Ouchebti momiforme

Égypte > Région thébaine probablement

Troisième Période intermédiaire, XXIe dynastie

[VOIR CHRONOLOGIE]

Faïence siliceuse bleue rehaussée de noir

H. 9,7 CM : l. 3,5 CM (BRAS) : P. 2,8 CM (PIEDS)

Co. 5645

Commentaire

Etat de conservation

Cassée en quatre fragments, la figurine a été recollée en 1998. Elle présente une érosion sur toute la surface, la couleur bleue a perdu sa vivacité et son aspect brillant. Dans le dos, entre les deux omoplates, deux coulures accidentelles de glaçure sont conservées. Elles permettent de reconstituer l’aspect d’origine de la surface. Lacunes au niveau de la tête, du visage et des pieds. L’inscription est partiellement effacée.

Description

Ouchebti en faïence siliceuse bleue. Le personnage est représenté debout. Son corps est entièrement emmailloté : les membres ne sont pas visibles. Seuls les avant-bras et les mains – sommairement exécutés en relief – apparaissent croisés au niveau de la poitrine. La statuette est imberbe ; elle porte une perruque tripartite. L’arrière de la figurine a été aplati. L’artisan n’ayant pas peint les mèches de la perruque, il est à remarquer que le pan arrière de la perruque n’est pas matérialisé sur cette surface plane.

 

Les traits du visage sont fortement érodés : le nez et la bouche ne sont plus visibles. Les détails des yeux et des sourcils ont été rendus au moyen de peinture noire, qui sert également à indiquer le bandeau de la perruque (formant une boucle en forme de croix ansée à l’arrière de la tête), ainsi que les houes et le sac de graines dans le dos. Absence de pilier dorsal à l’arrière de la figurine.

 

Une particularité est à observer sur le bandeau en tissu qui permet le maintien en place des mèches de la perruque : la boucle de fermeture en forme de croix ansée, visible à l’arrière de la tête. Représenté habituellement sur les ouchebtis à partir de la Troisième Période intermédiaire, ce bandeau ceignant le front et noué à l’arrière du crâne serait une transposition du bandeau seshed, l’un des symboles de résurrection (voir BOVOT 2003, p. 27).

 

L’ouchebti faisait partie de l’équipement funéraire des défunts aisés. Ces figurines funéraires étaient chargées de répondre à l’appel au défunt pour effectuer à sa place les tâches agricoles dans le monde des morts (transposition de celui des vivants). La statuette Co. 5645 porte ainsi un grand sac à graines sur le dos. Ce sac, attaché aux épaules par deux cordelettes approximatives et hâtivement peintes en noir, ballotte dans le bas de son dos. Les croisillons du sac ont été imprimés dans la matière avant cuisson, puis les fibres ont été soulignées par d’épais traits noirs. Le sac semble accroché à un bâton suspendu à deux cordelettes, elles-mêmes rattachées à un bâton ou à une corde peinte au niveau de la nuque. Ce système de suspension est rare.

En bas à gauche, une ligne inexpliquée de peinture noire barre l’arrière de la figurine. L’application de cette ligne semble d’origine.

 

Ces divers éléments permettent de dater précisément cet objet de la XXIe dynastie (SCHNEIDER 1977, type 4.3.1) et de suggérer une provenance thébaine. En effet, des exemplaires de ce type d’ouchebti ont notamment été découverts dans la Cachette Royale de Deir el-Bahari (DB320), comme les statuettes de la reine Henouttaouy (épouse de Pinedjem Ier) et la statuette au nom du prêtre Nésipahoran.

 

De nombreux autres parallèles sont connus, par exemple, cette statuette de serviteur funéraire de la dame Henouttaouy, chanteuse d’Amon.

 

Bien que plus grand et de couleur plus foncée, Co. 2432 est de même type que Co. 5645 et peut être daté de la même époque.

 

Inscription

Une colonne de texte hiéroglyphique est peinte en noir à l’avant de la statuette. Le texte, qui se lit de droite à gauche, part de sous les mains et descend jusqu’aux pieds :  Osiris prêtre de Neith ? ... dans le domaine d'Amon ... justifié (traduit par Jean-Luc Bovot)

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

Donation Rodin à l’État français en 1916.

 

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