Ex-voto ou figure de reliquaire

Bastet sous sa forme de chatte

ÉGYPTE > PROVENANCE INCONNUE

ÉPOQUE TARDIVE ou ÉPOQUE PTOLÉMAÏQUE > XXVIe -XXXIe dynastie > 656 - 30 avant J.-C.

[voir chronologie]

BRONZE (ALLIAGE CUIVREUX)

H. : 13 cm ; L. : 3,4 cm ; P. : 4 cm 

Co. 804

Commentaire

Etat de conservation

Le métal est très oxydé. La partie postérieure de l’animal est manquante. L’oreille droite a été brisée puis recollée. Un trou perfore l’objet au bas de la partie gauche de la nuque.

Description

La statuette en bronze figure une chatte assise sur ses pattes arrière, aujourd'hui manquantes. L’animal porte un long collier de type égide autour du cou. Le cordon qui supporte le pectoral est épais et sans décor. Les détails du motif de l’égide sont aujourd’hui très effacés. Assez fréquemment, il s’agissait d’une tête de lionne munie d’un disque solaire et d’un uraeus, évocation de la filiation de Bastet avec le dieu solaire Rê (voir, par exemple, la notice rédigée en ligne par Catherine Bridonneau sur la figurine musée du Louvre N 3857). Les deux anneaux métalliques rudimentaires qui ornent ses oreilles percées sont encore en place. Il s’agit de deux boucles simples, réalisées dans un alliage non oxydé. L’extrémité de ces anneaux n’est pas soudée.

La face présente des lignes naturelles. Les oreilles, de moitié dégrossies, sont légèrement trop grandes pour la figure. Les pommettes marquées se poursuivent sur un museau finement sculpté de forme et de longueur réalistes. La gueule et les narines sont placées symétriquement au reste de la face. Les épaules et les omoplates sont dessinées sous le collier qui en masque une partie. Les pattes avant sont fines et de longueur naturelle alors que les doigts sont trop longs et aplatis. Les carpes et les coussinets carpiens sont rendus par un léger gonflement. La pointe de la queue, qui devait longer le corps de l’animal du côté droit, est visible à l’avant des pattes. Sous les pieds antérieurs, un petit ressaut de métal indique que la statuette devait être insérée dans un socle antique.

(En ce qui concerne les termes utilisés pour la description de l’anatomie des félins).

 

Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqârah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des millions de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., in Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet. Mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.

D’après les dimensions de Co. 804, cette statuette était plus certainement placée au-dessus d’un coffre en bois ou d’un sarcophage en bronze dans lequel était entreposée une momie de chat. En l'absence d'identification de son lieu de provenance, cette figurine peut également avoir été déposée dans un temple dédié à la déesse Bastet en tant qu'ex-voto.

 

De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres. En revanche, les dimensions diffèrent d’une statuette à une autre. Seuls quelques exemples présentent les mêmes dimensions que la statuette Co. 804.

Au British Museum, l'oeuvre EA 38245 figure un chat assis sur ses pattes postérieures et portant un collier comme Co. 804. Il s'agit ici d'une enseigne. Les statuettes EA 61547 et EA 11582 sont également des représentations de chattes assises portant un collier. 

Au Museo Egizio di Torino, la statuette Cat. 0886 présente le même type de collier que Co. 804. Le musée date cette oeuvre de l'époque Tardive. 

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, Co. 813, Co. 2424, Co. 2371, Co. 769, Co. 2337, Co. 771 et Co. 212 sont également des statuettes de chatte assise sur ses pattes postérieures. La statuette fragmentaire Co. 203 consiste en une tête de chatte qui avait probablement la même posture que Co. 804 à l’origine.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquis par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 200, "Partie antérieure d’un chat en bronze. Une égide est figurée autour du cou, anneaux aux oreilles. Haut. 13 cent. ½. Estimée quarante francs."

Donation à l’État français en 1916. 

Commentaire historique

La statuette fut exposée à l’hôtel Biron, parmi les chefs-d’œuvre de la collection égyptienne, là où Charles Boreux la décrivit à l’été 1913 dans l’inventaire qu’il fit en vue de la donation à l’État français.

 

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