Provenance inconnue
Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?
L. 6,5 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,4 cm
Os
Co. 3639
Provenance inconnue
Ier-IIe siècle ap. J.-C. ?
L. 6,5 cm ; D. cuilleron 2,4 cm ; ép. max. 0,4 cm
Os
Co. 3639
La tige est cassée à mi-hauteur. La face de l’ustensile est maculée de taches noirâtres résultant de son collage sur un carton. Le même phénomène s’observe sur plusieurs objets de la collection du musée Rodin : l’épingle Co. 3141, l’aiguille Co. 3643, et le cure-oreille Co. 3644. L’intérieur du cuilleron révèle également des traces laissées par des radicelles lors de l’enfouissement de la cuillère. Le revers, à la teinte ivoirine, offre par endroits une patine jaune clair. De très discrets sédiments subsistent sur la surface égalisée à la lime.
La cuillère se caractérise par un manche cylindrique dont le diamètre s’amenuise vers l’extrémité distale. Plus large que haut, il se raccorde par une pointe courte triangulaire à un cuilleron circulaire peu profond. La paroi du cuilleron présente une certaine épaisseur, exploitée pour créer un bord en ressaut. Le centre de sa face interne est marquée d’un décor de petit cercles concentriques : un ombilic sur lequel est venu s’appuyer le pointeau du tour et une gorge plus profonde l’entourant.
Le cochlear et la ligula, constituent les deux typologies les plus courantes de cuillères à l’époque romaine. Dotée d’un cuilleron circulaire, contrairement à la ligula qui se termine par un cuilleron ovale ou en goutte d’eau, le cochlear servait prioritairement à manger des escargots et des œufs. Il fut sans doute aussi convoqué dans le cadre de la toilette ou de la médecine, pouvant être utilisé dans la préparation d’onguents ou de cosmétiques. Rarement enrichis de décor comme leurs équivalents en bronze ou en argent, ces cuillères en os constituent un corpus homogène au sein duquel prédominent deux variantes affectant le raccord du manche au cuilleron. Le manche peut être attaché par une pointe courte, comme sur notre exemplaire, ou par une pointe effilée dite « en queue de rat ».
Notre cuillère a pour particularité de posséder, au centre du cuilleron, un ombilic de tournage, caractéristique que l’on retrouve sur un ustensile lyonnais, au manche restauré (BÉAL 1983, type A XXV, 1, n° 789 p. 2581, pl. XLIV), mais aussi sur une cuillère complète du Magdalensberg (GOSTENČNIK 2005, p. 81 n. 281, pl. 16/2 p. 436-437), et une seconde exhumée à Augst (DESCHLER-ERB 1998, n° 229 p. 30, pl. 12 p. 364). Un détail similaire a été relevé sur une cuillère provenant d’Ashkélon (WAPNISH 2008, p. 601, fig. 34.9, n° 107 p. 628). On citera encore en guise de comparaison une cuillère fragmentaire, conservée dans les collections du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du musée du Louvre, découverte dans les environs de Smyrne, avec deux autres cuillers très proches (inv. MNC 2422.12).
Largement répandus dans l’ensemble du bassin méditerranéen, les cochlearia présentent une morphologie assez stable au cours du temps. Si les premiers exemplaires pourraient remonter, selon J.-C. Béal, au IIIe siècle av. J.-C. (BÉAL 1983 p. 252), cette production semble se développer dans les provinces occidentales à l’époque augustéenne et devenir abondante dans le troisième quart du Ier siècle ap. J.-C. La série de cochlearia, avec un manche se raccordant en pointe courte, découverts sur le site d’Avenches se rapporte, en majeure partie, à une période comprise entre la première moitié du Ier siècle ap. J.-C. et le milieu du IIe siècle (SCHENK 2008 p. 197 fig. 115 p. 273). Bien que les exemples restent fréquents au IIe siècle, les cuillères en métal paraissent se multiplier à partir de la seconde moitié du siècle. Les spécimens en os se font plus rares au IIIe siècle, et plus encore au IVe siècle (pour la chronologie, cf. DESCHLER-ERB 1998 p. 133-136 ; SCHENK 2008, p. 54 ; ANDERES 2015, p. 40). Aussi peut-on suggérer pour notre exemplaire, une production au cours de deux premiers siècles de notre ère, sans pour autant exclure une date de fabrication plus tardive.
Comparaisons
-Augst, inv. 1977. 5871 (DESCHLER-ERB 1998).
-Avenches, musée romain, inv. K 3025 (SCHENK 2008).
-Lugdunum, musée, inv. 428 (BÉAL 1983, n° 789 : détail de l’ombilic analogue).
-Magdalensberg, inv. 1958 OG/5 (GOSTENČNIK 2005).
-Paris, musée du Louvre, DAGER, inv. MNC 2422.12.
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.