Homme nu à la ceinture de feuillages

Applique de mobilier

Égypte > provenance inconnue

IIIe - IVe siècle ap. J.-C.

[VOIR CHRONOLOGIE]

H. 10,18 cm ; l. 3,55 cm ; P. 0,9 cm

Os, métacarpe gauche de bœuf, face postérieure

Co. 2246

Commentaire

Etat de conservation

Une cassure oblique en partie supérieure est à l’origine de la perte du visage du personnage. La ligne de brisure épouse l’ovale du visage disparu. Trois des bords de l’applique subsistent.

Sur la face externe, un soulèvement stable se distingue à proximité du sternum de la figure, alors qu’un léger fendillement de la matière s’observe, notamment sous le nombril. Une coloration légèrement ambrée se remarque au revers, surtout sur les bords. Quelques sédiments ponctuent la partie inférieure de la cavité médullaire.

Description

Un torse naissant d’une ceinture de feuillages, ainsi qu’un visage disparu aujourd’hui, se développaient sur toute la hauteur de l’applique. Ce parti pris impliquait qu’y soient accolés d’autres éléments de placage afin de compléter la figure. Le procédé d’associer des reliefs assez plats, taillés dans des os longs et droits, trouve plusieurs illustrations éloquentes : la scène formée d’une figure de Silène accompagné de deux ménades conservée au musée du Louvre (MND 1866, département des Antiquités grecques, étrusques et romaines : MARANGOU 1976, pl. 17a ; MICHON 1935-1937, p. 357-361, pl.), les éléments de décor découverts en 2002 sur l’acropole de Perge en Turquie (K.F1 / 44.02.6 ej : ESCHBACH 2014, p. 75-77, fig. 2), et ceux du Staatliche Museum Ägyptischer Kunst de Münich (ÄS 5296 : MARANGOU 1976, pl. 16c ; ESCHBACH 2014, p. 78, n. 13, p. 79, fig. 5).

 

Les trois feuilles à cinq lobes qui parent la base du ventre de la figure contrastent avec la vigueur de la musculature rendue selon un parti symétrique accusé. Ces éléments végétaux sont disposés au-dessus d’un cordon ou de l’amorce d’un drapé, suggérant que le bas du corps était peut-être sculpté sur une autre applique. Ce détail iconographique inédit, aussi bien sur les pièces de la collection du musée Rodin, que sur celles répertoriées dans différentes institutions muséales, pose la question de l’identification du personnage. La ceinture végétale rappelle les écailles ou les feuillages qui se déploient sous le ventre des tritons, à la naissance de leur queue de poisson. Une occurrence de ce motif peut être relevée sur l’applique en os incisée et incrustée de résine colorée inv. X. 293 du Kunsthistorisches de Vienne (MARANGOU 1976, p. 42, 115, pl. 47a ; LOVERDOU-TSIGARIDA 2000, p. 257, n° 53, pl. 19). Nous le retrouvons également sur les tritons nageant sous le char d’Hélios sur le diptyque en ivoire du musée municipal de Sens (2017.0.ARC.126  : VOLBACH 1976, p. 54, n° 61, pl. 33). Toutefois, l’orientation des feuilles vers le haut ici diffère. Faut-il reconnaître dans ce buste d’homme le torse d’un triton ou une divinité aux hanches garnies de feuilles ? Les signes sont trop ténus pour parvenir à un arbitrage satisfaisant.

 

Le torse solidement structuré offre la même division tripartite que celui sculpté sur l’applique Co. 2241. Les larges pectoraux en faible relief sont soulignés d’une ondulation qui les distingue de la cage thoracique, et séparés par une ligne verticale incisée matérialisant le sternum. La linea alba, qui la poursuit, mène à un ventre plat au nombril inexistant. Des accolades en léger surplomb dessinent les muscles de l’abdomen.

 

Sur ce torse charpenté venait se greffer un visage maintenant mutilé, par l’intermédiaire d’un cou large. Une mèche de cheveux bouclée, ainsi que l’extrémité d’une seconde, permettent de restituer au personnage une chevelure longue retombant sur les épaules. Celle-ci se rapproche de la coiffure du personnage du relief Co. 2241, et s’accorderait assez bien avec une représentation de Dionysos, mais il faut sans doute penser à une iconographie mois habituelle en raison des feuilles disposées en ceinture.

 

Cette pièce partage avec l’exemplaire Co. 2241, la justesse d’observation, la compréhension de l’anatomie masculine et l’harmonie des proportions. Elle présente à la fois une définition vigoureuse des masses musculaires, et une douceur du modelé, caractéristiques qui attestent d’une facture de qualité malgré les quelques arrachements de matière involontaires. Le torse droit et un peu plus massif que l’élément de comparaison du musée Rodin cité précédemment, répond à des critères stylistiques en vogue au IIIe et IVe siècle.

 

Comparaison

-Paris, musée Rodin, Co. 2241.

 

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection