Poupée

Égypte > provenance inconnue

Seconde moitié du VIIe siècle - VIIIe siècle ap. J.-C. ?

H. 6,3 cm ; l. 2,6 cm ; P. max. 0,6 cm

Os

Co. 3637

Commentaire

Etat de conservation

Conservée dans son intégralité, la matière osseuse de cette figurine se distingue par une teinte crayeuse et un ton légèrement plus jaune au revers. Une forte abrasion de la surface estompe les détails.

Description

La silhouette féminine, très plate, est traitée de manière très schématique. Aux formes fortement géométrisées, s’ajoutent des détail anatomiques rendus par de simples lignes incisées. La tête assez large, rappelle celle de la poupée Co. 2047 du musée Rodin, par son aspect. Sciée horizontalement à son sommet, elle était agrémentée de cheveux maintenus par une substance adhésive, comme certains exemplaires appartenant à la même typologie le laissent supposer. Alors que les oreilles constituent deux petites protubérances sur les côtés, les yeux, au dessin en amande, sont surmontés de deux légères courbes incisées indiquant les sourcils. Une minuscule perforation signale l’emplacement de la pupille. La poitrine est modelée en léger relief, tandis que la taille est soulignée par de profondes incisions. Les bras aux proportions courtes et aux épaules arrondies, sont entièrement détachés du buste. Ils retombent le long du corps de manière rigide. Des incisions distinguent le pubis de jambes. Celles-ci présentent un galbe encore plus prononcé que celles de la statuette Co. 2047. Elles sont séparées par un échancrement, sur toute la hauteur de l’entre-jambe.

 

Plusieurs exemplaires présents dans différentes institutions muséales révèlent des affinités stylistiques évidentes avec ce modèle : une poupée découverte à Antinoé conservée au Louvre (E 21174), une seconde abritée dans les collections du British Museum, qui porte encore une boucle d’oreille en métal (OA.912), et une dernière, appartenant à la Liebieghaus Skulpturensammlung de Franfort-sur-le-Main, (KAMINSKI-MENSSEN 1996, cat. IV-30 p. 204, pl. 97). Un seul spécimen similaire a été exhumé des fouilles archéologiques menées sur le site d’Istabl ‘Antar en Égypte (RODZIEWICZ 2012, n° 11732 p. 188-189, pl. 47 p. 397, pl. 104 p. 454). S’il n’a pu être daté avec précision, il appartient à une production du début de la période islamique.

 

Parfois considérées comme des objets à valeur magique ou apotropaïque, ces figurines qualifiées longtemps de « poupées coptes », sont reconnues depuis quelques décennies comme des jouets attribuables aux époques omeyyade ou abbasside. Si d’autres fonctions symboliques ont pu se surajouter au cours de l’utilisation de l’objet (SHATIL 2016, p. 304), le rôle premier de ces figurines, dont des exemplaires encore vêtus de plusieurs tuniques ont subsisté, semble avoir été celui de poupée. Ne présentant pas de rapport évident avec les poupées d’époque romaine ou byzantine, ces objets ont été davantage inspirés par des types existant dès l’époque parthe en Mésopotamie et dans la sphère d’influence du monde iranien (SHATIL 2016, p. 307-310). Apparaissant au cours du VIIe siècle à la fois en Égypte et au Proche-Orient, ces statuettes sont produites en série jusqu’au Xe siècle, date à laquelle cette industrie commence à s’essouffler. Compte tenu des dates avancées pour des exemplaires proches découverts à Istabl ‘Antar, nous pouvons proposer une réalisation de la figurine du musée Rodin, entre la seconde moitié du VIIe et la fin du VIIIe siècle.

 

Comparaisons :

-Berlin, anciennement au Staatliche Museen, I. 3736 (WULFF 1909, n° 534 p. 133 : silhouette générale).

-Francfort-sur-le-Main, Liebieghaus Skulpturensammlung, 2778.20 (KAMINSKI-MENSSEN 1996, Nr IV-30 p. 204).

-Le Caire, fouilles archéologiques d’Istabl ‘Antar (RODZIEWICZ 2012, n° 11732).

-Londres, British Museum, OA.912.

-Paris, musée du Louvre, DAE, E 21174 (Antinoé).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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