Cuiller

type cochlear

Provenance inconnue

Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?

L. 4,85 cm ; D. cuilleron 2,25 cm ; ép. max. 0,45 cm

Os

Co. 5665

Commentaire

Etat de conservation

La cuiller offre une patine brun clair. De petites taches brunes se remarquent également sur la face interne du cuilleron, et au revers de l’objet. La tige est cassée à mi-hauteur. Une fissure endommage la partie supérieure senestre du cuilleron. Quelques sédiments subsistent, notamment à la jonction du manche et du cuilleron. La surface est particulièrement lustrée.

Description

L’ustensile appartient à l’une des deux catégories de cuillères les plus répandues dans le bassin méditerranéen à l’époque romaine : les cochlearia. Ces instruments dont le cuilleron circulaire est particulièrement adapté au prélèvements de mets tels que les œufs ou les escargots, étaient vraisemblablement dévolus aussi à d’autres usages. Ils devaient sans doute aussi être employés dans la préparation d’onguents, de cosmétiques ou de remèdes. Pourvu d’un cuilleron à la forme régulière, ils se démarquaient de la ligula, cuillère à la partie utile piriforme ou en goutte d’eau.

 

Notre spécimen présente un manche, dont la section circulaire s’amincit près de la jonction avec le cuilleron. Sa tige se raccorde, au revers de l’objet, par une pointe courte triangulaire, soulignée d’une rainure. Le cuilleron circulaire, assez profond, montre un discret ressaut sur son pourtour, moins prononcé que sur les deux autres cuillères du musée Rodin. Le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre conserve une série de cuillères provenant de la région de Smyrne, dont le cuilleron aux parois évasées et au raccordement du manche à pointe courte, peut rappeler le nôtre. L’une d’elles présente une patine brun clair comme le fragment du musée Rodin (inv. MNC 2422.2), tandis qu’une autre possède un manche munie d’une pointe courte, redoublée par une profonde incision triangulaire (inv. MNC 2422.9). Une rainure similaire s’observe aussi sur un fragment de cuillère découvert sur le site d’Augst (DESCHLER-ERB 1998, n° 224 p. 29, pl. 11 p. 363).

 

La morphologie des cochlearia en os semble connaître peu d’évolution au cours des siècles. Bien que J.-C. Béal atteste la présence de ce type dès le IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252), il semble surtout se diffuser à partir de l’époque d’Auguste dans les provinces occidentales, puis se répandre massivement dans le troisième quart du Ier siècle ap. J.-C. Retrouvés en grand nombre tant dans les régions orientales qu’occidentales de l’Empire romain, les cochlearia en os sont, au cours du IIe siècle, concurrencés par leurs équivalents en métal cuivreux et en argent. Aux IIIe et IVe siècle, les exemplaires en os se raréfient (pour la chronologie, consulter DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40). Les éléments de datation fournis par les sites d’Augst, d’Avenches et du Magdalensberg, révèlent une abondante production de cette typologie au cours du Ier-IIe siècle ap. J.-C., ce qui nous permet de suggérer une fabrication de notre cuillère durant cette période.

 

Comparaisons

-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MNC 2422.2, inv. MNC 2422.9.

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

< Retour à la collection