Harpocrate au pot

ÉGYPTE < provenance inconnue
Époque impériale
TERRE CUITE 
H : 8,3 cm ; L : 4,5 cm ; P : 2,6 cm
CO. 6126

Comment

State of preservation

Incomplet. Pièce brisée en diagonale de la droite du visage au bras gauche, en-dessous du pot. La main gauche est lacunaire.

Description

Le personnage est représenté de face, plongeant sa main droite à peine conservé dans un pot dont il ne reste que la lèvre. Il porte la mèche de l’enfance à droite, une épaisse couronne alvéolée entourée d’un ruban dont une extrémité retombe sur l’épaule gauche. Cette couronne est surmontée d’un disque solaire décoré d’une fleur à 9 pétales et de rayons incisés et encadré de deux cornes et oreilles de taureau.

L’attitude et la mèche de l’enfance permettent de reconnaitre le dieu Harpocrate. « Horus l’enfant »,  est une divinité de la sphère osiriaque, fils d’Isis et d’Osiris. Très populaire à partir de l’époque ptolémaïque, il intègre le panthéon grec comme fils d’Isis et de Sérapis, quittant ainsi la sphère d’Osiris. Bien que « synnaos theos », c’est-à-dire qu’il partage l’espace sacré du temple d’Isis et/ou Sérapis, il connait une popularité croissante, dont témoigne l’important nombre d’images du dieu, en particulier dans la sphère alexandrine. Celles-ci proviennent majoritairement des nécropoles orientales d’Alexandrie. Néanmoins, d’autres lieux ont livré du matériel coroplathique représentant le dieu enfant, comme le Fayoum, Athribis, Touna en Moyenne-Égypte, ou encore quelques exemplaires découvert à Coptos par exemple. La répartition de ces représentations n’est pas homogène : elles sont presque absentes du Delta égyptien par exemple. En revanche, la popularité croissante d’Harpocrate permet l’exportation de son iconographie en dehors d’Égypte, à Délos, Myrina ou Tarse entre autres. Il a été proposé que la fondation, sous le règne de Ptolémée IV Philopatôr (222-204 av. J.-C.), d’un sanctuaire à Harpocrate au sein du temple de Sérapis à Alexandrie ait pu influer, en tant qu’acte officiel, sur l’image d’un Harpocrate hellénisé (Ballet 1998, p. 220).

Ces représentation constituent des témoins de l’intégration d’un dieu égyptien, qui garde plusieurs de ses attributs d’origine, dans le panthéon hellène. C’est le cas de la tête Co. 6126, qui représente Harpocrate affublé de la mèche de l’enfance, un de ses attributs habituels. Cette figurine en propose néanmoins une version hellénisée, la couronne de fleurs tenant davantage de l’iconographie grecque et le visage, bien que de réalisation médiocre, relevant du style grec, par le haut front, les grands yeux arrondis entre des paupières épaisses, les joues pleines et les lèvres lippues. Enfin, la combinaison d’attributs, ici la superposition de la couronne de fleur avec les cornes de taureau et le disque solaire, relève davantage de l’époque impériale à laquelle on constate une véritable débauche d’attributs notamment à hauteur des coiffures. Ce dernier élément permet de proposer une datation entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIIe siècle apr. J.-C. pour la figurine Co. 2641. Il est cependant difficile de se montrer plus précis.

Les cornes et les oreilles de taureau associées au disque solaire sont des attributs de la déesse Hathor. L’adjonction d’attributs d’autres divinités, égyptiennes ou grecques, sur les représentations d’Harpocrate aux époques hellénistiques et impériales sont fréquentes. La multiplication d’attributs sur une seule et même image avait pour effet d’augmenter la puissance du jeune dieu. L’autre attribut visible sur cette figurine est le pot que tient Harpocrate contre son flanc gauche, dont seule la lèvre est conservée, et dans lequel il plonge sa main. Si les vertus fertiles d’Harpocrate sont le plus souvent mises en exergue par une corne d’abondance, cette dernière a parfois été substituée à un pot. Michel Malaise identifie deux groupes principaux d’Harpocrate au pot : Harpocrate, le pot posé à côté de lui (Co. 2503) ; Harpocrate tenant le pot contre le flanc gauche, dans lequel il plonge la main droite afin d’en saisir le contenu comme ici, ou la main devant la bouche pour en manger le contenu (Co. 6019). La substance qu’Harpocrate puise dans ce récipient serait, d’après Michel Malaise, l’athèra, une bouillie réalisée à base de farine, dont les prêtres d’Harpocrate s’enduisaient le visage. Cette bouillie était distribuée au fidèles et servait à nourrir les enfants ou comme remède aux adultes. Ainsi, le pot, comme la corne d’abondance, constitue le symbole de la force nourricière d’Harpocrate, en particulier vis-à-vis des enfants.

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