Applique de mobilier

jambe drapée près d’une colonne

Égypte > provenance inconnue

IVe siècle ap. J.-C.

H. 10,75 cm ; l. 4,15 cm ; P. max. 1,2 cm

Os, humérus ou tibia de bœuf

Co. 2298

Commentaire

Etat de conservation

L’applique est cassée en partie supérieure et sur le côté dextre. Une petite portion du bord inférieur demeure seulement. Par contre, le bord senestre subsiste sur une hauteur importante. Le fragment se distingue par une teinte crème. D’abondants sédiments se trouvent encore emprisonnés dans les trabécules au revers. Sur la face principale, ils s’accrochent aux aspérités de la surface, et sont aussi présents dans les creux.

Description

Ce fragment appartenait originellement à une pièce convexe au format vertical, qui devait accueillir un personnage campé dans attitude statique. La coupure nette de la jambe au-dessus de la cheville étonne, compte tenu du soin apporté à la silhouette et au drapé. On est en droit de se demander si le pied n’a pas été sculpté sur une autre applique, placée au-dessous de la nôtre. Seule la jambe gauche de la figure est conservée. Le drapé d’un himation la recouvre, tout en en dévoilant l’anatomie. Elle semble appuyée sur une colonne au fût lisse. La légère flexion du genou laisse à penser que le personnage s’accoudait à cette colonne, à la manière de Dionysos ou Silène adoptant la pose de l’Apollon Lykéios.

 

Le soin particulier accordé à la retombée du drapé sur la jambe de la figure, traduit une maîtrise de la sculpture sur os. L’artisan joue sur les effets de matière, faisant voisiner d’épais plus courbes, et une étoffe épousant les chairs de la jambe. Le tissu semble si fin qu’il laisse entrevoir la rotule du genou. En tout état de cause, la subtilité avec laquelle le vêtement s’accorde aux formes du corps est le signe d’une facture de grande qualité.

 

La présence d’une jambe faiblement fléchie contre le fût lisse d’une colonne rappelle un fragment de la collection Rodin, au sujet identique : la pièce Co. 2273. Si cette jambe plus massive est masquée par un drapé aux plis moins travaillés, le mouvement s’avère similaire. On peut donc envisager de la confronter à un relief sculpté d’une figure de Silène, conservé au Metropolitan Museum of Art de New-York (07.228.44 : EVANS & RATLIFF 2012, n° 10B p. 20). Il n’est donc pas impossible que les plis arrondis, en partie supérieure, aient soulignés le ventre enflé du précepteur de Dionysos, tandis que la base de l’étoffe pouvait révéler l’anatomie d’une jambe. On ne peut pas exclure le fait que cette jambe ait pu également appartenir à une silhouette d’homme jeune, ou à une divinité féminine.

 

Le rendu à la fois doux du modelé du corps, et précis des plis du drapé, révèle une aisance certaine dans le travail de l’os. L’approche paraît plus délicate que sur l’analogie du Metropolitan Museum, et montre une dépendance envers la sculpture classique plus évidente. L’aspect fouillé des plis du manteau contraste également avec le fragment de comparaison du musée Rodin. L’attention portée à l’anatomie, la souplesse de l’étoffe et son articulation cohérente au corps, invitent à placer la production de cette pièce au cours du IVe siècle.

 

Comparaisons

-Paris, musée Rodin, Co. 2273 (sujet).

Historique

Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.

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