Statuette d’enfant - tête

Égypte > provenance inconnue.

Moyen Empire ou Nouvel Empire (plus probablement)

[VOIR CHRONOLOGIE].

Calcaire peint.

H. 3,7 CM ; L. 3,1 CM ; P. 3,1 CM

Co. 2312

Commentaire

Etat de conservation

L’état de conservation général de ce fragment de statuette est plutôt moyen. L’objet présente de nombreuses éraflures sur toute la surface et des manques sont visibles au niveau du crâne, du visage et de la mèche. On observe un décollement du matériau sur le crâne (le calcaire s’effrite). Plus de la moitié du visage a disparu et l’oreille gauche a été presque entièrement arasée. Néanmoins, certains traits du visage sont encore discernables et la polychromie est partiellement conservée (ocre rouge du visage et noir de la mèche).

 

La statuette a été cassée horizontalement au niveau du cou. Cette cassure, ancienne, est empoussiérée.

 

Une profonde entaille horizontale, longue de 1,3 cm, est visible sur la nuque. Pour le moment, la présence de cette entaille, empoussiérée comme le reste de l’objet, est inexpliquée.

 

Seule la tête de la statuette est conservée au musée.

Description

Co. 2312 représente une tête d’enfant pourvue d’une mèche sur le côté droit.

Le visage est ovale, les joues rebondies. Le front et le nez ont disparu, ainsi que la majeure partie des yeux et de la bouche. On remarque néanmoins que les traits du visage ont été finement réalisés : les yeux en amande étaient incisés, les narines indiquées. Les commissures des lèvres sont profondément creusées. L’oreille droite, plaquée contre la mèche, est particulièrement détaillée. Tous les éléments qui la composent ont été représentés : le bord externe, le pavillon, l’anthélix (monticule interne) et le conduit auditif. Si l’oreille gauche a été arasée, l’oreille droite a été préservée par la présence de la mèche de l’enfance. Afin de rendre bien visible les détails anatomiques, cette oreille est plaquée de face sur la mèche. L’extrémité inférieure du lobe est manquante. Une dépression circulaire à cet endroit suggère que l’oreille était percée. Un bourrelet de peau est visible au niveau du cou.

 

À l’heure actuelle, la mèche latérale droite est lisse. Cette mèche est recouverte d’un épais pigment noir. Des traces de ce pigment noir sont observables à l’arrière du crâne. Le crâne de l’enfant n’aurait donc pas été complètement rasé. Les dommages subis par cette pièce ne permettent pas d’affirmer la présence d’une calotte ou d’un uraeus sur le front. Il ne s’agirait donc pas de la représentation d’un dieu enfant, tel Harpocrate (dont plusieurs effigies sont conservées dans la collection du musée Rodin, Co. 2341 et Co. 789) mais simplement de la représentation d’un enfant égyptien, avec la « mèche de jeunesse » qui le caractérise.

 

L’étude réalisée par A. Marshall sur l’enfant dans l’Égypte ancienne (MARSHALL 2014, p. 35-42) précise que cette mèche de l’enfance est particulièrement bien attestée à toutes les périodes sur divers supports iconographiques, notamment en ronde-bosse. Les anciens Égyptiens accordaient de l’importance à cette mèche ; dans l’écriture, cinq termes s’y rapportent. D’après les représentations, elle était portée principalement du côté droit de la tête. On est tenté de lui attribuer un rôle prophylactique, mais il est difficile d’en interpréter la symbolique exacte en l’absence de source textuelle. Cette pratique liée à l’enfance se retrouve dans d’autres sociétés antiques ou modernes.

 

En grande majorité tressée à l’Ancien Empire, la mèche des enfants est lisse aux périodes suivantes, tandis que la tresse portée sur le côté de la tête devient, au Nouvel Empire, l’apanage des dieux-enfants (Horus l’Enfant, Khonsou, Ched et Nefertoum) et des enfants royaux (cf. Ramsès II représenté comme un enfant, musée du Louvre N 522). À cette époque, à la notion d’enfance liée à la mèche latérale s’ajoute celle d’une essence divine (MARSHALL 2014, p. 41).

 

Si l’on exclut l’hypothèse que la tête Co. 2312 soit un fragment d’effigie de dieu infantile représenté seul, assis ou debout, on constate que les enfants apparaissent régulièrement dans les statues familiales en calcaire peint. Tout comme dans le groupe statuaire du nain Seneb, daté de la IVe dynastie (musée du Caire, Inv. N° JdE 51280), il est probable que la tête Co. 2312 provienne d’une statue composite figurant les parents et leur descendance, placée à côté d’eux ou entre eux. La tête de l’enfant peut y apparaître sculptée entièrement en ronde-bosse, tandis que le reste du corps est placé contre un siège ou une dalle dorsale, comme on peut l’observer sur le groupe statuaire de Kamimen et son épouse Mérytrê, daté de la XVIIIe dynastie (musée du Louvre, Inv. N° E 10443). Cette configuration expliquerait le fait que la tête Co. 2312 se soit détachée du reste de la statue.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 161, "Tête d'une statuette d'Harpocrate en calcaire peint. Restes de tresses. L'oreille droite est d'une grande finesse. Le front et les yeux sont très abimés. Haut. 3 cent. 1/2. Estimée cinq francs."

Donation Rodin à l’État français 1916.

 

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