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Ityphallique

Égypte > Provenance inconnue

Basse Époque

[VOIR CHRONOLOGIE]

Calcaire

H.  5,1 CM ; L. 2,2 CM ; P. 9 CM

Co. 2518

Comment

State of preservation

L'œuvre est en bon état de conservation. On observe cependant une cassure sur la partie gauche ainsi qu'un léger empoussièrement. 

Description

Il s’agit d’un personnage nu, accroupi sur une base, jambes repliées sous les cuisses. Il arbore un phallus démesurément long, représenté tendu à l’horizontal. Le dos du personnage est grossièrement dessiné, contrairement à son membre sur lequel toute l’attention est détournée. Un gros éclat, contemporain de son dégagement, mutile et toute la partie gauche de son corps ; la partie antérieure gauche du phallus présente des éclats. Le menton du personnage repose sur un objet indéterminé qu’il enserre avec ses deux bras (un instrument de musique ?). Cet objet repose sur la base du phallus en érection. Visage et crâne sont particulièrement allongés et le sommet de la boîte crânienne est plat. Un très léger sillon en haut du front semble indiquer le début de la chevelure. Les traces indiquant les yeux ont disparues et le nez est grossièrement représenté, en forme triangulaire. Deux traits horizontaux parallèles marquent la bouche. Le personnage a les bras légèrement replié, coudes posés sur le phallus. Le ventre du personnage est parcouru sur le côté droit par une profonde incision prenant la forme d’un losange, indiquant peut-être les replis du ventre. Six gros points de couleur blanche ornent le côté gauche du phallus. Un seul se situe sur le dessus et six autres sur la partie droite du phallus. De même, on compte neuf points blancs de formes irrégulières sur le dos du personnage. On remarque l’absence de testicules. 

 

La figurine Co. 2518 appartient aux figurines ithyphalliques que l’on trouve en Egypte tout au long de la période pharaonique. Les matériaux utilisés sont généralement le bois, la pierre, la terre cuite et parfois la faïence. Les plus anciennes figurines ithyphalliques en calcaire retrouvées à ce jour sont datées de l’Ancien Empire, notamment celles déposées dans le temple de Satet à Assouan. Les sites où furent mis au jour ces figurines sont très souvent associés à des sanctuaires, à l’instar de Deir el-Bahari, Mirgissa, Timna ou le Gebel Zeit. L’essentiel du corpus provient de la période gréco-romaine, époque où leur production s’intensifia. Longtemps mis à l’écart par la communauté savante en raison de leur caractère obscène apparent, ce matériel suscite encore toute une série de questions. Le sexe masculin est un élément bien connu de l’iconographie égyptienne. C’est un des attributs et caractéristiques principaux de nombreuses divinités telles qu’Osiris, Baba, Min, Amon-Rê ou encore Bès. Le phallus d’Osiris joue un rôle crucial dans la version du mythe rapporté par Plutarque qui indique que le dieu, martyrisé par son frère Seth, fut découpé en quatorze morceaux dispersés dans les eaux fluviales, rassemblés ensuite par sa sœur et épouse Isis afin reconstituer le corps de son époux. Dans ce récit, l’unique morceau qu’elle ne put retrouver était le phallus d’Osiris, avalé par le poisson oxhyrinque. La déesse parvint à le reconstituer magiquement afin de permettre la conception de leur fils, Horus. Osiris est une divinité fortement liée à la fertilité du monde végétal. On attribue la crue du Nil à l’écoulement des lymphes, ou rejdouou, du cadavre du dieu. Parmi les Mystères d’Osiris, célébrés au mois de Khoiak, on peut mentionner les « osiris végétant », figurines faites de boue dans lesquelles on faisait germer des plantes, symbolisant la gestation et renaissance du dieu. Osiris est une divinité masculine de la fertilité et de la terre. La terre est d’ailleurs un élément masculin dans l’univers égyptien, incarné par le dieu Geb. Min est une autre divinité masculine vouée au maintien de  la fertilité. Très ancienne divinité représentée quasi systématiquement de façon momiforme, il arbore invariablement un phallus en érection. Le dieu babouin Baba, dont l’aspect phallique est mis en valeur dès la rédaction des Textes des Pyramides, est également le garant de la fertilité humaine et animale. Bès, le nain d’aspect grotesque est également une personnalité divine étroitement liée à la fertilité sous toutes ses formes. A cette courte liste, on pourrait ajouter les noms d’autres dieux tels qu’Amon-Rê ou Rê. Procréation et  naissance étant autant l’apanage des divinités masculines que féminines, il est tentant d’associer ce type de figurines masculines épanouies et prêtes à donner la vie à  celles des figurines féminines appelées à tort « concubines du mort », prêtes à accueillir la vie. On remarque que certaines des divinités représentées ithyphalliques comme Min ou encore Bès sont étroitement associées à Hathor, déesse, entre autre, de la fertilité et de la fécondité. Ainsi, Min de Koptos est-il adoré en partenariat avec Hathor au Gebel Zeit, par exemple. Ce duo divin personnifie le pouvoir créateur par l’association des éléments masculins et féminins. G. Pinch évoque l’hypothèse qu’il était possible d’offrir des offrandes similaires à l’une comme à l’autre divinité (PINCH 1986, p.239). Bès, qui est également associé à Hathor sans pour autant en être son égal à l’instar de Min, reçoit de toute évidence des figurines ithyphalliques en offrandes et ce dès l’époque ptolémaïque au moins, notamment dans ses sanctuaires à Saqqarah. Hathor, dont uns des noms est « La Dame de la Vulve », est célébrée lors des festivals ayant lieu à Edfou. Au cours de l’un deux, elle est présentée avec le phallus de Rê-Atum. Selon la cosmogonie égyptienne, c’est en effet par la masturbation que le démiurge engendra les autres divinités. Hathor est parfois identifié à la main du dieu qui a permis la masturbation créatrice ou même à son sperme. L’offrande de phallus votifs à la déesse en cette occasion permettait peut-être donc de revivre cette union originelle. L’exhibition du sexe masculin était peut-être aussi l’équivalent de l’anasyrma, ce geste consistant à dévoiler son sexe, qu’Hathor avait exécuté afin de sortir le dieu Rê de sa bouderie. Le phallus, symbole évident de fécondité et de fertilité, peut faire office d’offrandes à plusieurs divinités, notamment à Hathor et ils ont été retrouvés en nombre conséquent dans des sanctuaires dédiés à Hathor, notamment à Deir el-Bahari. Pour autant, la vocation exacte de ce type d’objet reste quelque peu vague. Un seul phallus inscrit est connu à ce jour, dédié par le scribe Ramose à Hathor. Il date du Nouvel Empire et a été retrouvé à Deir el-Medineh. L’inscription est difficile à interpréter, s’agit-il d’une supplication pour avoir des enfants ou bien pour être régénéré au sein du temple ? Un autre phallus en stéatite, de provenance inconnue, porte le cartouche de Thoutmosis III (Conservé au musée national d’histoire et d’art du Luxembourg (Inv. N° 2012-025/0004). Il est d’une longueur de 10,65 cm . et d’un diamètre de 1,95 cm. En contexte égyptien, le phallus humain est non seulement associé à la fertilité humaine mais également au monde végétal et animal. La figurine Co. 2510 est donc à considérer soit comme un objet apotropaïque, soit comme un objet rituel destiné à favoriser l’union de la déesse Hathor au principe masculine et permettant ainsi la régénération permanente des éléments.

La figurine Co.2518 s’inscrit donc dans cette longue tradition égyptienne des erotica. Comme ce n’est pas seulement un phallus qui est représenté, mais  un personnage tout entier, il s'agirait plutôt d'un ex-voto qu'un objet rituel. On observe que le personnage, outre qu’il est dépourvu de vêtement et de bijoux, est également dépourvu d’autres attributs particuliers, ce qui est une constante sur ce type de figurines. Contrairement à plusieurs figurines ithyphalliques, et en dépit de la mauvaise conservation des traits du visage, il semble que la figurine Co. 2518 représente bien les traits d’un homme et non d’un singe à l’instar des figurines Co. 2510 et Co. 2858. De même, la polychromie de la figurine Co. 2518 diffère de celles des deux autres figurines de la collection tant au niveau des teintes que de la décoration qui en est faite. Ici, ce sont des pigments blancs et non les pigments ocre habituels que l’on retrouve sur l’ensemble de plusieurs figurines. La figurine Co. 2510, comme chacune des figurines ithyphalliques conservées au musée Rodin possède sa propre spécificité iconographique : il s’agit de l’objet que le personnage tient dans ses bras et qui se trouve sur le phallus. Il pourrait s’agir d’une harpe, instrument de musique étroitement associé aux représentations érotiques en Egypte et que l’on retrouve en d’autres figurines ithyphalliques. Un exemple de ce genre d’iconographie est conservé dans la collection égyptologique de l’Université de Strasbourg sous le numéro d’inventaire IES_NI_666 , ou encore celle du British Museum conservée sous le numéro d’inventaire 1965,0930.934 . La musique est également liée à la déesse Hathor, dont le son du sistre apaise la déesse. Cet élément musical renforce donc la symbolique générale de la figurine.

La collection égyptienne du musée Rodin possède deux autres figurines ithyphalliques conservées sous les numéros d’inventaire Co. 2510 et Co. 2358.

Inscription

Anépigraphe.

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