Provenance inconnue
Ier-IVe siècle ap. J.-C.
L. 10,3 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm
Os
Co. 5775
Provenance inconnue
Ier-IVe siècle ap. J.-C.
L. 10,3 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,7 cm
Os
Co. 5775
La pièce est incomplète. En plus d’être brisé dans sa partie senestre, le cuilleron présente un degré d’usure prononcé. En effet, sa partie supérieure a en grande partie disparue, en raison d’un emploi répété de la cuillère. L’extrémité du manche est aussi cassée. L’ensemble de l’ustensile est couvert de traces laissées par les radicelles lors de son enfouissement. Celles-ci sont très abondantes sur sa face interne. La cuillère conserve aussi une légère couche de sédiments, incrustée dans les parties en creux ou sur les zones endommagées par les radicelles. Les incisions au revers de la tige sont soulignées d’ocre rouge.
Au sein des cuillères répertoriées aux époque romaine et byzantine, on distingue deux typologies : le cochlear au cuilleron circulaire, représenté par trois exemplaires de la collection du musée Rodin (Co. 3639, Co. 3640, Co. 5665), et la ligula, pourvue d’un cuilleron ovale. C’est à cette dernière catégorie que devait correspondre notre cuillère, malgré l’usure prononcée de son cuilleron. Le manche de section ovale est renflé sur les deux tiers de sa hauteur et s’amincit vers l’extrémité proximale. Il se prolonge au dos du cuilleron par une pointe triangulaire, sans doute assez effilée à l’origine. Cette pointe est soulignée de deux chevrons qui naissent à la base de la partie qui imite un bras articulé. Le cuilleron, qui affecte un forme grossièrement semi-circulaire aujourd’hui, présentait probablement, avant que l’objet ne soit utilisé, un dessin allongé.
Cette cuillère propose une traduction en os d’un modèle métallique. Le décrochement au premier tiers de la hauteur du manche indique une volonté d’imiter les cuillers en argent ou en bronze, à cuilleron piriforme, munis d’un bras articulé. Cette partie quadrangulaire, supporte au revers, l’amorce des deux chevrons qui se poursuivent en une pointe sur le cuilleron, barrée d’une rainure horizontale, tandis que la face interne est striée de trois profondes entailles longitudinales, en partie supérieure du manche. Ces petites encoches, fréquentes sur les manches des exemplaires en métal, permettaient d’appuyer la cuillère sur le rebord du plat.
De nombreux modèles de ligulae offrent un manche se terminant en pointe longue sur un cuilleron souvent souligné de longs chevrons (BÉAL 1983 n° 796 p. 253, pl. XLVI ; BIRÓ 1994, n° 478 p. 99, pl. LV ; GOSTENČNIK 2005, p. 84-88, pl. 18-20 p. 440-445 ; ANDERES 2015 n° 94 p. 40-41, 116, pl. 4 p. 130). Plus rares néanmoins sont les individus qui proposent une transcription précise dans l’os d’un manche à bras articulé de section rectangulaire, et non en arc de cercle. Une cuillère fragmentaire provenant de Corinthe montre un décrochement du manche, en partie supérieure, qui rappelle celui de notre pièce (DAVIDSON 1938, n° 1394 p. 189, pl. 84). Un exemplaire attribué à l’époque islamique de Césarée Maritime révèle des rainures horizontales identiques au nôtre sur le haut du manche (AYALON 2005, n° 162 p. 48, fi. 17-162 p. 232-233). Les ligulae sont généralement datées entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle de notre ère. Toutefois, ce type semble bien perdurer à l’époque byzantine dans la partie orientale du bassin méditerranéen. Aussi est-il délicat d’assigner cette pièce à une période précise.
Comparaisons
-Césarée Maritime, inv. 17/A/0636 (AYALON 2005).
-Corinthe (DAVIDSON 1938).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.