Matière et technique
L’analyse des essences a été effectuée par Victoria Asensi Amorós (société Xylodata), en mai 2018. Il a pu ainsi être démontré que, tandis que le corps, les chevilles de bois et les plaquettes sont en perséa, les deux bras ont été sculptés en acacia du Nil. Ces essences font partie de celles les plus couramment employées par les anciens Égyptiens pour les sculptures de ce type, et sont, par ailleurs, indigènes à l’Égypte.
Des incrustations en pierre et en pâte de verre ont été employées pour figurer les yeux et leurs contours : les sourcils et le pourtour des yeux sont en lapis-lazuli, la sclérotique en pâte de verre, et les iris en une matière noire indéterminée (pâte de verre ?).
Les bras étaient assemblés au reste du corps par un système de tenon-mortaise caractéristique. Une cavité destinée à accueillir une cheville de bois, aujourd’hui disparue, est d’ailleurs visible sur l’épaule droite. Elle était complétée par un faux tenon de section carrée qui traversait le bras droit.
Ces éléments montrent que, bien que le bras droit soit d’origine, ce n’est pas le cas du bras gauche, malgré sa facture et ses dimensions quasi-similaires. Il est probablement antique mais, hormis les différences évoquées au niveau du plan d’assemblage, il est légèrement plus petit que le bras droit. De même, l’arrondi de l’épaule est sensiblement différent, présentant des courbes moins adoucies. Ce bras gauche pose question. Il est possible qu’il s’agisse d’un réemploi antique, prélevé sur une autre statuette.
Un enduit ocre jaune, probablement ancien, recouvre les plans d’assemblage ainsi que les cavités des incrustations et le contour des yeux. Cet enduit devait sans doute permettre de fixer les incrustations dans les gorges prévues à cet effet.
On constate également de très légères traces d’ocre rouge autour des yeux, à l’extrémité du nez et sur le dessus des pieds.
Modification matérielle
Le numéro d’inventaire est inscrit à l’encre noire sur une pellicule isolante, sous le talon du pied gauche.
La statuette a subi plusieurs tentatives de consolidation. En effet, des fentes ont été comblées et le bras droit fixé une première fois à l’aide d’un enduit ocre particulièrement jaune, vraisemblablement ancien. Ensuite, à une époque plus récente, le bras gauche et le tronçon compensatoire ont été stabilisés à l’aide d’un clou, transperçant à la fois le bras et l’épaule, puis les plans d’assemblage ont été couverts d’un enduit rosé. Enfin, un matériau blanc, semblable à celui présent sur Co. 3397 et Co. 3399, a servi à fixer à nouveau les deux bras au torse. On retrouve également cet enduit dans les gorges des incrustations du visage.
Le bras gauche, originel mais probablement ajouté, pose question. Il est possible qu’il s’agisse d’un réemploi antique, prélevé sur une autre statuette.
Le socle sur lequel la figurine repose est moderne, vraisemblablement réalisé par le sculpteur japonais Kishizo Inagaki, à la demande de Rodin lui-même. Les vestiges de la base d’origine sont nettement visibles, entre les pieds et le socle moderne.
Etat de conservation
L’état de conservation est plutôt bon. Le bois est sain, malgré la présence de nombreuses fentes et pertes de matières au sommet du crâne, sur la perruque, sur le devant du corps, dans le dos, au niveau des reins et des cuisses, ainsi que sur les pieds, où elles sont particulièrement profondes. Par ailleurs, le nez est abîmé. L’incrustation de l’iris gauche est manquante. Des cavités rondes, plus ou moins larges, se remarquent sur l’épaule et sous le fessier gauche. La rondelle du bras droit est cassée et a disparu en partie. Les nœuds du bois ont travaillé au niveau des genoux et de l’omoplate droite. De petites marques, peut-être des coups, sont visibles sur les jambes. De plus, on remarque un éclaircissement de la surface au niveau de la perruque, des deux bras, et de la base des pieds.
Restauration
Campagne réalisée par Patrick Jallet (rapport d’intervention de Juillet 2019) : dépoussiérage, nettoyage général, refixage, collages et remontage final.