Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 9,2 cm ; l. 4,3 cm ; P. max. 2,4 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
Co. 2085
Égypte > provenance inconnue
IVe -Ve siècle ap. J.-C. ?
H. 9,2 cm ; l. 4,3 cm ; P. max. 2,4 cm
Os, humérus gauche de bœuf, face latérale
Co. 2085
Cassée dans sa partie inférieure, la pièce présente une lacune au sommet, sans doute générée par la trop grande fragilité du tissu osseux à cet endroit. L’angle supérieur dextre est brisé, alors qu’un grand éclat de surface endommage l’angle senestre. Sur la face externe se remarquent des traces noires d’aspect gras, qui cohabitent avec des dépôts foncés ou blancs dans les parties incisées. Le revers révèle une double coloration. Alors que la dépression correspondant à l’emplacement de la cavité médullaire montre une teinte claire, les bords se parent d’une couleur brune très soutenue, qui déborde sur la face externe. On notera la présence de fentes longitudinales sur ces mêmes bords.
Le personnage, nu, à l’exception d’un himation posé sur ses épaules, progresse vers la gauche, tout en détournant la tête. Cette figure, qui participe, de toute évidence au défilé du cortège dionysiaque, ne répond pas à un genre bien défini. Son buste, aux formes très géométrisées, n’est pas doté des courbes qui caractérisent l’anatomie féminine, mais sa coiffure, aux mèches tirées vers l’arrière, ceinte d’un bandeau, renvoie à celle des ménades. Pourtant, la masse ovoïde discernable derrière l’épaule gauche de la figure, supportée par la main voilée de l’himation, rappelle directement l’outre de vin que portent la plupart des satyres sculptés sur les placages en os d’époque romaine, à l’instar de celui qui apparaît sur la pièce du musée Rodin Co. 2056. Ce spécimen semble témoigner d’une confusion iconographique entre le type du satyre askophoros et la ménade tympanistria. L’ellipse discernable derrière la tête du personnage peut être également interprétée comme un drapé enflé par le vent, ou encore comme une arcature située à l’arrière-plan.
L’attitude qu’adopte la figure la rapproche néanmoins d’une série de ménades sculptées sur des appliques convexes du musée Rodin, évoluant d’un pas alerte vers la gauche, mais détournant violemment la tête vers l’arrière (Co. 2049, Co. 2113, Co. 2117, Co. 2184). Cette orientation contradictoire du buste et du visage apparaît comme une convention de représentation, visant à traduire de façon explicite l’agitation des membres du thiase dionysiaque. Parmi les pièces accueillant des ménades, notre exemplaire est sans doute l’un de ceux offrant les formes les plus abruptes et les contours les plus heurtés. Le visage, notamment par sa coiffure, présente une parenté avec un élément de placage du musée Benaki, bien qu’il soit moins incliné (18884 : MARANGOU 1976, p. 105, n° 100, pl. 31c). Le nez fort, surplombant une bouche aux lèvres charnues, s’articule à un buste rendu de façon très schématique. Seule une dépression centrale suggère la présence de la poitrine.
L’épaule droite est indiquée par un vif enlèvement de matière au ciseau, tandis que le bras, qui retient un pan de vêtement, est singulièrement aminci. La forte stylisation de l’anatomie ainsi que la simplification du modelé des chairs, allant de pair avec une rudesse du travail de la matière osseuse, témoignent d’une exécution rapide, privilégiant une vision synthétique du corps. Aussi nous pouvons, sur la base de ces éléments quelque peu arbitraires, et de l’affinité avec l’applique du musée Benaki, proposer une réalisation de la pièce au cours du IVe siècle, ou même du Ve siècle.
Comparaisons
-Athènes, musée Benaki, 18884 (visage).
Acquis par A. Rodin entre 1893 et 1917. Donation A. Rodin à l’État français en 1916.
Le type d’étiquette à bord dentelé et à liseré bleu, marqué à l’encre d’un nombre suivi de lettres minuscules séparées par un tiret, se retrouve au dos de l’exemplaire Co. 2067 du musée Rodin. Fait plus intéressant, il est aussi présent au revers d’une série d’appliques conservée au département des Antiquités égyptiennes du musée du Louvre. Ces pièces ont été identifiées dans le registre manuscrit du musée Guimet comme dix appliques provenant d’Alexandrie, acquises par E. Guimet le 14 septembre 1905 auprès d’un des antiquaires Tano. Cette association nous engage à supposer que Rodin put acquérir certains placages de mobilier en os, par le biais de la même famille connue pour son commerce d’antiquités au Caire. Cette hypothèse est d’autant plus recevable que P. Tano procura au sculpteur, en 1903, deux masques funéraire en stuc égyptiens d’époque romaine.