Ex-voto

Bastet sous sa forme de chatte

égypte > provenance inconnue

époque tardive ou époque ptolémaïque > XXVIe - XXXIe dynastie > 656 - 30 avant j.-c.

[VOIR CHRONOLOGIE]

bronze (alliage cuivreux)

h. : 9,2 cm ; l. : 2,6 cm ; p. : 5,7 cm

co. 771

Commentaire

Etat de conservation

La statuette est entière et en bon état de conservation. Il manque simplement la pointe de la queue, le bout de l'oreille gauche et les pierres incrustées dans les yeux.

Le ventre de l'animal ainsi que son cou présentent une oxydation du métal plus importante que sur le reste du corps. De nombreuses petites piqûres sphériques parsèment la statuette. Deux plus larges de forme allongée se situent sur la cuisse droite. On note également de petites ridules au-dessus de la cuisse droite qui pourraient être dues à une coulée du bronze trop lente et à trop basse température. Des dépôts de cire jaunâtre sont également visibles dans les creux de la tête, notamment les oreilles et les yeux. Enfin, des traces de concrétions et de sédiments recouvrent ponctuellement la surface de l’œuvre. 

Description

La statuette représente un chat assis sur ses pattes postérieures sur un socle moderne en bois noir.

Les oreilles de l’animal sont percées et striées de moitié par de fines lignes horizontales rendant les poils. L’autre moitié, l’extérieure, est simplement creusée pour donner profondeur et réalisme. Le bord intérieur de l’oreille se poursuit sur des arêtes encadrant le front plat. L’arête du nez est courte, de même que le museau composé de patons décorés de fins sillons dessinant les moustaches. Un sillon plus épais modèle l’ouverture de la gueule.

Le cou et les épaules sont recouverts d’un large collier fait de quatre rangées de perles. Entre les omoplates, deux fins rubans tombent du collier. La musculature et l’ossature des épaules sont rendues au travers du bijou. Les épaules se prolongent sur des pattes antérieures finement sculptées grâce au rendu des carpes. Le dos possède une cambrure naturelle. Les pattes arrière sont complètement fondues dans la masse du dos, à l’exception du contour des cuisses qui est finement modelé. Seuls les pieds postérieurs et la queue s’y dégagent. Cette dernière émerge progressivement de la croupe, longe le côté droit du corps et finit sa course à l’avant du pied antérieur droit.

Contrairement aux autres statuettes de chatte de la collection du Musée Rodin, l’œuvre Co. 771 est la seule à être pleine.

 

Cette figure de chatte représente la déesse Bastet sous sa forme zoomorphe, déesse protectrice du foyer et de la fertilité féminine. Bastet est également la forme apaisée de Sekhmet, déesse agressive, fille et œil de Rê, qui est le plus souvent représentée en lionne. Bastet est Maîtresse de Bubastis dans le delta du Nil, et son culte connait un essor considérable à partir de la Troisième Période Intermédiaire, lors de l’installation de la capitale à Bubastis. C’est notamment sur ce site, mais aussi à Thèbes (Haute-Égypte), à Beni Hassan (Moyenne-Égypte) ou sur le site de Saqqarah (Basse-Égypte), que furent mis au jour des cimetières contenant des centaines de chats momifiés. Les momies ou simulacres de momies étaient introduits dans des coffres de bois ou de bronze de forme rectangulaire ou zoomorphe, ou bien directement dans une statuette prenant l’aspect d’un chat assis. Des têtes de chat en bronze étaient aussi occasionnellement placées sur une momie enveloppée, en tant qu’ornement (cf. SCHORSCH Deborah, FRANTZ James H., in Appearance and Reality, BMMA 55/3, hiver 1997-1998, p. 18). Ces momifications étaient destinées à deux pratiques religieuses différentes. Les momies pouvaient être des commandes de particuliers dans le cadre de leurs dévotions à la déesse Bastet. Mais elles pouvaient également être utilisées au cours de l’accomplissement du culte journalier dédié à la déesse féline.

 

La statuette Co. 771 étant pleine, elle n’accueillait certainement pas de restes momifiés de chat. On peut alors supposer qu’elle avait la fonction d’un ex-voto. Elle pouvait également surmonté un coffret dans lequel était inséré la momie ou une partie de momie de chat. 

 

De très nombreuses statuettes de ce type ont été mises au jour. Le musée du Louvre, le British Museum, le Penn Museum, le MMA, le Musée égyptien du Caire et de Turin regroupent en effet à eux-seuls près de soixante œuvres. En revanche, les dimensions diffèrent d’une statuette à une autre. Seuls quelques exemples correspondent aux caractéristiques et aux dimensions de Co. 771.

Au Penn Museum de Philadelphie : 29-70-738 (8,8 cm).

Au British Museum : EA 26293 (8,6 cm).

Au Museo Egizio di Torino : Cat. 0892 (8,5 cm), Cat. 0877 (11 cm).

Aux musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles : E. 07602 (9,5 cm).

Au MMA de New York : 04.2.425 (10,2 cm).

Ces exemples étant dépourvus de photographies dans leur notice respective, nous ne pouvons être assurés de la ressemblance iconographique avec l'oeuvre Co. 771.

Œuvres associées

Dans les collections du Musée Rodin, Co. 813, Co. 2424, Co. 2371, Co. 769, Co. 2337, Co. 804 et Co. 212 sont également des statuettes de chatte assise sur ses pattes postérieures.

Inscription

Anépigraphe.

Historique

William Rothenstein donna l’œuvre Co. 771 à Rodin en 1898. 

 

Donation à l’État français en 1916. 

Commentaire historique

La statuette Co. 771 a été présentée au public lors de deux expositions. La première, Rodin, s’est tenue à Londres du 19 septembre 2006 au 20 mai 2007. L’objet était présenté sous le numéro de catalogue 201. La seconde, Rodin et Freud collectionneurs, La Passion de l’œuvre, qui s’est tenue au musée Rodin du 15 octobre 2008 au 22 février 2009, présentait l’œuvre sous le numéro 89.

 

Lettre de William Rothenstein à Rodin le 26 mai 1898 en lui donnant le chat. 

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