Provenance inconnue, Égypte ?
Ve - VIIe siècle
H. 16,9 cm ; l. 5,7 cm ; ép. 0,8 cm
Os, tibia ?
Co. 2378
Provenance inconnue, Égypte ?
Ve - VIIe siècle
H. 16,9 cm ; l. 5,7 cm ; ép. 0,8 cm
Os, tibia ?
Co. 2378
L’anneau de la quenouille est brisé, comme le bras droit de la figure d’Aphrodite. De petits éclats endommagent le sommet et les côtés de la coiffure de la divinité. Dans les zones en creux se logent encore des sédiments et des résidus blancs non liés, d’épaisseur irrégulière. On observe aussi quelques marques noires. Des taches jaune clair recouvrent le côté dextre de la déesse, ainsi que la majeure partie de la tige, côté face. Un fendillement longitudinal fragilise la pièce sur le bord senestre, et dans la partie basse. La tonalité crayeuse de l’objet près de l’anneau cassé s’explique par un délitement de l’os.
L’objet pourvu d’un long corps à la section en ovale aplati se terminait originellement par un anneau. Cette morphologie particulière permet de l’identifier à une quenouille. Ustensile indispensable à la confection du fil, la quenouille était complémentaire du fuseau. La tisserande tenait d’une main cet instrument destiné à recevoir les fibres animales brutes, tandis qu’elle tenait de l’autre le fuseau, sur lequel s’enroulait le fil. L’anneau de la quenouille lui permettait d’y passer son petit doigt, pour mieux l’avoir en main.
Notre pièce a pour particularité d’être sculptée à son sommet d’une représentation d’Aphrodite pudique. Celle-ci se tient debout sur une base horizontale striées de deux fines gorges. Associée à cet instrument, la déesse qui présidait à la destinée féminine et au mariage, le chargeait d’une symbolique supplémentaire tout en exerçant un rôle protecteur. Nue jusqu’aux hanches, la divinité cache son sein droit et retient l’étoffe qui entoure ses jambes, tout en dissimulant son bas-ventre. Le pan de vêtement qui retombe devant les jambes de la déesse est orné d’un galon ponctué de trois ocelles. Des traits incisés en diagonale matérialisent les plis du manteau. Le visage aux traits un peu lourds est couronné d’une chevelure ramenée en chignon sur le haut de la tête. Des petites perforations circulaires semblent suggérer la présence d’un diadème garni de gemmes. La déesse porte au cou un collier enrichi de pendeloques traduites par des perforations identiques. Le revers du corps d’Aphrodite s’accorde à la face principale, en proposant la même silhouette trapue aux formes généreuses. Le manteau qui a glissé le long des jambes retombe sous les fesses de la jeune femme. On notera que le sillon interfessier se prolonge en une fine entaille jusqu’en haut du dos. L’arrière de la chevelure comporte un décor de croisillons.
La typologie de la quenouille à anneau et extrémité en forme d’Aphrodite pudique a été largement diffusée dans l’ensemble de l’Empire romain, mais les provinces orientales semblent avoir nourri une réelle prédilection pour celle-ci. Le style et la qualité des représentations diffèrent selon les exemplaires. Si sur certaines pièces, Aphrodite offre une silhouette conforme au canon de la beauté classique (COMSTOCK & VERMEULE 1976, n° 38 p. 30), sur nombre d’exemples provenant d’Égypte, la divinité révèle une approche stylisée (BRUYÈRE 1966, fig. 4-9 p. 102, pl. XIX ; BANK & BESSONOVA 1977, n° 317 p. 165). Une variante montre une Aphrodite entièrement dévêtue, dont l’étoffe n’entoure que les pieds (Petrie Museum, Londres, inv. UC71153 : PETRIE 1915, fig. 6 p. 43, pl. XLIX ; Musée archéologique de Split, inv. K 688 : IVEČEVIĆ 1999-2000, n° 3 p. 478-479 ; FERRAZOLI 2012, n° 57 p. 294, pl. 5, fig. 57). Ce sont des ustensiles découverts en Égypte qui entretiennent le plus d’affinités avec notre objet (L'Égypte en Périgord 1991, n° 57 p. 69 ; PETRIE 1927, n° 67 p. 28, pl. XXIII ; LORANT 2013, p. 65 n. 4, fig. 6 pl. 2). Les images d’Aphrodite arborent la même coiffure conique et montrent parfois un décor de cercles pointés, le long du pan de drapé retenu par la déesse. La schématisation de l’anatomie, couplée à une simplification du drapé plaide pour une date avancée. La mise en parallèle avec le fragment de quenouille découvert Elaiussa Sebaste en Cilicie, issu d’un contexte archéologique du VIe-VIIe siècle, permet d’assigner cette quenouille à l’époque protobyzantine, c’est à dire entre le Ve et le VIIe siècle.
Comparaisons
-Londres, Petrie Museum, inv. UC71153.
-Clysma-Qolzoum (BRUYÈRE 1966).
-Moscou, musée Pouchkine, inv. 7418.
-Périgueux, collection Mallet.
-Split, musée archéologique, inv. K 1188 (IVEČEVIĆ 1999-2000).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.