Matière et technique

Sculpture sur bloc en haut et bas relief. Incision de certains éléments, notamment les signes hiéroglyphiques.

Stèle taillée dans un calcaire clair. De nombreuses veines très fines traversent la pierre de part en part. Deux fossiles sont observés, l’un sur la face à dextre et l’autre au revers à dextre. 

Modification matérielle

Le numéro d’inventaire est inscrit au revers, en bas à dextre, à l’encre noire sur une pellicule isolante. Un H est marqué au graphite dans la partie supérieure du revers. À proximité, deux lignes parallèles sont également tracées au graphite. Il s’agit probablement de repères, le H indiquant le haut du relief.
Le revers, très repris, n’est pas un plan original.
Une couche ocre jaune, assez épaisse, ancienne mais non identifiée, est partiellement conservée. Elle suit étonnamment les veines de la pierre. Elle est visible sur un cliché photographique conservé au Centre de Recherche égyptologique de La Sorbonne, datant des années 1950-1960 et réalisé par Jean Sainte Fare Garnot. À d’autres endroits, la pierre présente des teintes ocrées, qui correspondent probablement à de la terre d’enfouissement.
 

Etat de conservation

Stèle fragmentaire connue grâce à cinq morceaux de calcaire. Trois fragments correspondant au côté dextre sont jointifs, tandis que le côté senestre est composé de deux éclats. Les deux côtés sont séparés par un manque central conséquent. Malgré les lacunes, la stèle est complète aux trois-quarts.
 
La pierre est en bon état de conservation. Aucune altération de l’épiderme n’est observée. La surface est abondamment griffée. Malgré de nombreuses cassures et épaufrures, les chants dextres et senestre sont originaux, comme en attestent les deux bordures constituées d’une moulure convexe taillée en fort relief (2 cm d’épaisseur). Le chant supérieur conserve des restes de la bordure moulurée originale, mais présente des manques très importantes. En revanche, le chant inférieur est tronqué et correspond à une cassure. Le revers, très repris, n’est pas un plan original.
 

Restauration

Interventions antérieures à celle de novembre 2011, avec hypothèse de chronologie basée sur l’histoire des techniques :
 
Le bouchage cherche à donner l’illusion du fragment d’origine. En effet, des éléments (bâton, table d’offrande, jambe) sont gravés en continuité des motifs originaux adjacents et la bordure supérieure est modelée afin de raccorder les restes de bordures anciennes. Ces restitutions illusionnistes peuvent peut-être expliquer la mention « faux » notée dans l’inventaire de Boreux en 1913. 
Les techniques utilisées pour l’assemblage des deux côtés entre eux (goujons ?) ne sont pas connues. Des plots de plâtre blanc, conservé au revers, sont peut-être des restes de bouchage central. Les bordures du plan de collage de deux fragments jointifs à dextre sont colorées. Il s’agit probablement de la diffusion de l’adhésif en périphérie de la zone de collage.
Un relevé très précis du relief, qui figure dans le catalogue de l’exposition « Rodin collectionneur », de 1967-68, montre également la stèle avec ces trois fragments. Le plan de collage des deux fragments jointifs, à dextre, est dessiné. En revanche, la partie lacunaire centrale est laissée vide, sans motif dessiné. Le relevé n’a probablement tenu compte que des fragments originaux et non des restitutions.
 
En 1967, la stèle est restaurée par la maison André. Il est probable que, comme pour de nombreux reliefs égyptiens de la collection, la stèle ait été confiée à la maison André afin qu’un système pour présenter l’œuvre verticalement à l’exposition « Rodin collectionneur », Paris, musée Rodin, 1967-68, soit installé au dos de l’œuvre. 
Suite à cette intervention, l’œuvre ne présente plus le même état. En effet, auparavant composée de trois fragments rassemblés, elle apparaît constituée de cinq fragments réassemblées. L’œuvre a probablement été démantelée et malencontreusement cassée puis rassemblée. Les dommages sont importants : deux cassures supplémentaires, une dans la partie basse du côté dextre et une dans la partie supérieure à senestre ; quelques éclats recollés sur la face ; des petits volumes, en bordure de la cassure centrale, disparus et pour certains descendus. Cette restauration n’étant pas documentée, nous ne connaissons pas le détail de l’intervention. Cependant, les techniques et les matériaux utilisés pour les collages, ainsi que le système de présentation fixé au dos du relief, correspond bien au travail de la Maison André. Les cinq fragments et les petits éclats sont collés au mastic polyester.
Un bouchage en plâtre, largement débordant, sans respect du plan au revers et en retrait sur la face, comble le manque de la partie centrale. Le plâtre est coloré dans la masse. Cependant, sur la face, du plâtre blanc apparaît par endroits. Ce bouchage, conséquent, a probablement été appliqué en plusieurs fois, une couche blanche et des couches colorées. En effet, une masse importante semble d’abord avoir été appliquée au revers pour la mise en place du volume, puis des couches ont été ajoutées sur la face avec des défauts de mélange, expliquant les zones blanches et les variations de teinte. Au revers, la surface du plâtre est recouverte de papier kraft. Le plâtre a probablement été posé encore humide sur ce papier, qui s’est collé au plâtre. Un cadre métallique, permettant une présentation verticale du bas-relief, a été mis en place au revers. Il est réalisé avec une cornière de 2 cm de côté, soudée aux 4 angles. Il est fixé au relief par six tiges filetées faisant officie de boulons, insérées et collées dans la pierre au mastic polyester appliqué en plots généreux et par des écrous. Deux percements dans la cornière du haut permettent l’accrochage du relief. Le cadre est peint en noir.
La technique utilisée pour l’assemblage des deux côtés entre eux n’est pas connue. Cependant, le détecteur de métaux met en évidence quatre éléments métalliques, un dans la partie supérieure, deux dans la partie centrale et un dans la partie inférieure. Il s’agit donc très probablement de quatre tenons. Toutefois, rien ne nous permet de connaître la date de la mise en place de ces tenons. Elle peut dater du premier collage, documenté par la photographie des années 1950-1960, ou bien de l’intervention de la maison André en 1967.
Le relief a été repris à l’outil, comme en témoignent, au revers, des traces de râpe et de ciseau. Quatre morceaux présentent des traces de râpe, passées de manière cohérente, dans le même sens. Les plans sont au même niveau. Le fragment situé en haut à gauche présente des traces de râpe dans sa partie haute. Sa partie basse est, quant à elle, reprise au ciseau et son plan est légèrement plus haut. Rien ne permet de savoir à quel moment ces reprises ont été effectuées. Peut-être sont-elles très anciennes ou au contraire ont-elles été réalisées tardivement, pour fixer le cadre métallique au revers.
 
 
Intervention de Sophie Joigneau et de Marie Louis en novembre 2011 :
 
Le relief est dépoussiéré au pinceau très doux sous aspiration. La face de la stèle est nettoyée à l’aide d’une solution Mora, composé de bicarbonate d’ammonium d’EDTA sel disodique, de tensio-actif et d’eau déminéralisée. La solution est appliquée sur des Kleenex®, en prenant soin de laisser en réserve les zones de bouchage. Un rinçage minutieux est effectué à l’eau claire, après chaque application. Deux applications sont nécessaires. Ponctuellement, des reprises sont réalisées à l’aide de bâtonnets ouatés légèrement humectés d’eau déminéralisée et de poudre abrasive, la poudre de diatomée. Les taches d’adhésif, à proximité des plans de collage, sont éliminées lors du nettoyage. La tache, à dextre de la tranche supérieure, est éliminée mécaniquement au scalpel, sous lunettes grossissantes. Le nettoyage des bordures du bouchage est parfait par photo ablation. Le matériel utilisé est Art Laser (Energy 350 MJ, Fréquence de répétition 30Hz). Au revers, un nettoyage léger est effectué mécaniquement, sous lunettes grossissantes, à l’aide de gommes douces et absorbantes. Les taches d’usage ou accidentelles sont intentionnellement conservées, afin de garder des témoins d’une histoire complexe. Le bouchage en plâtre est nettoyé à la gomme, puis repris aux bâtonnets ouatés et à la poudre de diatomée.
 
Le bouchage largement débordant est abaissé à l’aide de râpe et de rifloir. Un nouveau bouchage est réalisé à l’aide d’un enduit vinylique, le Polyfilla®, teinté dans la masse à l’aide de pigments. Il est volontairement réalisé dans un ton clair, afin qu’il s’efface visiblement au profit des fragments originaux. De petits bouchages sont effectués pour combler les manques au niveau des plans de cassures des petits morceaux recollés.
 
Quelques petites retouches sont réalisées aux pastels secs. La cornière est nettoyée par gommage. Les oxydations sont grattées au scalpel. Un film protecteur de polybutyral de vinyle, le Butvar B69® à 3% dans l’éthanol, est appliqué sur les endroits grattés.
 

 

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