Homme agenouillé présentant une image divine

Statue théophore

Égypte > provenance inconnue

Nouvel Empire > fin XVIIIe-XXe dynastie

[voir chronologie]

Grauwacke

H. 15 cm ; L. 6,8 cm ; P. 12,2 cm

Co. 770

Commentaire

Etat de conservation

N’est conservée que la partie inférieure de la statuette, par ailleurs dans un état général de conservation médiocre. La cassure supérieure démarre sous l’épaule droite du personnage, se prolonge en travers du torse jusqu’à la partie médiane puis descend en oblique en partie gauche jusqu’au coude. La tête et les épaules de la figure divine placée devant lui ont disparu, ainsi que la surface latérale de la jambe gauche. La partie antérieure de la statuette est également brisée au niveau des pieds de la figure divine, emportant une partie de son socle ainsi que tout l’avant du socle de la statuette. Nous constatons de très nombreuses micro-rayures, notamment sur le dessus du socle conservé, les bras du personnage et la figure divine, sans doute dues au sable d’enfouissement. La statuette est parsemée de nombreux éclats sur les bras, les pieds, le pagne du personnage, le socle et le pilier dorsal ainsi que sur les bras, la cuisse gauche et les genoux de l’image divine. L’attribut qui apparaît en relief sur les jambes de la figure divine semble avoir été arasé. Plusieurs marques très nettes et fines sont sans doute attribuables à des traces d’outils faites lors de l’excavation de l’objet ; un tel manque de soin peut indiquer des ouvriers peu précautionneux ou des fouilles clandestines exécutées à la hâte.

Certaines parties sont particulièrement patinées : les talons et les bras du personnage, les arêtes du siège, les cuisses, les mains et les attributs du dieu.

Description

Un personnage masculin agenouillé, genoux et orteils reposant sur un socle, les bras avancés, présente devant lui l’image d’un dieu.

Ce dieu est assis sur un siège cubique à dossier bas et socle ; le contour de ce siège est orné d’une frise gravée, alternant rectangles et carrés. Une seconde frise, plus large, traverse les faces latérales presque en diagonale ; elle est visible entre la main et le bas de la cuisse du personnage agenouillé.

La divinité est engoncée dans un linceul dont seules les mains, ramenées à la poitrine, dépassent pour tenir des attributs : le sceptre-heqa (crosse) dans la main droite, le sceptre-nekhakha (fléau) dans la main gauche. Les deux mains enserrent également le sceptre-ouas surmonté du pilier-djed (il est arrasé dans les parties supérieure et inférieure mais les traces de son contour sont conservées). Ce sceptre, plus grand que les autres, n’est pas tenu droit devant le dieu mais ramené contre son corps. Il suit donc la morphologie du personnage, un procédé visant à pallier les contraintes techniques imposées par le matériau et la position de la divinité. C’est donc bien le manche du sceptre-ouas et non un élément décoratif du costume qu’il faut y voir.

Cette divinité porte à son cou un collier-ousekh, dont les différentes rangées de perles sont rendues par une gravure très fine.

L’aspect momiforme du dieu ainsi que l’association des trois sceptres nous permet de l’identifier comme la divinité syncrétique Ptah-Sokar-Osiris. Ptah et Sokar sont deux divinités originaires de Memphis ; Sokar, divinité chtonienne et de l’au-delà, est plus particulièrement associé à la nécropole de Saqqârah. On trouve dès le Moyen Empire l’association Ptah-Sokar-Osiris, qui devient une divinité funéraire importante jusqu’à la fin de la période pharaonique.

D’après les traces d’arasement, nous pouvons supposer que le dieu portait une barbe : sans doute la barbe recourbée, apanage des dieux égyptiens, ou peut-être la barbe droite, portée par Ptah à partir du Moyen Empire.

La réserve de pierre entre le torse du personnage et le dos de la divinité est peu large, comme un pilier dorsal.

 

Le personnage, dont l’identité reste inconnue, est vêtu d’un pagne plissé, long et ample, qui descend jusqu’aux chevilles. Il repose en partie sur le socle, avec un rendu assez naturaliste du mouvement de l’étoffe. Le plissé, fin et régulier, rayonne depuis le ventre. L’observation du profil et de la face arrière permet de constater que ce pagne remonte assez haut dans le dos, une particularité du costume égyptien qui n’apparaît pas avant la période amarnienne. Les parties du torse encore visibles indiquent qu’il a été traité simplement, sans aucune musculature, avec un ressaut très doux pour indiquer une poitrine un peu grasse. La vue de dos ne rend pas compte de bourrelets de chair mais d’un buste étroit.

Les mains sont assez longues par rapport à la taille des avant-bras, les doigts sont fins et allongés ; les ongles sont rendus par une simple incision à la base des doigts. Les pieds sont également très grands, les orteils longs et assez larges ; les ongles sont aussi rendus par une simple incision à la base des orteils.

 

Le pilier dorsal de la statue est plus large à la base qu’à l’extrémité supérieure de la partie conservée ; il se prolonge en partie inférieure par un socle peu épais. Socle et pilier dorsal semblent avoir été laissés anépigraphes. Nous pouvons cependant remarquer une ligne d’incision verticale le long du côté droit du pilier dorsal, peut-être la première étape pour la gravure d’une colonne de hiéroglyphes qui n’aurait pas été achevée.

Sous le socle, on remarque une protubérance de pierre, une sorte de tenon pour encastrer l’œuvre dans un socle plus important, peut-être dans un matériau différent, ce qui permettait de jouer sur la couleur mais également d’adjoindre des inscriptions. Cela expliquerait l’absence d’inscriptions sur le contour du socle et le pilier dorsal de la statue.

 

Le personnage a les mains posées à plat sur les faces latérales du siège du dieu comme s’il présentait l’image divine devant lui. Or, le siège du dieu n’est pas véritablement posé sur les cuisses du personnage, il n’est pas non plus disposé devant les genoux : le propriétaire de la statue ne tient pas un objet. Cette statue représente en fait un face à face entre le propriétaire de la statue et le dieu : il s’agit d’une forme d’expression de piété personnelle. Le dédicant rend hommage à la divinité, il faut l’imaginer avec les deux mains posées à plat sur les cuisses, dans l’attitude de la prière et de l’attente respectueuse, comme sur la statue de Nakhthorheb conservée au musée du Louvre (inv. n° A 94), beaucoup plus tardive. En retour, il attend sans doute du dieu de bénéficier de la réversion des offrandes qui lui sont faites dans son temple.  

Inscription

Anépigraphe.

Historique

Acquise par Rodin entre 1893 et 1913.

BOREUX 1913 : Hôtel Biron, 126, « Partie inférieure d’une statuette de personnage agenouillé présentant un Osiris assis. La tête et la partie gauche de la poitrine manquent ainsi que la tête de l’Osiris. Pilier dorsal anépigraphe. Serpentine ( ?). Haut 14 cent. [Estimée] 60 Fr ».

Donation Rodin à l’État français 1916.

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