, qui adopte un tracé cursif, a été appliquée sur un fond blanc délimité par deux épaisses lignes verticales rouges.
Il est possible de reconstituer les étapes du travail de l’artisan, en observant au niveau de l’épaule droite la peinture noire du pan de la perruque qui déborde sur les rangs du collier-plaston ocre rouge, ou le cadre blanc de l’inscription qui déborde sur la peinture rouge d’encadrement. Un badigeon ocre jaune a tout d’abord été appliqué sur tout le corps. Les détails peints en ocre rouge ont alors été dessinés, puis ceux en noir. L’espace dévolu au texte a été ensuite badigeonné de blanc. En dernier, les signes de l’inscription, cursifs, ont été tracés en noir ; les deux derniers signes ont été dessinés hors du cadre banc, débordant sous les pieds de la statuette.
En annonçant ses noms et titres, le texte contribue à assurer à Kapachépès/Ketje-chépès (sur l'anthropomnyme Kt, voir RANKE, PN I, 350, 30-31-351, 1-2) une vie dans l’au-delà. Les deux lignes d’encadrement ocre rouge du texte épousent avec souplesse la silhouette du défunt et animent visuellement cet objet, réalisé dans un matériau simple : de la terre cuite moulée puis peinte. Cette couleur foncée étant celle des chairs masculines, ces deux lignes d’encadrement constituent de plus la partie inférieure de son corps, masquée par la colonne de texte. Jeune et souriant, les traits de son visage sont sereins pour l’éternité. Sa perruque laisse ses oreilles bien dégagées, ses yeux sont grands ouverts. Kapachépès peut écouter, voir, respirer le souffle de vie, s’alimenter. L’ouchebti peut avancer, puisque l’artisan a pris le soin d’individualiser ses deux pieds, et également travailler.
L’ouchebti faisait en effet partie de l’équipement funéraire des égyptiens aisés. Chargée de répondre à l’appel du défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants), la figurine Co. 2350 tient dans ses poings fermés une houe. Peints de chaque côté le long des bras, ces deux instruments agraires sont en réalité à replacer dans l’axe voulu par l’artisan, c’est-à-dire dépassant des deux côtés du corps (sur la notion d’aspectivité dans les principes de représentation en Égypte ancienne, voir ZIEGLER, BOVOT 2001). Pour comparaison, voir par exemple le chaouabti de Toutânkhamon conservé au Musée Egyptien du Caire (Inv. N° JE 60830), où les insignes régaliens (le sceptre et le flagellum) du pharaon défunt sont insérés dans la figurine en bois.
Le matériau, la technique de fabrication et le style de la statuette Co. 2350 indiquent une datation du Nouvel Empire. On peut citer, à titre de comparaison stylistique, les douze ouchebtis en bois peint de la dame Henoutméhyt conservés au British Museum, à Londres.
La forme du sac de graines au milieu du dos et la présence des deux pots suspendus à une corde derrière les bras permettent de préciser la période de fabrication de cet objet : l’époque ramesside (XIXe dynastie, 13e siècle avant notre ère). Les pieds arrondis sont, quant à eux, caractéristiques de la fin de la XIXe dynastie, vers 1200 av. J.-C.
(source : https://www.ushabtis.com/chronological-overview/, 19th Dynasty)
Un exemplaire similaire à Co. 2350, au nom de Djéhoutymès, « Grand des Cinq » (titre des hauts prêtres de Thot à Hermopolis) est conservé dans une collection particulière. Il présente les mêmes caractéristiques que Co. 2350, comme les détails ajoutés au moyen de peinture, le sac de graines triangulaire dans le dos, et la formule contenue dans l’inscription.
Le musée Rodin possède un autre ouchebti inscrit de l’époque ramesside (Co. 2357). Réalisé en calcaire polychrome, il provient de l’équipement funéraire d’un certain Pentaour, grand dignitaire.
Une colonne de hiéroglyphes cursifs a été peinte en noir sur fond blanc sur la face antérieure de la statuette. Elle s’étend jusque sous les orteils, les deux derniers signes dépassant du cadre blanc ménagé pour le texte. Elle donne le nom du défunt et ses titres funéraires qui l’assimilent au dieu des morts, Osiris. En raison de l’état de conservation de l’objet, la lecture du nom est incertaine. Aucun parallèle n’a été identifié dans l’état actuel des recherches.
Traduction fournie par D. Farout.
Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.
BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 222, "Ushabti en tere cuite peinte. Sur la face antérieure une ligne verticale d'hiéroglyphes noirs sur fond blanc dans le nom d'Osiris [hiéroglyphes]. Haut. 18 cent. Estimé vingt francs."
Donation Rodin à l’État français 1916.